« L'amour est la chose la plus injuste du monde, il est distribué sans discernement. La plupart du temps, celui qui aime ne reçoit rien en retour, et celui qui est aimé reste indifférent devant la passion de l'autre. » Adrien Therio
Les environs d'Avignon...
William sortit de la salle de bain. Il enfila son pantalon de pyjama, et s'avança vers le lit où Geneviève était étendue.
Pris d'une étrange émotion, il resta là, à l'observer.
Elle était couchée en chien de fusil, et ses magnifiques boucles auburn, éparses sur l'oreiller ressortaient sur le blanc de la taie en lin. Il ne pouvait voir son visage, mais elle s'était apparemment endormie. Elle lui semblait tout à coup si fragile... Bien loin de la jeune femme qu'il avait connue quelques heures plus tôt.
De lui avoir imposé un ultimatum pour l'emmener dans ce mas — afin d'assouvir le désir irrépressible qui les taraudaient tous deux, depuis qu'ils avaient posé les yeux l'un sur l'autre —, n'avait décidément pas été une de ses meilleures idées, pensa-t-il.
Il éprouvait un étrange sentiment de culpabilité, mêlé à quelque chose de plus subtil... Cependant, il devait par ailleurs s'avouer qu'une part de lui ne regrettait en rien ce qui s'était passé entre eux. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu un tel plaisir...
Soudain, tel un fantôme, Alissa vint le hanter une fois de plus. Pourquoi faisait-il le rapprochement entre ces deux femmes ? Alissa ne ressemblait en rien à Geneviève. En fait, elles ne pouvaient être toutes deux plus éloignées l'une de l'autre. De plus, ce qu'il avait ressenti à l'époque avec Alissa était sans commune mesure avec les sensations qu'il venait de vivre avec Geneviève. Avec cette dernière, le désir était irrépressible, et le plaisir avait été intense... presque violent.
Alors que la première fois qu'ils avaient fait l'amour, Alissa et lui, avait été magique, voluptueuse et tendre, se rappela William, avec une certaine émotion, teintée toutefois d'amertume. Tout comme la dernière fois, d'ailleurs... C'était la suite qui avait été moins... magique ! Mais, à quoi bon toujours repenser à Alissa ? se morigéna-t-il. Est-ce qu'un jour, elle lui sortirait définitivement de la tête ? Pourtant après ce qui s'était passé la semaine dernière, il aurait dû être guéri d'elle...
Prenant appui sur son genou contre le lit, il repoussa le drap avant de soulever Geneviève dans ses bras. Sans même ouvrir les paupières, elle enroula ses bras minces autour de son cou et se blottit contre lui. Avec une étrange sensation lui étreignant le cœur, il se dirigea avec son fardeau, qu'il trouva léger, vers la salle de bain.
Lorsqu'ils pénètrent dans la pièce qui embaumait légèrement le doux et suave parfum des sels de bain, Geneviève ouvrit les yeux et releva la tête.
— Que... que faites-vous ? murmura-t-elle le regard encore empli de sommeil, et la voix légèrement enrouée.
— Tu ne penses pas qu'on pourrait se tutoyer, maintenant ? lança-t-il, taquin, avant de poursuivre doucement. Je me suis dit qu'un bain pourrait te faire du bien...
— Oh !..., fit-elle simplement.
Du bien ? Que voulait-il dire ? s'interrogea-t-elle, en même temps qu'elle était surprise d'une telle initiative de la part de son amant. En effet, elle l'avait cru indifférent lorsqu'il s'était éloigné, un moment plus tôt, sans un regard et sans un mot.
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Un si long silence : Destins croisés 2
RomansaGeneviève croyait ne plus jamais revoir William. Quelques années auparavant, elle l'avait fui. Et suite à leur brève et douloureuse liaison, elle avait dû, pas à pas, se reconstruire. Mais William, toujours aussi séduisant et arrogant qu'autrefois...