La rentrée n'est jamais un plaisir pour personne. Devoir se lever tôt, avoir à faire des travaux, écouter un professeur parler pendant plus d'une heure, ce n'est définitivement pas pour moi. Je préfère de loin rester avachée sur mon canapé pendant une journée entière. Je dois toutefois finir mes études pour une perspective d'avenir plus élevée - selon ma mère.
Vêtue de mon sublime pyjama Batman, la couverture remontée jusqu'au cou, j'écoute Bob l'éponge comme à chaque matin. Écouter des dessins animés est l'un de mes passe-temps favoris. Je ne crois pas qu'il y ait d'âge maximal pour écouter un film d'animation. C'est comme si on retombait en enfance pendant un court instant et cet instant est particulièrement magique. Mon bol de céréales terminé, je ferme la télévision et vais me préparer pour cette journée qui s'annonce des plus ennuyeuses.
* * *
Mes cahiers sont éparpillés sur le bureau fait à partir de bois franc. Ma tête est appuyée sur la paume de ma main et mon attention est dirigée sur le professeur à l'avant qui jargonne de façon inaudible. Le cours d'anglais est probablement celui qui m'est le moins utile, étant donné que de mon côté paternel, tout le monde vient d'Angleterre. J'ai donc appris la langue seconde très jeune et connais pratiquement tout sur le sujet, alors je ne vois pas à quoi ça pourrait me servir.
J'inscris sur une feuille vierge, qui se trouvait dans l'un de mes cartables, des citations qui me viennent à l'esprit pour passer le temps. Le seul bruit de la porte qui s'ouvre subitement me fait sortir de ma bulle. Je vois une silhouette s'élancer à grandes enjambées vers les tables et venir s'asseoir à mes côtés. Un sourire scotché aux lèvres, Nathan m'observe pour guetter ma réaction.
-Tu te moques de moi ?
-Peut-être, me dit-il toujours souriant.
-Il y a des dizaines de bancs. Pourquoi est-ce que tu prends celui-là ?
J'observe les alentours comme pour prouver mon point. En effet, plusieurs tables sont libres et pourtant, c'est à côté de moi qu'il a décidé de s'asseoir.
-Parce que je n'aurai personne à embêter, sinon.
Je soupire et le regarde d'un air mauvais. Il ne rate jamais une occasion pour m'importuner. Il semble même prendre du plaisir à le faire. Il est désagréable avec tout le monde, mais particulièrement avec moi. Je ne sais pas si c'est parce que moi aussi je ne l'apprécie pas ou si c'est parce que nous avons tous deux une personnalité opposée. Peut-être est-ce même pour une raison toute autre. D'ailleurs, ça ne m'intéresse nullement d'en connaître l'origine. Tout ce que je désire, c'est qu'il me foute la paix.
Quelque chose vient percuter le dessus de mon crâne, une matière qui ressemble étrangement à la texture d'une boule de papier. Je me détourne vers le seul incompétent qui ferait une chose aussi enfantine.
-Tu es insupportable, je ne peux m'empêcher de lui faire remarquer.
Il prend une feuille lignée déposée sur le bureau et l'écrase pour en former une boule et me la lancer en pleine tête. Je soupire et rassemble mes affaires pour aller loin de cet idiot. Au moment où je me lève pour quitter, il m'adresse la parole sans m'accorder un regard :
-Ça ne servira à rien, je vais venir te rejoindre si tu changes de place.
Il persiste vraiment à me pourrir la vie, c'est dingue ! Vaincue, je me laisse tomber sur ma chaise et endure ses remarques désobligeantes, passant de la plante sur le bureau du professeur, au physique des filles dans la place. Tout aussi inintéressant les uns que les autres. Je fais semblant d'y prêter attention en laissant quelques commentaires ici et là, mais n'écoute, en fait, pas du tout ce qu'il raconte. Un moment plus tard, alors que je crois qu'il a fini son baragouinage, il me lance à nouveau une boule de papier. Exténuée, je lui donne un coup au niveau du torse pour le faire taire.
-Ouch !
Si des yeux pouvaient lancer des lasers, je serais probablement calcinée à l'heure qu'il est par le regard noir qu'il me porte. Soudain, je me rends compte que l'endroit est plongé dans un silence des plus complets. Avec appréhension, je me détourne vers la classe qui a les yeux rivés sur nous, le professeur y compris.
-Excusez-moi, est-ce qu'on vous dérange, par hasard ?
-Non, monsieur. Alyssa n'arrêtait pas de me lancer des boules de papier. Quelle immature !
Évidemment, Nathan met la faute sur moi, alors que c'est lui qui dérange.
-Suivez mon cours, maintenant, vous deux.
Je hoche la tête pour acquiescer, tandis que Nathan rit, fier de m'avoir dénoncée.
Le reste du cours se passe de la même façon que le début, c'est-à-dire qu'il parle pour ne rien dire et fait du mieux qu'il peut pour me déconcentrer. Après le premier cours, il est autour de midi, ce qui me paraît être le moment idéal pour aller manger. Je n'ai pas pris la peine de me préparer un repas ce matin, alors je regarde le menu de la caféteria. Il y est inscrit deux choix. Le premier est du poisson accompagné de carottes, tandis que le deuxième plat est une assiette de spaghetti. Lorsque c'est mon tour de commander, je choisis la deuxième option. La nourriture italienne est ce que je préfère. Cette affection est apparue lorsque je suis allée en Italie, il y a de cela un an et demi. Depuis, je goûte à tout ce qui provient de ce pays. La variété des produits là-bas est simplement inconcevable et me surprend à chaque fois.
J'observe la salle des yeux, à la recherche d'Allie et de Mila. Les deux finissaient leur cours à la même heure que moi, alors nous avons décidé de manger ensemble. Lorsque je les repère, je prends mon plateau de mes deux mains et m'approche d'elles tranquillement pour ne rien faire renverser. Les yeux rivés sur mon assiette pour m'assurer que tout reste intact, je ne vois pas ce qui se passe à l'avant et rapidement, mon plateau s'échappe de mes mains lorsqu'il entre en contact avec quelqu'un. Tout le contenu se renverse sur moi et se répand sur le sol avec une rapidité étonnante. J'entends un rire rauque provenir d'une table voisine et mes yeux ne cherchent même pas à regarder de qui il s'agit, puisque je connais déjà la réponse. Cette même personne qui se trouve à être nul autre que Nathan, se met à inciter tout le monde à venir voir le dégât que j'ai fait. Bientôt, une cinquantaine de personnes, peut-être plus, sont rassemblées autour de moi pour rire de ma gaffe. Le sentiment que j'éprouve à son égard est unanime : de la haine. Je sors de la salle sans manquer de bousculer Nathan au passage et me dirige vers les toilettes pour changer de chandail. Heureusement pour moi, j'ai toujours un chandail de rechange dans mon sac au cas où un incident comme celui-ci devait arriver. Peu de temps après avoir enfilé mon t-shirt, Mila et Allie viennent me rejoindre aux toilettes pour me poser des questions sur ce qui s'est passé. Je n'ai aucune envie d'en parler, parce que ça ne fait que me remémorer cet instant particulièrement honteux. Nathan n'est pas au bout de ses surprises et s'il croit que je vais le laisser m'humilier à ce point sans rien faire en retour, c'est qu'il me connaît mal.
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Merci d'avoir lu le chapitre 3. On se retrouve bientôt pour le chapitre 4 ! N'hésitez surtout pas à laisser votre avis en commentaire.
-Cass&Ana xx
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The burning chill
Roman pour AdolescentsAlyssa et Nathan se connaissent depuis plusieurs années et ont, inconsciemment, grandi ensemble. Or, la haine qu'ils éprouvent l'un pour l'autre est le seul point en commun de ces deux jeunes adultes assoiffés de vengeance. Cependant, s'ils laissai...