Chapitre 16

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Un milieux froid et triste, rythmé par un silence très bruyant. Il suffit d'être aveugle pour ne pas voir que la bonne humeur n'y est pas au rendez vous. A force de contempler les hôpitaux, on se demande si le monde entier n'est pas souffrant tellement ils sont toujours bondé de monde ! Li diara santè yallah barina ( l'on a toujours mille et une raisons de rendre grâce à Dieu) !

Je me demande comment cela se fait qu'on en soit là. Comment est ce que Cheikhouna a pu commettre une telle bêtise? Pourquoi avoir tu la vérité sur le décès de sa maman ? Pourquoi avoir cacher un truc pareil à Coumbis comme si elle était si ignorante que ça ou jeune pour digérer un tel coup ?
Voilà maintenant où son égoïsme aveugle l'a mené ! Je suis certaine que Coumbis a entendu notre conversation.
Assise au milieu de la salle d'attente, la tête penchée contre le mur je réalise soudainement que je ne pourrais dire depuis combien de temps je suis ici à contempler le vide.
Les pas de Cheikhouna m'ont sortis de ma léthargie; je le vois s'approcher de moi avec une tête d'enterrement.

__Alors que t-ont dit les médecins? Est ce que Coumbis s'est réveillée ? peut elle rentrer ? Me précipitai je à lui demander.

__On sort du pays aujourd'hui même! Je veux qu'elle soit mieux suivie Dija. Commença t-il en laissant une larme rebelle couler avant détourner le regard.
Je fais un pas vers lui et lui saisis la main comme pour lui montrer qu'il a tout mon soutien. Il la serra et poursuit:

__Elle est gravement malade mais je préfère ne rien dire; elle ne doit pas savoir ce qui lui arrive.

Pour être énervé, alors oui je suis au bout de l'énervement. D'une manière brusque je le bouscule avant de lui lancer rageusement:

__ Mais tu te prends pour qui Cheikhouna ? Tu te crois tout permis jusqu'à penser avoir le droit de taire des choses importantes comme bon te semble ? Qui mérite de souffrir sur cette terre ? Est ce moi par exemple? L'enfant de la rue sacrifié par des suceurs de richesse? La femme battue par son mari ? L'étudiante qui se fait chanter par un professeur pervers ? L'enfant violé dans sa propre famille ? Ou la petite maltraitée par sa marâtre? Tu nous emmerdes Cheikhouna ! Coumbis tout comme son entourage ont le droit d'être mis au courant! Mais merde à la fin !
Pour toute réponse il m'empoigna le bras avant de me sortir des paroles qui ont eu l'effet d'une douche froide sur moi.

__Tu es mal placée pour juger mes choix Dija ! Tout cela est de ta faute petite peste je regrette de t'avoir accueilli chez moi tu resteras toujours une source de malheur pour ce monde ! Khana meuno moudjei gaaniou nopal adouna ? ( tu devrais t'ôter ta propre vie) ! Je ne veux plus te voir Dija sors de ma vie ! Tu n'as jamais voulu de moi dans la tienne alors ce n'est pas aujourd'hui que tu te permettras d'être là à me casser les couilles ou vouloir me dicter ce que je dois faire! Hors de ma vue ! vas retrouver ton imbécile de mari qui te baise avec des coups, tu le mérites amplement! Hors de ma vue !

Je ne reconnaissant plus Cheikhouna ! Il était comme possédé. Je ne lui pardonnerai jamais ses paroles si tranchantes; néanmoins je le comprends d'une part. Il traverse des moments difficiles où les coups s'enchaînent ce qui fait que son impulsivité prenne le dessus sur son bon sens quelques fois, ce n'est qu'un homme !

Aucun mot ne parvenait à sortir de ma bouche. J'avais l'impression qu'il a tout à fait raison sur toute la ligne. En revanche, je dois avouer que ses mots m'avaient comme transmis une soudaine force inhumaine et une voix interne me soufflait que je me devais de me battre contre vents et marrées pour prouver le contraire. Je m'étais immédiatement dirigée vers sa maison pour récupérer mes affaires avant de laisser mes pas me guider vers une destination que j'ignorais au début.

(...)

Cela fait quatre mois que je travaille
Chez Mme Gueye en tant que caissière dans son grand magasin au marché Gambie (Colobane)
J'ai du me faire de nouvelles résolutions, il était hors de question que je laisse ma vie se chambouler sous mes yeux. Chaque minute, chaque souffle, chaque jour est une nouvelle chance de reconquérir ce monde rempli de pourritures.
Au début je passais la nuit dans les mosquées ou les places publiques , livrée à moi même. Mais quelques temps après j'ai pu trouver une petite chambre que je partage avec Fatou faye une étudiante à l'UCAD venu de la région de Matam.
Discuter avec Fatou me rend parfois nostalgique surtout lorsque le sujet porte sur les conditions d'études de l'université, les affronts entre autres. J'en oublie que j'ai abandonné l'université au milieu de la licence 2.
Cela n'empêche je rends grace à Dieu ! Aujourd'hui je gagne dignement ma vie, j'épargne le maximum de sous que je peux sachant que je n'ai aucune responsabilité si ce n'est assurer un avenir radieux à l'enfant que je porte !
Oui il m'arrive d'oublier que je suis en état de grossesse; grossesse non suivie! Oui je n'ai pas toujours l'argent pour me faire consulter j'ai donc préféré laisser le tout puissant y veiller. Je me contente tout simplement d'éviter toutes choses capables de porter atteinte à ce petit bout dans mon ventre.
Je remercie le bon Dieu car malgré tout je suis restée active, en pleine forme et rares sont les fois où je me sens mal.
La magie dans tout cela c'est que ma situation a fait que je sois plus encrée dans ma religion. Nombreuses seront les femmes qui s'adonneraient à des pratiques illicites si elles étaient à ma place. Rien que pour cela, je dois continuer de croire que je verrais le bout du tunnel tôt ou tard.

Unconditional {Terminée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant