Geneviève souffla sur les flammes des petites bougies qui flottaient sur l'eau d'une vasque en verre. D'un air mi-désolé, mi-irrité, elle regarda la table qu'elle avait minutieusement préparée. Elle effleura du bout des doigts les orchidées qui ornaient la composition florale du centre de table qu'elle avait joliment agencée.
Pourtant, il lui avait bien dit qu'il rentrerait tôt ce soir...
Elle s'était ridiculisée. Pourquoi avait-elle cru que cette soirée devrait être différente des autres ?
Elle entra dans la cuisine et arrêta le four. De toute façon, le poulet devait être plus que desséché maintenant. Elle retira le plat du four, et le posa sur le plan de travail avant de rageusement jeter le gant de protection à côté. Les petites pommes de terre, les carottes, ainsi que la volaille étaient en effet, plus que sèches. Suprême effort de sa part, apparemment inutile, avec un livre de recettes sous les yeux, elle avait passé des heures à cuisiner...
William avait presque trois heures de retard.
Il n'avait même pas pris la peine de l'en avertir, pensa-t-elle en sentant sa gorge se serrer et des larmes perler à ses cils.
Elle n'allait quand même pas pleurer pour quelque chose d'aussi stupide ! Sans aucun doute, William avait été retenu au dernier moment et n'avait pu l'avertir, voulut-elle se persuader. Mais une petite voix en elle lui susurrait inlassablement qu'elle cherchait tout simplement à se leurrer elle-même. Ce matin même, elle avait bien vu qu'il avait paru troublé lorsqu'elle lui avait rappelé que cela faisait trois mois qu'ils vivaient ensemble.
Quelle idée lumineuse elle avait eue ! pensa-t-elle ironiquement.
Elle avait été stupide, sans aucun doute. Cette situation était plus que ridicule, mais au moins, elle savait à présent à quoi s'en tenir avec lui. Jamais il n'envisagerait quoi que ce soit de sérieux avec elle. C'était maintenant clair.
Elle ne devrait pourtant pas lui en vouloir, il ne lui avait jamais rien promis, lui soufflait sa raison. Cependant en même temps qu'elle souffrait, elle ne pouvait s'empêcher de furieusement lui en vouloir.
D'un pas agité, elle sortit de la cuisine, et une fois dans la salle à manger, rangea tout. Elle ne laissa aucune trace du dîner romantique qu'elle avait prévu. Après avoir éteint toutes les lumières, elle se dirigea vers sa chambre. Elle ôta la jolie robe qu'elle avait passée pour l'occasion. Cette robe, il la lui avait offerte aux tout premiers temps de leur liaison. Entrant ensuite dans la salle de bain, elle fit couler l'eau dans la baignoire à pattes de lion. D'un œil critique, elle regarda son reflet dans le miroir.
Pourquoi avait-il fallu qu'elle tombe amoureuse de cet homme ? se demanda-t-elle pour la centième fois au moins.
D'un geste nerveux, elle prit une pince et noua ses boucles sur le sommet de son crâne, avant de se plonger dans l'eau mousseuse du bain...
Elle y resta près d'une heure. Quand enfin, elle se sentit calme, elle en sortit. Après s'être longuement et soigneusement appliqué une crème hydratante, elle enfila une petite nuisette couleur vert d'eau.
Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle eut l'impression que son cœur faisait une embardée dans sa poitrine, et elle stoppa net dans l'encadrement.
— Bonsoir, Sweety, murmura William de sa voix chaude et grave.
Il était dans son lit, assis le dos calé contre la tête du lit, entièrement nu sous le drap qui recouvrait à peine ses hanches. Il était bien évidemment superbe et sexy en diable, surtout avec ce sourire dévastateur.
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Un si long silence : Destins croisés 2
RomanceGeneviève croyait ne plus jamais revoir William. Quelques années auparavant, elle l'avait fui. Et suite à leur brève et douloureuse liaison, elle avait dû, pas à pas, se reconstruire. Mais William, toujours aussi séduisant et arrogant qu'autrefois...