Chapitre 8

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Geneviève avait fini par s'endormir, et au bout d'un moment, William la réveilla en lui touchant doucement l'épaule.

— On en a pour encore au moins deux heures de vol. Tu devrais peut-être aller t'allonger dans la cabine à l'arrière, dit-il de sa voix grave et sexy. Tu serais plus confortablement installée.

— Encore deux heures pour arriver à Paris ? s'étonna-t-elle. Je pensais qu'il ne fallait qu'un peu plus d'une heure !

— Pendant que tu dormais, j'ai vu le pilote. Je suis vraiment désolé, mais nous ne pourrons finalement pas faire un arrêt à Paris... pour des raisons de logistique.

— Quoi ?... Mais..., balbutia-t-elle, comme hébétée.

Puis, elle eut tout à coup, la sensation d'être prise au piège, et une légère angoisse la gagna. Cette sensation de n'avoir aucune prise, plus aucun pouvoir sur sa propre vie, elle ne l'avait que trop souvent ressentie... Et c'était bien pour cela qu'elle avait décidé de partir, afin de se donner les moyens de construire une nouvelle vie.

Mais, comme aimait à souvent le répéter sa mère : à tout problème sa solution. Elle essaya donc de se ressaisir. Cependant, une petite voix en elle ajouta perfidement : et à chaque solution, se présentait un nouveau problème...

— Cela n'a pas d'importance, repartit-elle d'une voix calme et presque froide. Une fois à Londres, je prendrai tout simplement l'Eurostar pour gagner Paris.

William ne put s'empêcher d'admirer son sang-froid, et un sourire fleurit doucement sur ses lèvres.

— Si tu y tiens...

— Je crois que je vais finalement suivre ton conseil, dit-elle, pressée maintenant d'échapper à sa présence qui la troublait à nouveau. Et aller me reposer dans la cabine.

Était-ce ce qu'elle lisait dans son regard bleu outremer, brusquement assombri, qui éveillait son trouble ? s'interrogea-t-elle. Ou avait-elle peur de s'entendre accepter l'invitation de cet homme qu'elle connaissait à peine ? Cédant ainsi à la destinée, la providence, ou quelle que soit la force qui dirigeait sa vie, et qui apparemment, s'acharnait à mettre William sur son chemin.

William referma son ordinateur portable.

— Je t'accompagne.

— Je pense être capable de la trouver seule, dit-elle sur un ton quelque peu mordant.

— Je n'en doute pas une seule seconde, Sweety, repartit-il avec une pointe d'humour. Mais, je vais quand même t'accompagner.

Sweety ? Douceur ? Est-il en train de se moquer d'elle ?

Se levant, il la laissa galamment passer devant lui, puis d'une main agrippant son coude, il la guida — comme si elle en avait besoin ! pensa-t-elle — vers le fond de l'appareil.

William ouvrit la porte de la cabine. Et Geneviève pénétra dans la petite pièce luxueusement décorée de bois clair, où la couleur vert bambou dominait. Elle comportait entre autres, un lit... plutôt étroit. La jeune femme remarqua également une porte derrière laquelle devait sans doute se trouver la salle d'eau.

Se tournant vers William pour le remercier de l'avoir accompagné, elle se rendit compte qu'il avait refermé le battant...

Puis, sans crier gare, il l'attira contre lui.

Geneviève resta figée de surprise. Depuis le matin, il ne lui avait pratiquement pas accordé la moindre attention, sauf bien sûr, quand c'était strictement nécessaire. Il s'était montré tellement froid durant le trajet en voiture jusqu'à l'aéroport, qu'elle s'était même demandé s'il n'allait pas changer d'avis et la « jeter » devant la première gare venue. Il n'y avait qu'à l'instant dans le salon du jet qu'elle avait lu du désir dans ses yeux.

Un si long silence : Destins croisés 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant