Chapitre 17

57 3 0
                                    

Je tape du pied et jette un énième coup d'œil à ma montre. Les cinq autres personnes devant moi semblent, elles aussi, exténuées par l'attente interminable. Le film risque de commencer d'une minute à l'autre vu les premières lueurs du crépuscule qui émanent du ciel. La file finit peu à peu par diminuer et après plus de quinze minutes, je finis par avoir mon pop-corn. Je vais rejoindre les autres dans le stationnement et m'assieds sur une chaise de camping aux côtés de Julie et d'Édouard. Nathan, quant à lui, est à l'intérieur de la voiture, probablement pour échapper aux moustiques. Le film Parc jurassique ne tarde pas à commencer. Près de dix minutes après le début du film, mon coton ouaté de deux épaisseurs n'empêche pas le vent de venir s'abattre sur moi.

-Je vais entrer dans l'auto, il commence à faire froid.

J'attrape le bol de maïs soufflé et entre dans la voiture, sur le banc à l'arrière, rejoindre Nathan. Après m'être confortablement assise, je tends le bol en direction de Nathan.

-Tu en veux ?

Il en prend une poignée et l'amène à sa bouche. Nous écoutons le film attentivement pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'il me demande :

-Qu'est-ce qui t'as poussé à m'aider, l'autre fois, quand j'étais en prison ?

-Je ne sais pas trop, en fait.

-Tu ne pouvais pas résister à mon charme, c'est ça ? Tu te disais que si tu ne m'aidais pas, tu n'allais plus jamais revoir mon beau visage qui te fait tant rêver.

Son ego surdimensionné va, un jour, probablement se retourner contre lui. S'il le pouvait, je suis certaine qu'il aurait déjà vanté tous ses mérites à une agence de mannequinat.

-C'est sûrement ça, dis-je un sourire aux lèvres.

Lorsque je me retourne vers lui, son regard pèse sur moi. Ce regard qu'il avait tendance à m'envoyer lorsqu'il était en rogne contre moi, sauf que cette fois, ce n'est pas de la frustration qui y est cachée, mais plutôt une sorte d'attirance. Je m'approche lentement de lui et sans comprendre comment, mes lèvres rencontrent les siennes. Le contact de nos lèvres scellées n'est pas abject comme je m'y attendais. C'est plutôt affriolant, même. Lorsque nos lèvres se séparent, un profond désappointement s'empare de moi. J'ouvre les yeux et rencontre son regard. En réalisant ce que je viens de faire, je détourne rapidement les yeux pour les poser sur le film. Je sens son regard pesant sur moi, à plusieurs reprises, mais je refuse de l'observer, moi aussi, et de céder à la tentation. Le regret commence peu à peu à faire son apparition dans mon esprit. Il est censé être l'être le plus détestable, alors qu'est-ce qui m'a pris de l'embrasser ?

* * *

Après le film, je rentre chez moi, toujours en me questionnant sur le tournant des événements dans la voiture. Pour pouvoir y voir plus clair, rien de mieux que les conseils de sa meilleure amie. Je me jette aussitôt sur mon téléphone et lui écris un message lui disant de se rendre chez moi.

* * *

-Ça faisait longtemps que je n'étais pas venue ici.

-C'est vrai. Ton copain prend tout ton temps.

Elle me fait une grimace, puis je réalise que c'est le moment de lui confier le baiser échangé entre Nathan et moi. Je m'empare de l'oreiller et me cache le visage avec. Maintenant que c'est le moment d'avouer, tout mon courage s'est lâchement évaporé.

-Qu'est-ce que tu as encore fait ?

-J'ai embrassé Nathan.

Je devine le froncement de ses sourcils à l'entente de cette phrase.

-Quoi ? me demande-t-elle, incertaine.

-C'est à cause de lui et de ses yeux envoûtants.

-Donc j'ai bien compris ? Tu... tu as embrassé Nathan ?

J'enlève le coussin de mon visage, en le gardant toutefois dans mes mains et hoche timidement la tête.

-Toi ? Embrasser Nathan à cause de ses « yeux envoûtants » ? Mais qu'est-ce qui t'as pris ?

-Tu es censée m'aider, pas me réprimander !

-Tu as raison. Alors, explique-moi ce qui s'est passé.

Je repasse les événements dans ma tête, ce qui ne fait que mettre le désordre dans ma tête.

-On était dans l'auto, puis il m'a regardée et une sorte de connexion s'est créée entre nous et m'a obligée à l'embrasser, j'explique en exagérant un peu les faits.

-Écoute, ce ne doit pas être si grave que ça. Ce n'est pas la première fois que tu embrasses un gars et même si c'est Nathan, ça ne change pas grand-chose puisque tu n'as rien ressenti.

Elle semble si convaincue par ses propos qu'elle pourrait presque me convaincre, mais je sais très pertinemment que quelque chose s'est produit tout à l'heure. Qu'on le veuille ou non, à force de passer du temps avec une personne, on finit par s'attacher. 

—————

Eh voilà, le premier baiser entre Alyssa et Nathan s'est enfin produit. Ce chapitre est relativement court, mais nous espérons que vous l'aimerez tout de même. Bisous!

-Cass & Ana xx

The burning chillOù les histoires vivent. Découvrez maintenant