Chapitre 7: Tout gâché

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Anne faisait son chemin depuis ce qu'il semblait être une heure, maintenant. Elle arriva à un carrefour. De quelle direction venaient-ils? S'il y avait du soleil, au levé comme au couché, elle aurait surement été capable de retrouver son chemin, et même de rentrer aux Pignons Verts. Cependant, Anne avait certaines compétences utiles à la survie, étant donné son passé d'orpheline. C'était toujours utile...

Anne contempla la voie lactée, la lune, mais avec résignation. La lune semblait briller d'un air désolé, comme si elle voulait dire à Anne la bonne direction à prendre, mais que c'était impossible. Si seulement j'étais la lune, pensa Anne. Je serai capable de retrouver mon chemin depuis le ciel.

Anne ferma ses yeux et tourna lentement sur elle-même, le doigt pointé devant elle, décidant son chemin, de son destin. Elle grimaçait en tournant, son autre main étreignant sa blessure. C'était chaud et encore humide, et toujours douloureux.

Anne s'arrêta net et ouvrit les yeux, pour ensuite suivre du regard son doigt et la direction qu'il désignait. Il n'y a plus qu'à espérer que ce soit la lune qui ait guidé ma main, ou bien je suis perdue. Anne ne savait pas combien de temps encore elle pouvait tenir. A chacun de ses pas, elle se sentait plus vertigineuse. Elle ne tiendrait plus très longtemps.

...

"Gilbert, et si elle n'avait rien à voir avec le chariot? Cela pourrait être juste une coïncidence..." suggéra Diana. "Anne aurait bien pu passer ici avant que l'accident de chariot n'arrive."

Gilbert était perturbé depuis qu'il avait vu les débris, le cœur battant. Son esprit trop troublé ne lui permettait pas de penser clairement, et empêchait de réfléchir à l'endroit où Anne pouvait être. Il savait qu'il était tout de même possible qu'elle soit saine et sauve. Il avait besoin de le penser pour pouvoir rester fort et se concentrer sur la recherche de Anne. Il espérait qu'elle ne soit pas concernée par cet accident de chariot. Tout ce qu'ils avaient imaginé plus tôt n'était que théorique, après tout.

« Gilbert, nous devrions y aller. On peut toujours la rattraper. » dit Diana.

Gilbert souleva le drap de la charrette et découvrit une grande éclaboussure de sang frais sur une planche de bois, qui le rendit aussitôt malade. D'habitude, le sang ne lui donnait pas la nausée mais la pensée que ce soit celui de Anne le fit se sentir très mal.

« Diana. » dit-il, la voix commençant à s'enrouer.

Diana le rejoint, et son visage se rempli instantanément d'effroi. Elle hésita avant de dire, « C'est peu probable que ce soit celui de Anne . », dans un murmure.

« Ça l'est peut-être. » dit-il. « Regarde. »

Gilbert ramassa un bout de tissu. Il pinça ses lèvres alors qu'il l'examinait. Il le tendit à Diana sans dire un mot. Cette fois-ci, il n'y avait plus aucun doute.

« Oh. » Diana vit le tissu et l'expression de son visage confirma ce que Gilbert pensa.

La tissu venait de la jupe de Anne, trempé de son sang. La matière était en coton épais, de couleur marron, comme Anne avait l'habitude de porter. La matière était unie et terne. Gilbert chercha le regard de Diana, attendant silencieusement des réponses de sa part.

« On devrait faire demi tour, Gil. On a besoin d'aide. »

Il secoua sa tête.

« Et si quelque chose lui était arrivé? » la voix de Gilbert, sous le choc, était faible, ce qui n'était pas familier de sa part. « Elle est peut-être en danger. »

Diana observa le garçon et réalisa qu'il tenait à Anne bien plus qu'il ne le laissait paraître. Elle savait déjà que la rivalité entre lui et Anne cachait une envie secret d'être amis, une admiration de la part de chacun pour l'intelligence de l'autre. Mais elle ne s'était jamais imaginé que Gilbert Blythe soit épris, amoureux de la fille qu'il avait appelée Carrotte le premier jour d'école.

« Elle a besoin de nous, Diana. » lui dit-il.

« Okay. » capitula Diana. « On va continuer à chercher. Mais honnêtement, je pense que nous devrions revenir sur nos pas. Si Anne était blessée, elle voudrait sûrement retourner en ville pour trouver un médecin. »

« Il y a beaucoup de sang, elle est certainement très blessée. » marmonnât Gilbert. « On devrait réussir à la rattraper. Si c'est entièrement celui de Anne, elle n'est sûrement pas allée loin. »

Diana acquiesça et remonta à cheval. Gilbert se mit devant, il était le meilleur cavalier d'entre eux, étant donné qu'il avait aidé son père à la ferme, autrefois. Il jeta un dernier regard au chariot, avant de diriger Coal sur la route.

...

Joseph Bines était en colère.

La nuit ne s'était pas déroulée comme dans son plan, et maintenant il était dans un sacré pétrin. Cette satanée Anne avait saboté son cambriolage, elle avait tout gâché. Il avait été jeté hors du chariot après que celui-ci se soit craché et ait atterri dans la forêt. Son bras avait été ouvert, mais il avait déchiré son tee shirt pour en faire un bandage, puis inspecté l'accident. La fille, Anne, était en vie, perdant peu à peu du sang, coupé sur le côté droit. Un des cavaliers avait jeté un couteau. Joseph ne s'était pas attendu à cela.

Joseph avait beaucoup sous-estimé cet événement.

Il avait pensé que Anne serait la parfaite voleuse. Elle était prête à aider un parfait étranger après l'avoir vu qu'une seule fois. Elle avait énormément d'imagination, était « perchée » et croyait facilement aux mensonges. Elle était orpheline, et vivait donc avec tous les stéréotypes qui allaient avec son statut, c'est-à-dire un voleuse, une friponne, une criminelle.

Mais Joseph Bines abandonna le plan. Il avait volé le chariot et cachait maintenant le fric.
Quand la police sera au courant du braquage, il n'aura qu'à tout nier. Anne sera tenue comme responsable, elle essaiera de dire la vérité, mais sera vue par la police comme une menteuse qui essaye de couvrir ses actes.
Aussitôt que l'affaire sera classée, Joseph quittera la ville avec le pognon pour aller ailleurs, pour un prochain braquage. Il faisait cela depuis déjà un bon bout de temps et savait ce qu'il faisait.
Peut-être que c'est finalement la raison pour laquelle il était si en colère, en ce moment, qu'une gamine de 14 ans ait ruiné ses plans.

Il parcourait les bois pour trouver les deux cavaliers, avant d'aller réveiller Anne. Il avait prévu de l'avertir de ne pas tout rapporter à la police.

Mais Anne était partie. Il y avait juste beaucoup de sang étalé ici et là dans les bois. Joseph cria à pleins poumons, frustré et énervé. Ce n'était pas prévu! Il frappa les débris, leur donna des coups de pieds, les fracassa, incontrôlable. Il aperçut quelque chose de brillant, argenté, dans le chariot. C'était un couteau... il le prit avec lenteur, et sourit.

Il allait retrouver la fille et prendre sa revanche. Elle n'oserait jamais tout cafter après ce qu'il allait lui faire.

C'est avec cette envie de vengeance que s'achève ce septième chapitre...
Je voulais sincèrement vous remercier, on est bientôt à 500 vues, ça m'encourage beaucoup! Merci, merci, et encore merci à celles et ceux qui suivent l'évolution de cette traduction, qui votent, qui commentent!
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-AnaFictions. :)

—> cuthbert_blythe

Home to Avonlea (trad. française)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant