Un si long silence : Destins croisés 2

Chapitre 2

Les environs d'Avignon, trois ans auparavant...

Faire le ménage des chambres de ce petit hôtel pendant sept heures d'affilée, n'avait rien d'une sinécure.

Cependant, Geneviève aimait bien ce travail. Les gérants étaient des gens faciles d'abord, chaleureux et agréables... même avec le personnel. Et ses écouteurs fichés dans ses oreilles, la liste de lecture de ses musiques préférées passant en boucle dans son MP4, elle effectuait cette tâche assez routinière, tout en réfléchissant à son avenir.

Deux ans auparavant, elle avait été obligée de quitter l'école, et de trouver un emploi. Sans qualification, cela s'était très vite révélé assez compliqué. Et après quelques formations sans grand intérêt, elle avait finalement choisi de s'inscrire dans une boîte d'intérim.

Depuis un peu plus d'un an maintenant, elle travaillait assez régulièrement pour eux. Cependant, elle ne pouvait malheureusement effectuer autant de missions qu'elle l'aurait souhaité... Elle acceptait ces contrats de femme de ménage, bien évidemment, tout d'abord parce qu'elle avait besoin de mettre un peu d'argent de côté, mais aussi, un peu par défi... Son beau-père, Alain de Laperousse, n'aurait en effet pas toléré que la fille de sa femme porte atteinte, de la sorte, à sa... réputation. Donc tout en essayant de garder le secret sur son travail, elle se réjouissait par ailleurs, d'aller à l'encontre des idées pour le moins rétrogrades, de son beau-père.

À la Bastide, la maison familiale des de Laperousse depuis des générations, seule Helena, sa sœur cadette, était au courant pour son travail. Et celle-ci l'avait aidée à garder le secret. Ce qui avait été, somme toute, assez simple puisqu'Alain passait presque toutes ses journées au siège de sa société à Avignon, ou dans le Luberon dans son usine de fabrication de produits de soins corporels.

Geneviève arrivait à mettre un peu l'argent de côté malgré tout. Elle pensait avoir désormais assez pour monter à Paris, et y tenir le temps de trouver du travail, quel qu'il soit. De plus, Clara, son amie d'enfance, lui avait proposé de l'héberger...

Enfin terminé ! pensa Geneviève en rangeant les produits d'entretien dans le chariot de ménage.

Épuisée et en nage, elle se dirigea vers les vestiaires. Remisant sa blouse dans l'étroit placard qu'on lui avait attribué pour ce mois de remplacement de vacances, elle y prit sa serviette de toilette.

Après une douche rapide, elle enfila en vitesse son jean flare, plutôt usé, son top drapé bleu pétrole à encolure bateau, et ses ballerines. Défaisant ensuite son chignon, elle brossa rapidement ses longues boucles auburn, avant de les laisser librement cascader sur ses épaules.

Elle devait faire les magasins avec Helena, et avait rendez-vous devant son école. Aujourd'hui, en vue de la soirée prévue par Alain de Laperousse, Geneviève devait s'acheter la jolie robe noire qu'elle avait repérée la semaine dernière, dans un petit magasin de prêt-à-porter. De coupe assez simple et près du corps, sans pour autant être trop sexy, la robe avait un joli empiècement en dentelle au niveau de l'encolure...

Son sac polochon à bout de bras, Geneviève poussa un soupir de soulagement, en quittant l'hôtel à vive allure, pour attraper son bus.

Ce mois de juin n'avait pas été de tout repos. En effet, de plus en plus de vacanciers prenaient leur congé hors saison, et venaient passer quelques jours dans le Vaucluse. De plus cette année, le soleil était tout particulièrement de la partie...

Et, entre les petits villages typiques à découvrir, les randonnées, le circuit de la lavande, entre autres, ou celui des vins... Les occasions de passer d'agréables moments ne manquaient certes pas dans cette magnifique région de garrigue. Le mont Ventoux dominait à peine la campagne traversée par la Durance, parfois impétueuse, qui allait se jeter dans le Rhône. Le paysage, superbe, riche de luminosité et de couleurs, était doucement vallonné et recouvert de cyprès, de pins, d'arbousiers, ou encore d'olivier... Et, les champs de lavande s'étendant à perte de vue embaumaient l'air d'un délicat parfum suave...