Chapitre 10: La ferme

1K 64 1
                                    

Joseph Bines avait fouillé de fond en comble le chemin d'où ils venaient, mais le corps de Anne n'était nulle part.

Il y avait plusieurs scénarios possibles qui se bousculaient dans sa tête. Le premier, Anne était morte. Le second, quelqu'un avait trouvé Anne. Le troisième possible, Anne s'était réfugiée quelque part, non loin, ou bien était retournée en ville et racontait en ce moment-même ce qu'il s'était passé cette nuit.

Si elle parvenait à tout raconter avant qu'il mette en action son plan B, il n'aurait pas d'autre choix que de quitter la ville plus tôt que prévu. Il devait se dépêcher s'il voulait récupérer quelque chose qu'il avait volé, dans tout ce bazar de chariot. Il pouvait toujours récupérer le butin, mais depuis que le chariot était dans un état aussi déplorable, il avait besoin de trouver un autre moyen de tout transporter. La meilleure chose à faire serait de trouver une maison, la plus proche, qui aurait si possible un poney ou un cheval pour tirer une charrette.

Peut-être une ferme.

Joseph s'assit sur la route, son couteau rangé dans sa ceinture, caché par son manteau.

...

Joseph marchait depuis un bon bout de temps, de fines gouttelettes lui tombant sur le visage.

Ses chaussures étaient toutes pleines de boue et il commençait à fatiguer sérieusement. Il était en colère que son plan se soit écroulé, et remit toute la faute sur l'insupportable fille, Anne. Il réfléchissait à ce qu'il pouvait lui faire pour se venger. S'il lui faisait quelque chose de vraiment sérieux, d'horrible; elle ferait en sorte qu'il soit détestable aux yeux de tous, ensuite. Mais un petit harcèlement psychologique la rendrait facilement folle auprès des autres. Il pourrait la rendre cinglée, folle, et alors personne ne voudrait croire un seul mot de ce qu'elle voudrait dire.

Ce serait une bonne idée.

Il finit par apercevoir une lumière au loin, et reconnu qu'il s'agissait d'une ferme. Sa main vint automatiquement se poser sur son couteau, s'assurant qu'il était bien à sa place. C'était important que personne ne voit la lame, c'était une trop grande preuve contre lui.

Joseph rampa puis se glissa  à l'intérieur de la grange. Il ratissa d'un regard le lieu mais ne trouva aucune charrette. Il y avait trois chevaux, et un poney de traie.

La nuit allait être longue.

Il aurait juste voulu voler un chariot et un cheval, mais il pensa soudainement que c'était très probable que Anne soit venue se réfugier dans cette ferme. Si c'était la première maison qu'il avait trouvée sur son chemin, c'était surement aussi le cas pour cette fille. Il se déplaça alors doucement vers une fenêtre pour regarder à travers, si elle s'y trouvait. 

Il n'y avait personne au rez-de-chaussée, et les rideaux étaient tirés sur trois des fenêtres à l'étage. Il y avait une petite fenêtre dans la cuisine par laquelle il regarda, avec grande prudence. Il vit une femme, ayant l'air gentil et maternel, qui récurait le sang incrusté dans la grande table en bois de la cuisine. Sur le sol se trouvait un tas de vêtements imbibés de sang, et un châle. C'était celui de Anne. Elle était ici!

Joseph grimpa comme il put pour atteindre la fenêtre de l'étage qu'il avait repérée. C'était la seule fenêtre de l'étage où les rideaux n'étaient pas tirés. Bien sûr, il y trouverait Anne dans un lit douillet! Juste avant d'essayer de casser le verrou de la fenêtre pour entrer, il vit une jeune fille à la chevelure brune et sombre endormie sur une chaise. Il s'arrêta net. Ensuite, il vit un garçon d'à peu près son âge, assis par terre, à côté du lit. Le garçon avait l'air désespérément fatigué mais il restait tout de même éveillé, observateur, déterminé. 

Il surveillait Anne, il la protégeait.

Joseph glissa en bas par la poutre et maudit sa respiration haletante. Maintenant que Anne était entourée de ses amis, il n'y avait aucune chance de la prendre. Il devait attendre qu'elle se retrouve seule... Dès qu'elle le sera, il devrait agir discrètement. 

...

Diana se réveilla tôt le lendemain matin et inspecta rapidement son amie. Sa respiration était régulière. Elle était pâle, mais c'était normal, elle avait perdu beaucoup de sang. Elle descendit donc pour prendre l'air, et trouva Mme Tilderly assise, en train de prendre son petit déjeuner. 

"Bonjour." dit Diana.

"Bonjour, jeune fille." lui répondit la femme. "Tu as faim?"

Diana acquiesça. Mme Tilderly lui servit du porridge avec du pain et un verre d'eau. Elles mangèrent en silence pendant un petit moment avant que Mme Tilderly ne parle.

"As-tu le genre de parents qui se font du soucis pour toi, en ce moment?"

"Oui." admit Diana.

Diana ne dit pas dans quel état elle s'imaginait qu'ils se trouvaient actuellement. Ils devaient en être malades, maintenant qu'ils avaient dû trouver son lit vide. Elle se sentit terriblement coupable et savait qu'elle devrait se dépêcher de rentrer chez elle aussi tôt qu'elle le pourrait.

"Tu devrais rentrer chez toi dès ce matin."  conseilla la femme. "C'est peu probable que le jeune homme laisse la petite Anne toute seule, surtout dans ces conditions-là. Mais tu as l'air d'être du genre à vivre dans une famille qui appelle un enquêteur de la ville pour te retrouver."

"Que voulez-vous dire?" demanda Diana.

"Tu sembles aisée, c'est ce que je voulais dire..." dit-elle. "D'une classe plus haute que la nôtre."

"Bon, je suppose que vous avez raison. Mes parents sont M. et Mme Barry." Diana soupira.

"Bonté divine!" Mme Tolderly semblait inquiète. "Aussi tôt que Tom aura fini de vider les poulets, je lui dirai de te ramener en ville. Tu auras beaucoup d'explications à donner, aujourd'hui."

Diana vit alors la réalité de la situation. Il y avait surement un scénario affreux à trouver, en premier lieu. Diana n'était pas habituée à être impliquée dans une telle histoire. En temps normal, elle n'aurait jamais eu le courage de faire quelque chose d'aussi excitant et dangereux pour sauver son amie d'une situation aussi atroce. Elle ne savait pas comment des gens comme Anne faisaient pour toujours s'en sortir après avoir vécu ce type d'événement.

Elle allait avoir de gros problèmes.



Hey! Et voici le chapitre 10, après ce petit moment d'attente inhabituel.

Étant donné que pour les premiers chapitres j'en publiais un par jour, je me dois de vous dire que ce ne sera désormais plus le cas, enfin je ne pense pas. Je traduis que lorsque j'en ai le temps et l'envie, je rappelle. Et je pense avoir de moins en moins de temps...

En tout cas j'espère que vous avez aimé celui-ci!

Laisse un comm (et un petit vote!)

A très vite!

-AnaFictions. :)


-->

Home to Avonlea (trad. française)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant