Chapitre 17

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Paris, aujourd'hui...

William, les cheveux encore humides de la douche qu'il avait prise après sa séance dans la salle de sport du Démétrios-Hotel Paris, en tee-shirt et jean, compulsait différents journaux, tout en dévorant un maxi-croissant et en sirotant sa tasse de café.

Geneviève, assise face à lui, portait par-dessus son tee-shirt long, un joli déshabillé en soie et dentelle, au tissu orné de belles fleurs aux couleurs chatoyantes. Et tout en terminant son assiette de fruits frais, elle se demandait comment elle pourrait tenir la promesse qu'elle s'était faite de ne pas lui céder, alors qu'elle était déjà à bout, après seulement quarante-huit heures.

Observant William à la dérobée, elle prit sa tasse de thé vert et s'adossa à sa chaise. Et pour la première fois, elle remarqua quelques petits changements en lui. Dans la luminosité éclatante du soleil matinal, elle pouvait voir que les fines ridules aux coins de ses yeux, ainsi que celles qui lui barraient le front, s'étaient accentuées. Et il y avait maintenant quelques fils d'argent qui affleuraient, çà et là, sur ses tempes, augmentant encore son pouvoir de séduction... Il était bien plus sexy qu'avant...

Mais que lui arrivait-il ? Elle avait tout intérêt à rapidement se reprendre, s'admonesta-t-elle, en réprimant un soupir d'exaspération. Il vaudrait mieux, pour faire bonne mesure et rester vigilante, penser à la souffrance qu'il lui avait causée par le passé et au moyen de coercition qu'il exerçait actuellement sur elle.

Il avait beau lui répéter qu'il avait des sentiments pour elle, elle n'y croyait pas une seule seconde. Tout ceci n'était qu'une question d'ego, voulut-elle se persuader, alors qu'une petite voix en elle lui demandait : pourquoi en ce cas, avait-il attendu trois ans, si ce n'était que cela ? Elle refusa pourtant de l'entendre. De toute façon, qu'un homme puisse mettre à exécution un plan aussi machiavélique juste dans le but d'assouvir son désir, cela dépassait l'entendement. Croyait-il vraiment qu'elle allait une fois de plus se laisser isoler, humilier, et tolérer de perdre tout pouvoir sur sa propre vie ?

William replia le journal financier qu'il lisait et avec un sourire, posa son regard bleu outremer sur Geneviève. Elle eut l'impression que son cœur faisait un saut périlleux dans sa poitrine. Décidée à rester impassible, elle serra son poing sous la table, enfonçant ses ongles dans la chair de sa paume, afin de chasser son trouble.

— Cet après-midi, nous prendrons le jet pour Marseille. Normalement, nous serons là-bas bien avant l'heure du dîner. Pour ce matin, je n'ai rien prévu de spécial. Alors, Gena, demanda-t-il doucement de sa belle voix grave, que proposes-tu ?

Elle reposa sa tasse, la main légèrement tremblante de rage contre lui, mais surtout, contre elle-même. Croyait-il qu'elle allait se conduire comme une esclave docile et conciliante ? De la froideur et du mépris, c'est tout ce qu'il aurait d'elle, s'adjura-t-elle.

— Je me moque bien de ce que tu as prévu ou non, dit-elle en le toisant. De toute façon, je dois absolument voir Baptiste avant de partir...

— Écoute-moi bien, Gena, fit-il d'une voix calme et mesurée. Je n'ai pas l'intention de passer mon temps à me disputer avec toi, à tout propos...

— Dans ce cas, il vaut mieux arrêter là ton chantage, parce que pour ma part, je n'ai pas l'intention de jouer la comédie pour ménager ta susceptibilité.

— La comédie, c'est toi qui la joues en ce moment, Sweety. Et toi et moi, nous le savons parfaitement. Alors, mets ton orgueil de côté et profitons pleinement de ces quelques jours pour nous retrouver et mettre les choses à plat.

— Tu menaces mon frère. Tu me fais du chantage pour essayer de me mettre dans ton lit, rappela-t-elle avec sarcasme. Et en plus, il faudrait que je me montre heureuse et satisfaite de mon sort ? J'ai vraiment l'impression de me retrouver dans la quatrième dimension.

Un si long silence : Destins croisés 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant