Chapitre 18

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— Je comprends pourquoi Cézanne est tombé amoureux de ce pays, dit William, en se rappelant de la vue magnifique sur la vallée de la Durance qu'ils avaient contemplée un moment avant.

Ils avaient ensuite, peu à peu quitté le paysage de garrigue et de roches calcaire, et avaient découvert quelques lis Martagon — fleur typique et protégée, de la montagne. Pénétrant dans la forêt, parmi, entre autres, les chênes blancs et les ifs, ils avaient finalement trouvé, en fond de vallon, un espace ombragé. Et ils s'y étaient installés, afin de déjeuner.

Sans répondre, Geneviève lui jeta un bref regard.

Ses puissants avant-bras reposant sur ses genoux, William était assis à ses côtés. Il se dégageait de lui une telle impression de virilité et de puissance, mâtinée de sensualité, que c'en était presque... Quoi ? Insupportable pour elle ? Oui. Surtout lorsque, comme ses derniers jours, il avait décidé de jouer la carte de la douce séduction.

Elle finit les quelques cerises que Mariette avait mises dans le « panier pique-nique » qu'elle leur avait préparé. Le visage tendu vers les rayons de soleil qui filtraient à travers le sous-bois, elle se sentit vraiment détendue pour la première fois depuis des jours. Elle ne put réprimer le léger soupir de contentement à peine perceptible qui s'échappa d'entre ses lèvres. Les cerises étant son petit péché mignon, elle n'avait pas hésité une seule minute à en acheter sur le marché, la veille. Les fruits étaient d'un beau rouge sombre et étaient légèrement acidulés. Mais, cela ne la dérangeait en rien, au contraire, elle aimait cette petite acidité après le fort goût fruité et sucré.

— Nous pourrions faire un des parcours randonnée du pays du Calavon. Il paraît que le paysage est magnifique par là.

— C'est parce qu'il y a d'anciennes mines d'ocre, expliqua Geneviève.

— Le parcours doit être agréable...

— Ça y est ! Tu es vraiment devenu un féru de randonnées, repartit-elle sur un ton qu'elle avait voulu cassant, mais qui fut en fait, taquin.

Il sourit, comme elle se moquait de lui. Et une fois de plus, son sourire remua Geneviève au plus profond d'elle-même. Nerveusement, elle attrapa une bouteille d'eau et en but une gorgée.

— Pourquoi n'invites-tu jamais Helena au mas ? interrogea-t-il après un instant de silence un peu tendu.

— Parce que tu penses vraiment que j'ai envie qu'elle fasse ta connaissance ? Je ne veux pas qu'elle aille se faire des idées à notre sujet. Déjà qu'elle croit que c'est le grand amour entre nous...

— Elle n'a pas tort, pourtant.

— Oh, je t'en prie ! C'est ça ta conception de l'amour ? Faire du chantage ?

— Cela te rend donc si malheureuse de passer ces quelques jours avec moi, Gena ?

Elle détourna prestement le regard. Les yeux bleus de William avaient viré à l'outremer, ce dont elle connaissait parfaitement la signification. Une douce chaleur partant de son ventre se répandit délicieusement dans son corps.

William tendit la main et avec un mélange d'autorité et de douceur, lui emprisonna la nuque. Et avant qu'elle n'ait pu faire un geste pour le repousser, il plaqua ses lèvres sur les siennes. Passionnément, il s'en délecta. Elles étaient encore imprégnées du goût des cerises. Comme elle ne le rejetait pas, avec un râle, il la fit doucement basculer sur le dos. Elle se retrouva allongée, sur la terre meuble recouverte de mousse.

Fiévreusement, leurs langues entamèrent une danse érotique qui déclencha un véritable brasier au creux du ventre de Geneviève. Immédiatement électrisée, elle noua ses bras autour de sa nuque robuste et laissa échapper un gémissement modulé lorsqu'il quitta ses lèvres pour explorer de sa bouche, sa joue, son menton et son cou. Elle se cambra pour s'offrir totalement à la caresse de ses lèvres et de sa langue.

Un si long silence : Destins croisés 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant