Don't be so shy / N'Golo Kanté

Chapitre 1

N'Golo Kanté/15 juillet 2018

-Allez, NG ! Vas-y ! Va la soulever... Les photographes n'attendent plus que toi !

-Je... Je ne suis pas sûr que...

Steven me pousse.

-Il faut que tu immortalises ce moment, ça n'arrivera peut-être qu'une fois dans ta vie !

Je jette un coup d'œil à mes coéquipiers ; Ousmane et Paul font le tour du terrain avec la coupe, et presque tous sont partis voir Didier.

J'irai le remercier après... à l'abri des regards.

-Allez... reprend Steven en regardant Florian s'avancer vers les photographes. C'est aussi grâce à toi qu'on a gagné... T'es devenu le chouchou du public français !

-Dis pas ça... Ce soir, j'ai pas été au top, je suis fautif sur le but de Perisic... Et si on a gagné, c'est grâce à l'équipe !

Mon coéquipier s'esclaffe :

-NG... A t'écouter, c'est toujours grâce à l'équipe...

-Je ne vois pas trop où tu veux en venir... On est 23 à être champions, et on est 23 à l'avoir mérit...

Steven ne me laisse pas finir ma phrase :

-Flo ! s'exclame-t-il en voyant notre numéro 20 revenir vers nous. Tu peux donner la coupe à NG ? C'est à son tour d'aller faire la photo, et il ose pas demander...

-C'est pas que j'ose pas... Je... Euh...

-Bien sûr !

Flo me tend la coupe, et pour la première fois, je la vois de près. Elle est différente de tout ce que j'ai pu imaginer.

Steven me met une grande tape dans le dos.

-Allez, mec... Maintenant que tu l'as, va voir ces photographes !

Je vais poser devant eux et j'affiche un large sourire, mais je suis profondément mal à l'aise. Les flashs qui me mitraillent, la foule en liesse qui entonne des chants en mon honneur... Je ne me sens pas très à l'aise.

Les femmes et les enfants des joueurs rentrent sur le terrain ; je décide de rester un peu à l'écart. Je suis seul ; ma famille n'a pas envie d'être exposée aux médias, mais je sais qu'ils sont fiers de moi et qu'à mon retour en France, on fêtera ça tous ensemble.

Un homme s'approche de moi, et je le reconnais aussitôt. C'est Nate, mon manager et certainement l'un de mes meilleurs amis.

-Bravo champion ! s'exclame-t-il en se jetant dans mes bras.

Je lui souris.

-Merci mon gars, mais tu sais, j'ai pas été flamboyant ce soir, je provoque la faute qui entraîne le premier but croate, et...

Nate lève les yeux au ciel.

-Je suis allé parler à vos préparateurs physiques, et il m'a dit que tu étais encore malade mais que tu as quand même insisté pour jouer... T'as pas à rougir de ta performance, vraiment pas.

Je hausse les épaules, peu convaincu, et il décide de changer radicalement de sujet :

-Ta famille n'est pas venue ?

-Non... Je les reverrai demain, on passera la soirée ensemble...

-Laisse-moi deviner... Ils n'avaient pas envie d'être exposés ?

J'acquiesce, et Nate s'esclaffe.

-Sérieusement, vous n'êtes vraiment pas comme les autres... Bon, au moins, on sait de qui tu tiens... Mais ça aurait été cool de te voir avec quelqu'un... Genre une copine.