Fronçant légèrement les sourcils, Geneviève remercia Mme Guérin qui venait de lui apprendre qu'Alain désirait la voir. Elle était soudain quelque peu inquiète de la réaction qu'il pourrait avoir en la voyant ainsi vêtue.
N'était-ce pas pour le défier qu'elle s'était habillée comme ça ? se rabroua-t-elle vivement. Certes, elle n'avait pas prévu qu'elle serait obligée de le voir avant le début de la soirée. Et seule, qui plus est... Mais maintenant, il était bien trop tard pour reculer.
Elle se dirigea vers le bureau de son beau-père d'une démarche assurée, ce qui se révélait être un véritable exploit, compte tenu des échasses qu'elle avait aux pieds.
Lorsqu'elle arriva devant lui, Alain qui sortait justement de son bureau, en voyant sa tenue, lui jeta un regard flamboyant de colère impuissante. Mais il se maîtrisa presque aussitôt.
Cependant, Geneviève eut tout loisir de jubiler intérieurement. Et, elle se rappela ce jour, deux ans auparavant, où de colère, il avait failli avoir une syncope en la voyant toute aussi peu vêtue à une de ses soirées...
Un bref instant, son beau-père la toisa avec des yeux pleins de dédain, avant de plaquer un sourire factice sur son visage. Toutefois, le bref regard qu'il lui avait asséné signifiait qu'il n'avait aucune intention de laisser passer un tel affront, et qu'à ne pas y manquer, ils régleraient leurs comptes plus tard.
— Ah ! Geneviève, te voilà, dit Alain sur un ton mielleux qui écœura la jeune femme. J'allais justement te chercher. Viens, ma chérie, je vais te présenter notre invité d'honneur et je l'espère, mon futur associé.
Tiens donc ! Il allait la présenter, « elle », à l'homme providentiel qui allait peut-être sauver son entreprise de la faillite assurée ? s'étonna Geneviève, in petto. C'était à ne rien y comprendre...
Alain lui tint aimablement le coude, et s'écarta pour la laisser entrer la première dans le bureau. Son contact fut pour Geneviève presque intolérable, et elle se retint avec peine de lui arracher son bras.
S'avançant dans la pièce, elle vit alors un homme assis dans l'un des deux fauteuils de bureau style Louis-Philippe. De trois-quarts, dans une attitude nonchalante, il avait posé une main sur sa jambe, et sa cheville gauche reposait sur sa cuisse droite. De là où elle se trouvait, Geneviève ne voyait que son imposante carrure et son épaisse chevelure brune coupée assez court.
Lorsqu'il les entendit entrer, l'homme reposa son verre sur le bureau et se leva, dépliant ainsi sa haute stature. Il devait bien mesurer un mètre quatre-vingt-dix. Et d'après ce que laissait deviner son costume sombre ajusté et sûrement coupé sur mesure, il était effectivement bien bâti.
L'homme se tourna vers eux.
Quand le regard de Geneviève rencontra les yeux bleu intense de l'homme, elle eut comme un coup au cœur. Celui-ci s'accéléra soudain, des microgouttes de sueur se formèrent au-dessus de sa lèvre, et sa bouche s'assécha. Ayant, tout à coup, comme une sensation de vertige, elle se sentit brusquement fébrile. Se demandant ce qui lui arrivait, elle fixa l'homme qui s'avançait vers eux.
Elle ne pouvait détacher ses yeux du visage émacié de l'homme. Il avait un front haut, un nez droit, une mâchoire carrée et volontaire, et une bouche sensuelle qui pour l'heure affichait un léger sourire ironique. Cet homme possédait une beauté virile et magnétique renversante. Il était certain qu'il ne devait pas laisser la gent féminine indifférente. En tout cas, Geneviève, elle, ne l'était pas du tout, indifférente...
Lui aussi, ne la quittant pas des yeux, s'avançait d'une démarche souple, presque féline.
Geneviève eut une conscience accrue de son regard scrutateur sur elle. C'était presque comme s'il était en train de la caresser avec ses yeux bleus.
VOUS LISEZ
Un si long silence : Destins croisés 2
RomanceGeneviève croyait ne plus jamais revoir William. Quelques années auparavant, elle l'avait fui. Et suite à leur brève et douloureuse liaison, elle avait dû, pas à pas, se reconstruire. Mais William, toujours aussi séduisant et arrogant qu'autrefois...