Home to Avonlea (trad. française)

Chapitre 2: L'ange

Anne Shirley Cuthbert était fatiguée.

Elle avait travaillé de longues heures à la librairie, en ville. Elle n'avait pas gagné beaucoup d'argent, mais cela aidait quand même le foyer, et c'est ce qui importait. Elle travaillait dur afin de contribuer aux dettes qu'ils avaient envers la banque. Anne, à l'origine, avait dit à Marilla qu'elle ne travaillerait que trois jours par semaine seulement, et qu'elle passerait donc deux jours à l'école. Mais bien vite, elle arrêta d'aller à l'école pour se consacrer à la librairie.

Supporter sa famille dans cette période difficile était la chose la plus importante pour Anne.

Anne manqua l'école de nombreuses fois, mais en dépit du fait qu'elle ne voyait pas beaucoup d'amis, elle trouvait toujours de nouveaux sujets à apprendre dans des livres.
Il manquait de challenges pour faire travailler ses méninges. La librairie était superbe pour avoir des livres gratuits pour « alimenter » son imagination, mais la plupart du temps, elle était trop fatiguée pour lire tous ces livres.
Plus que tout, Diana Barry, sa meilleure amie, lui manquait. Anne voyait Diana les week-ends, et parfois celle-ci lui apportait les cours qu'elle avait manqués, pour qu'elle réduise son retard scolaire. Anne n'était pas allée à l'école depuis un an, elle était donc très en retard par rapport aux autres.

Ces temps-ci, elle ne se sentait pas bien. Elle désirait désespérément aider sa famille, mais c'est comme si leurs dettes ne pourraient jamais être payées. La banque ajoutait toujours des intérêts, et cela était désespérant.

Un frais matin de printemps, le temps était nuageux et gris. Anne se sentit lourde, avait comme un poids dans son cœur. Elle n'avait pas assez d'énergie pour ranger des livres dans les étagères comme sa patronne lui avait demandé. Seule son imagination était capable de la sortir de son humeur maussade, d'être en forme face au ciel gris et à la misère.
Anne appelait cela les profondeurs du désespoir.

La porte s'ouvrit en claquant, laissant entrer un garçon, grand, d'à peu près le même âge qu'elle avec une tête ornée de boucles dorées et de yeux brillants. Anne pensa spontanément qu'il s'agissait d'un ange venu d'une peinture.
Elle arrangea en vitesse ses cheveux pour avoir l'air propre sur elle face à lui.
« Bonjour, bienvenue à la librairie d'Avonlea. N'hésite pas à demander de l'aide ou quoi que ce soit si tu as besoin d'aide. » Elle rembobina ce qu'elle venait de dire, mais son esprit ne suivait pas ses mots.

Anne était en train de se dire qu'elle n'avait jamais vu ce garçon auparavant en ville, alors qu'elle connaissait presque tout le monde à Avonlea, même si ce n'est que de vue. Il devait être nouveau ici. Peut-être qu'il venait de très loin. D'un autre pays? Peut-être qu'il avait entendu parlé du bon bol d'air frais qu'on pouvait prendre en venant sur l'Ile du Prince Edward et qu'il fallait qu'il voit ce que cela faisait, simplement.

L'imagination d'Anne se mit à brûler d'excitation pour la première fois depuis longtemps, ce qui la fit tout de suite espérer que le passé du jeune homme soit incroyable, pimenté.

« Hum, auriez-vous un Dickens? Il ne semble avoir aucun de ses volumes ici... » demanda doucement le garçon angélique.

Ses grands yeux bleus vinrent percer ceux de Anne, puis celle-ci sentit un sentiment peu familier se loger sur ses joues.

Elle dissipa ce sentiment rapidement pour mieux se concentrer. Ce garçon était vraiment beau mais elle ne pouvait pas savoir s'il avait quelque chose dans la tête. Elle aimait l'intelligence chez un garçon. C'était ce qu'il y avait de plus important, selon elle... Elle voulait donc vraiment savoir si ce garçon en avait dans les méninges.

« A droite. » dit-elle, se promenant dans la troisième allée, au milieu des romans. Elle avait à peu près mémorisé tous les titres des livres présents dans la boutique. « Alors, tu aimes lire? Personnellement, j'adore vraiment cela. Les livres procurent de grandes sources d'inspiration pour notre imagination, tu ne trouves pas? »