La lune projetait sur le paysage de garrigue ses rayons doux et feutrés. Un subtil parfum de thym mêlé, entre autres, à la fragrance des résineux embaumait l'air. Un peu plus loin, les hautes branches des cyprès bruissaient doucement en se balançant sous un vent léger.
Geneviève fut étonnée de pouvoir distinguer aussi bien l'environnement. Les mains accrochées aux sangles de son sac de randonnée, d'une démarche souple, elle accéléra le pas. En dix minutes, elle serait à l'entrée de la propriété. Et elle avait au moins vingt minutes devant elle avant que son taxi n'arrive. Mais elle préférait arriver à l'avance et l'attendre, de crainte que ne la voyant pas, le chauffeur ne reparte tout de suite. D'autant que, tout à l'heure, au téléphone, l'opérateur avait eu l'air de trouver étranges ses instructions, lorsqu'elle avait demandé que le taxi l'attende à l'entrée de la propriété... Elle n'avait pourtant pas le choix, c'était la seule façon de procéder si elle voulait partir discrètement. Elle n'avait aucune envie de revoir Alain de Laperousse... ni William Wenworth, d'ailleurs.
Elle se sentait triste de laisser Helena, mais paradoxalement, elle savait qu'Alain prendrait soin d'elle. Essayant de se raisonner, elle se dit qu'elles resteraient de toute façon en contact. Elles s'appelleraient, tchateraient... Et, elle était persuadée qu'elles se reverraient bientôt.
Peu à peu, elle se sentit plus légère. Se rendant soudainement compte qu'elle s'éloignait d'Alain et de cette vie de faux-semblants, Geneviève eut l'impression que son cœur se gonflait de joie, d'espoir et surtout de liberté. Et, cette sensation la grisa. Elle se sentait, tout à coup, presque euphorique. Elle allait enfin faire ses propres choix pour sa vie. Elle n'aurait plus à jouer ce rôle, qu'elle avait certes choisi, mais qu'elle ne supportait plus.
Elle allait enfin être elle-même !
Elle marchait depuis seulement quelques minutes sur la route sinueuse et étroite, lorsqu'elle entendit une voiture derrière elle. Elle fronça les sourcils. Les invités de son beau-père quittaient déjà la soirée ? Il était pourtant encore relativement tôt.
Ralentissant le pas, elle s'écarta sur le bas-côté. Pourvu que ce ne soit pas une connaissance trop proche d'Alain, qui risquerait de prévenir celui-ci de son départ.
Elle s'arrêta sur le bord de la route privée et se retourna. Quelque peu aveuglée par les phares avant que le conducteur ne passe en feux de croisement, elle ne reconnut pas le coupé sport gris métallisé qui devait, sans doute, valoir une petite fortune.
La voiture ralentit et s'arrêta à son niveau. La vitre côté passager s'abaissa et une tête se pencha...
⁂
Quittant la propriété familiale d'Alain de Laperousse en empruntant sa sinueuse route privée, William, un bras sur la portière de sa voiture de sport de location, roulait tranquillement.
Il avait préféré ne pas s'attarder. De toute façon, il en savait maintenant bien assez pour prendre sa décision finale concernant sa participation financière dans son entreprise. De plus, l'homme d'affaires commençait sérieusement à l'exaspérer, avec ses allusions...
Tout à coup, au détour d'un virage, il vit se profiler sur le bord de la route une silhouette déformée par un sac à dos imposant. Il fut quelque peu étonné. Ce chemin était privé. Que faisait là, ce randonneur ? Il ralentit et stoppa à sa hauteur.
Et, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir l'identité du randonneur en question !
— Eh bien ! Geneviève, lança William de sa belle voix grave sur un ton un peu moqueur, mais en fait, il avait l'air aussi surpris qu'elle. Comme on se retrouve !
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Un si long silence : Destins croisés 2
RomansaGeneviève croyait ne plus jamais revoir William. Quelques années auparavant, elle l'avait fui. Et suite à leur brève et douloureuse liaison, elle avait dû, pas à pas, se reconstruire. Mais William, toujours aussi séduisant et arrogant qu'autrefois...