Chapitre 9

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La matinée était bien avancée, lorsqu'ils arrivèrent dans le penthouse de William, qui fit faire rapidement le tour du propriétaire à Geneviève.

Bien qu'habituée à une certaine forme de luxe, puisqu'ayant passé toute sa vie dans la propriété séculaire d'Alain de Laperousse, et ayant évolué dans le cercle des riches familles qu'il côtoyait, Geneviève fut malgré tout un peu impressionnée par le standing de l'appartement.

Situé au dernier étage d'un immeuble dans le nouveau quartier d'affaire de l'East End, immense, il était composé entre autres, d'une large terrasse, d'un vaste salon-salle à manger, d'une cuisine ultramoderne, ainsi que d'une mini-salle de sport.

Décoré avec luxe et esthétisme, de meubles modernes, où le blanc et le métal dominaient, Geneviève le trouva cependant vraiment trop impersonnel, et manquant terriblement de chaleur. Elle se sentit quelque peu mal à l'aise dans cet environnement.

Même certaines photos dans les magazines de décoration pouvaient laisser entrevoir plus de confort et de chaleur, et surtout un peu plus de la personnalité de son propriétaire, pensa-t-elle.

Que faisait-elle chez cet homme qu'elle ne connaissait même pas il y a deux jours, et qui plus est, à des milliers de kilomètres de l'endroit où elle aurait normalement dû se trouver ? se demanda-t-elle tout à coup, réalisant à présent pleinement le choix qu'elle avait fait. Ne laissant cependant rien paraître de ses soudaines incertitudes, Geneviève afficha son habituel masque d'impassibilité.

William l'accompagna ensuite dans une des chambres d'ami, et déposa son sac de randonnée au pied du lit.

— J'espère que celle-ci te conviendra, lui dit-il. La mienne est un peu plus loin, au fond du couloir.

Geneviève laissa son regard errer sur la pièce tout aussi froide que le reste de l'appartement...

— Oui. Merci, dit-elle simplement, secrètement reconnaissante qu'il lui accorde un espace de liberté en ne l'invitant pas à partager sa chambre.

— Je te laisse t'installer tranquillement. Rejoins-moi lorsque tu auras fini.

Sur ce, il lui caressa doucement, mais brièvement la joue avant de quitter la pièce.

Les doutes de Geneviève revinrent la hanter. Elle était dans un pays étranger dont, à sa grande honte, elle balbutiait péniblement la langue, et n'avait pour toute connaissance que William Wenworth, cet homme qu'elle venait à peine de rencontrer et qui n'en voulait qu'à son corps. Était-elle devenue folle ?

Mais, pour ne pas être hypocrite, elle devait bien s'avouer qu'elle aussi n'était là que pour goûter à nouveau aux délices auxquels il allait l'initier. Au moins, se dit-elle, avec lui tout était clair. Pas de sentiments. Donc pas de risque de déception. Et de toute façon, elle n'était plus la fille naïve et complexée qu'elle avait été. À l'époque, Stéphane, entre autres, s'était bien moqué d'elle. Mais s'il avait pu l'humilier ainsi, c'était tout simplement parce qu'elle avait été amoureuse de lui.

Ce qu'elle allait vivre avec William serait, juste le temps d'une semaine, une expérience délicieuse. Un apprentissage sexuel avec un homme expérimenté, et apparemment très doué, pensa-t-elle, alors que la rougeur du plaisir lui montait aux joues, en repensant aux caresses qu'il lui avait prodiguées un peu plus tôt dans son jet.

De plus, en lui donnant sa propre chambre, c'était comme s'il lui signifiait qu'il lui laissait le choix sur la suite de leur relation...

Geneviève se secoua enfin, et entreprit de défaire ses bagages. Ce fut assez rapide, puisqu'elle n'avait vraiment pas emporté grand-chose. Sans le moindre regret, elle avait laissé derrière elle tous ses déguisements trop sexy. Le tout fut donc rangé en quelques minutes.

Un si long silence : Destins croisés 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant