The burning chill

Chapitre 9

J'ajuste le chemisier que j'ai sur le dos pour qu'il ne me serre pas trop au niveau des côtes. J'attrape le sac à main Calvin Klein posé sur la commode et vais dans ma voiture. Aujourd'hui, me lever a été plus difficile qu'à l'habitude. Peut-être en raison des quelques verres en trop que j'ai absorbés pendant la soirée d'hier soir. La clientèle dans l'environnement dans lequel je travaille est souvent exigeante et je ne pense pas pouvoir lui tenir tête avec mon humeur massacrante du matin.

         En arrivant sur les lieux, je me stationne à reculons. Un bruit sourd me fait arrêter tout mouvement. Je ferme les yeux, espérant fortement que mon auto soit intacte. Ce n'est pas pour rien que j'ai échoué deux fois mon permis de conduire avant son obtention. Au volant, je suis une vraie incompétente. Je sors du véhicule pour voir son état. Une énorme marque sur le côté gauche me fait jurer à plusieurs reprises. Je suis une très mauvaise conductrice de nature, mais ça ne m'avait jamais, jusque-là, causé de si gros problèmes. J'entre dans l'établissement et soupire lourdement en me plaçant derrière le comptoir. Ma collègue ne m'adresse pas la parole, voyant que je ne suis pas d'humeur. Dans des moments où je suis autant en rogne, il est préférable de me laisser ruminer dans mon coin pour ne pas répandre ma mauvaise humeur autour de moi.

         Plus d'une heure plus tard, alors que je croyais m'être calmée, je vois un homme entrer et s'élancer dans ma direction, une jeune femme dans les bras. Lorsqu'il m'aperçoit, son visage blêmit et il se décolle de la fille à son cou presque immédiatement. Il essaie d'éviter mon regard, l'air coupable. Voyant que Chad n'est pas sur le point de parler, c'est elle qui me demande une chambre pour les deux.

         Lorsque Chad sortait avec ma sœur, sa manière d'agir était complètement différente. Il était de nature généreux, attentionnée et présent pour les autres. Je ne l'aurais jamais cru capable de sortir avec une autre fille, si peu de temps après leur rupture. Je me tourne vers la demoiselle et lui sourit hypocritement.

-La chambre treize serait parfaite pour vous.

Chad m'adresse un regard pour la première fois depuis qu'il a franchi cette porte. Ses yeux semblent terrifiés. La fille à son bras me sourit, ne sachant pas que je viens de gâcher sa soirée. Chad m'a déjà appris qu'il était superstitieux au point qu'il avait déjà fait des cauchemars et que le simple fait de penser à un chat noir lui retournait l'estomac. Je les vois se diriger vers l'ascenseur et par la démarche de Chad qui se veut hésitante, je sais qu'il ne compte pas rentrer dans la chambre portant le chiffre du malheur.

         Lorsque je finis de travailler, je retourne à mon domicile et vais me coucher dans mon lit, afin d'atténuer ce mal de tête horrible. Je me réveille en sursaut en entendant une sonnerie retentir dans ma chambre. Je regarde l'heure d'un coup d'œil rapide et réalise qu'Édouard essaie de me rejoindre depuis un moment. Sur l'un des messages qu'il m'a laissés, il m'informe qu'il devait venir me chercher il y a de cela 10 minutes. Je me dépêche alors d'enfiler un short et une camisole, puis de mettre un maillot de bain sous cette couche de vêtements puisque Édouard avait précisé d'en amener un. Je sors de chez moi et embarque aux côtés de Nathan sur le banc de derrière. Sans m'adresser un regard ni même un salut, mon compagnon de siège me dit :

-La prochaine fois, nous partirons sans toi.

-Voyons, tu n'arriverais pas à te passer de moi, dis-je sarcastique.

Il me sourit faussement avant de reporter son attention sur le paysage, à l'extérieur. Le reste du voyage dans la voiture se fait dans un calme apaisant. Nathan et moi ne nous parlons pas, ce qui nous évite un nombre incalculable de disputes. Édouard se stationne au milieu de nulle part, dans un endroit qui m'est inconnu. Pourtant, Nathan semble connaître la place puisqu'il se dirige aussitôt vers un endroit encerclé d'arbres et de roches. Notre petit trio vient rapidement suivre ses pas et nous nous retrouvons sur le sommet d'une falaise haute d'une dizaine de mètres. J'ai toujours été une amatrice de sensations fortes, alors sauter de plusieurs mètres pour atterrir dans un lac me réjouit. Julie ne semble, pourtant, pas du même avis que moi puisqu'elle demande soucieuse :