Don't be so shy / N'Golo Kanté

Chapitre 29

N'Golo Kanté/24 octobre 2018

J'étais dans la cuisine avec ma sœur, je lui faisais savoir que j'étais content de voir à quel point Mesut a pu changer en si peu de temps, à quel point elle a réussi à le faire changer... Et puis je les ai entendus... J'ai entendu Özil s'excuser d'avoir repoussé Orla !

C'est pas possible... Comment ai-je pu être aussi naïf ? J'ai fini par la croire, par me persuader qu'elle m'aimait vraiment... Mais elle voulait juste l'argent du gentil N'Golo et le corps du beau Mesut.

Je vois le visage de ma sœur se décomposer, ce qui m'énerve encore plus ; ils ont même réussi à lui faire du mal.

Orla rougit, mais cette fois, je ne trouve pas ça mignon... Pour la première fois, elle me dégoûte.

-N'Golo, je...

Je la foudroie du regard.

-S'il te plaît... N'en rajoute pas. C'est déjà trop pour moi.

-NG, c'était...

-Je te pensais sincère... J'y ai vraiment cru... Tu t'es bien amusée, n'est-ce pas ? A me faire croire que tu m'aimais... pour ensuite aller batifoler avec Özil ! Je n'ai jamais vu une personne fausse que toi !

Je sens que mes paroles la blessent... Mais j'ai besoin d'aller jusqu'au bout.

-Tu sais vraiment pas te tenir... Tu prétends vouloir te préserver jusqu'au mariage pour ensuite aller t'amuser avec d'autres hommes pour une poignée de billets...

Ma sœur fronce les sourcils.

-Comment ça, une poignée de billets ? Ne me dites pas que... Qu'elle est... Que c'est...

Personne n'a le courage de la contredire.

-Putain... Vous me dégoûtez... Vous me dégoûtez tous...

Elle pointe son index vers Orla d'un geste accusateur.

-Enfin, surtout TOI, pauvre traînée !

Je me dresse devant ma sœur :

-Kadida... Promets-moi de ne rien répéter, s'il te plaît... C'est très important...

Ses yeux lancent des éclairs.

-D'accord, je le ferai... Mais pour toi... Et certainement pas pour elle.

Elle se tourne vers Mesut.

-Et toi... Comment t'as pu... te taper une pute ?

-Je... Je l'ai repoussée, tu l'as bien entendu...

-Sauf qu'avec ce que je viens d'apprendre, je ne sais pas si je peux encore te faire confiance... Qui me dit que tu n'es pas encore en train de me mentir ?

Pour une fois, l'Allemand ne trouve rien à répondre.

-Je... Je veux partir d'ici... reprend-elle.

-Tu... Tu veux que je te ramène à la maison ? bafouille Mesut.

-Je... Oui... Mais n'espère rien ce soir, il sera même inutile de me parler... Ne crois pas que je rentre avec toi parce que je t'ai pardonné ; je n'ai juste pas envie de rester une seconde de plus dans la même pièce que cette salope.

Ils partent, nous laissant ainsi seuls. Je sens qu'elle a envie de me parler, qu'elle a envie de s'excuser, mais... Je ne veux plus lui parler, pas même la regarder ; elle me dégoûte.

Orla commence à pleurer.

-NG... S'il te plaît...

Son désarroi m'énerve plus qu'autre chose ; j'ai été trompé, trahi, toutes mes certitudes se sont écroulées... Et c'est de sa faute. C'est à moi de pleurer, pas à elle.

-Je... C'était il y a longtemps, et...

Je secoue la tête en retenant mes larmes.

-Non. C'est trop facile de dire ça...

-Mais...

-Je suis désolé... Je ne peux pas te pardonner ça...

Elle s'approche de moi et entoure ma taille de ses bras... Mais je la repousse aussitôt.

-Non. Laisse-moi... J'ai besoin d'être seul.

Ses yeux se remplissent une nouvelle fois de larmes.

-D'a... D'accord, je vais partir... Mais s'il te plaît, laisse Lola dormir ici pour cette nuit... Je te promets que je trouverai une solution... Je viendrai la chercher demain.

Je ne réponds pas, elle finit par se diriger vers la porte d'entrée. Elle l'ouvre, et un vent glacial s'engouffre à l'intérieur de la pièce. Elle me jette un dernier regard avant de s'éloigner et de fermer la porte derrière elle.

Je reste un moment sans bouger... Mais ma conscience me rattrape ; même si elle m'a fait du mal, je ne peux pas la laisser partir comme ça... Les rues de Chelsea ne sont pas sûres la nuit... Et puis s'il lui arrive quelque chose, comment pourrai-je me le pardonner ?

Je pars la chercher sans un mot et lui laisse mon lit pour dormir... Mais contrairement à toutes les autres fois, je ne viens pas la voir lorsque ses cris déchirent la nuit.