Je mets le bout du crayon dans ma bouche en espérant obtenir une idée de cette façon. Je mordille le bois sur toute sa longueur. Une manie que j'avais quand j'étais petite et qui semble être revenue. Nathan, quant à lui, a son téléphone dans les mains, nullement concentré par notre objectif premier, soit trouver une idée pour notre exposé oral. Notre prof d'anglais nous a annoncé que nous devions faire un oral sur un sujet de notre choix en équipe de deux. Puisque je suis une fille terriblement malchanceuse, c'était le prof qui décidait des équipes et son choix s'est arrêté sur Nathan et moi. Nous voilà donc réunis tous les deux dans sa chambre à la recherche d'un sujet pour notre oral. L'échéancier est plutôt court pour nous laisser le temps de réaliser notre oral ce qui nous oblige à travailler deux fois plus. Toutefois, ça ne semble pas déranger Nathan plus que ça, puisqu'il n'essaie pas du tout de contribuer à notre travail. Je lui arrache son téléphone des mains et le pose sur sa table de chevet. Ce n'est pas en regardant son téléphone qu'il va obtenir des idées et il est hors de question que ce soit moi qui fasse tout le travail. Il me lance un regard noir et se replace sur son lit.
-Notre oral peut être basé sur les effets négatifs qu'entraînent les réseaux sociaux, je propose en lui désignant un regard accusateur.
Il soupire et hoche la tête.
-Quoi ?
-Ça ne me tente vraiment pas de rédiger un oral.
Nous sommes deux à qui ça déplaît et pourtant c'est le seul à râler. Décidément, il ne changera jamais.
-On n'a pas le choix.
-On a toujours le choix.
À ce moment précis, la seule idée qui me vient en tête est de lui asséner un coup pour qu'il arrête de se morfonde et qu'il commence à travailler.
-Si tu veux couler, oui.
J'écris le titre de notre sujet sur la feuille lignée placée devant moi. Après un moment, les paroles d'Édouard me reviennent en mémoire. C'est le moment idéal pour essayer d'obtenir des réponses à mes questions.
-Est-ce que tu es enfant unique ? je demande soudainement.
Il fronce les sourcils à l'entente de ma question et me dit d'un ton acerbe :
-Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?
Je hausse les épaules pour faire croire que je cherche à engager la conversation, alors qu'en réalité, j'essaie d'obtenir des informations sur son frère.
-Oui, je suis enfant unique. Maintenant, travaillons.
Pourquoi Nathan ne me dit pas la vérité sur le fait qu'il ait un frère ? Je suis certaine qu'il y a quelque chose de louche dans cette histoire et ma curiosité l'emporte sur le reste. Mes yeux se posent sur le cadre qui orne la table de chevet. Celle-ci est plutôt curieuse, étant donné que deux jeunes garçons posent sur la photo. Il n'y a aucun doute que l'autre garçon s'agissait de son frère, car la ressemblance était frappante. Les mêmes yeux bleus persécutants et le même sourire craquant. Je mettrais ma main à couper qu'ils sont de la même famille. De plus, je ne crois pas qu'Édouard m'aurait menti au sujet d'un frère potentiellement existant. La seule explication plausible c'est que Nathan ne veut pas parler de son frère et qu'il essaie de fuir le sujet en me mentant. Je compte bien obtenir des réponses à mes questions et tant pis si pour cela je dois me montrer insistante.
-Dans ce cas, qui est l'autre personne sur la photo ?
-C'est un ami, me répond-t-il, exténué par mes propos.
La manière qu'il a de fuir mon regard me prouve qu'il ment. Il y a une sorte de tristesse qui ressort dans sa voix. Je décide de me taire, lorsque je me rends compte que ça lui remémore de mauvais souvenirs. À l'habitude, j'aurais continué mon interrogatoire pour arriver à mes fins, mais cette fois, j'éprouve de l'empathie pour le jeune homme blessé que je n'ai jamais vu en lui. Je pensais qu'il n'avait pas de problèmes, mais il est indéniable qu'il a été brisé par quelque chose auparavant qui le ronge encore.
* * *
En pénétrant dans ma chambre, j'enlève le foulard à mon cou et me laisse lourdement tomber sur le lit. Le temps automnal commence peu à peu à faire son apparition et ça me déprime. Ça signifie l'arrivée de l'hiver et je ne me suis pas encore préparée moralement pour cette saison. Déjà que j'ai froid en permanence, l'hiver n'arrangera aucunement mon sort. Je regarde les vêtements éparpillés au sol avec impertinence. Depuis que je suis rentrée, je ne cesse de penser à toute cette histoire avec Nathan. J'éprouve énormément d'empathie pour lui et ça me fait peur. Ce n'est pas normal que j'attribue autant d'importance à ses sentiments, alors que normalement je m'en serais éperdument fichu. Depuis que nous nous sommes échangés un baiser, tout est devenu bizarre entre nous. Je regrette amèrement ce geste. Rien ne serait autant compliqué aujourd'hui si je ne l'avais pas embrassé.
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Coucou! Ce chapitre est court, encore une fois. Le prochain risque d'être plus long, promis! Bisous!
-Cass & Ana xx

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The burning chill
Teen FictionAlyssa et Nathan se connaissent depuis plusieurs années et ont, inconsciemment, grandi ensemble. Or, la haine qu'ils éprouvent l'un pour l'autre est le seul point en commun de ces deux jeunes adultes assoiffés de vengeance. Cependant, s'ils laissai...