Chapitre 11: Sale caractère

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Anne se réveilla peu après que Diana soit partie. Il faisait encore sombre dans la chambre, mais le soleil commençait à traverser les rideaux.

Elle avait fait un rêve étrange, où elle se trouvait dans une barque blanche, sur un lac immense, et il faisait sombre. Elle s'éloignait de plus en plus du rivage, mais sentait la sensation bizarre qu'elle n'aurait pas dû quitter la terre ferme. Il y avait un silence pur, car tout ce qu'elle pouvait entendre était le bruit de l'eau qui remuait sous le bateau.
Elle sentit une pression dans son cœur comme pour l'inciter à regarder derrière son épaule. Il y avait quelqu'un debout sur le sol, là d'où venait le bateau. Mais cette personne était trop loin, on aurait dit une ombre. C'était difficile de distinguer son visage. Alors, une brume noire vint la cacher.

Qui était-ce?

Anne ressentit l'envie de la rejoindre. La forme s'avança lentement vers le lac, plus près, comme pour lui dire au revoir, c'était étrange. Ensuite, la panique vint inonder tout son corps. Anne fut soudain piégée, elle ne pouvait plus revenir sur le rivage. Le bateau ne faisait que l'emmener plus loin de la terre ferme encore. Elle voulu désespérément crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche.
Tout se bouscula.
Elle devait donc nager. Alors elle plongea dans le lac, oubliant qu'elle n'était pas une bonne nageuse.

L'eau tira sa lourde jupe vers le fond, comme si elle l'empoignait fermement. Tout ce qu'elle pouvait voir était cette eau sombre et infinie du lac. Sa brillante chevelure rousse se retrouvait éparpillée tout autour de son visage, comme des flammes. Elle était en train de se noyer. Il était impossible de revenir à la surface, l'attraction était trop puissante. Anne ouvrit sa bouche, puis cria.

Elle s'assit brusquement, pleine de sueur et toute haletante, cherchant de l'air pour ses poumons et agrippant les draps fermement, de ses poings serrés. Elle était réveillée.

La première chose qu'elle sentit fut une tension, une vive douleur sur son côté droit, et une forte pression sur sa blessure. La première chose qu'elle pensa fut où suis-je? Mais elle se rappela soudainement la nuit précédente.

Joseph, la poursuite à cheval, le crash, le couteau, avoir été seule et perdue... s'être évanouie. Elle voulu regarder sa blessure et vit que quelqu'un avait changé ses vêtements, et sentit un bandage serré autour de son ventre. Qui avait fait cela? Et si un des cavaliers l'avait trouvée, ou bien Joseph? Ils auraient pu panser sa blessure pour la garder en vie assez longtemps dans l'unique but de la torturer plus tard, ou bien de la tuer eux-mêmes!

Anne paniqua, son imagination créant les scénarios les plus atroces. Elle essaya de se lever, mais la douleur réapparut, plus forte, la faisant gémir. Elle devait partir d'ici!

« Woah! Stop! » se fit entendre une voix.

Des mains vinrent alors se placer sur les épaules de Anne pour la calmer, mais elle cria, effrayée. Elle repoussa ces mains, les tapa pour s'en débarrasser, mais celles-ci ne firent que d'autant plus s'accrocher autour de ses bras frêles.

« Oh! C'est moi! Anne, c'est moi! »

« Ne me touchez pas! » cria-t-elle avant de tomber du lit.

Une vague d'émotions mélangées envahirent son corps, et elle heurta brusquement le sol. Elle eut terriblement mal.

« Anne! »

Gilbert se précipita vers elle en une seconde, lui offrant ses mains pour l'aider à se relever. Anne parut soudain bouleversée, confuse, et désorientée. Elle n'avait pas encore bien récupéré du traumatisme, et tout le sang qu'elle avait perdu la nuit d'avant, et la peur, et la panique dûe à son cauchemar.

Home to Avonlea (trad. française)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant