- Wow mais t'es malade ! Ça va pas de surgir comme ça ! Ca fait la deuxième fois en deux semaines !Je détestais être prise au dépourvu, et encore plus par lui, Mattew, la dernière personne que je m'attendais à croiser. La seule personne qui parvenait à me provoquer cette sensation que je ne contrôlais pas; un mélange d'extase, de malaise et d'apaisement.
- Heey, relax, je précise que je t'ai pas fait tomber ton café dessus cette fois, se défendit il, les mains devant lui comme pour se protéger de mon agressivité, son sourire arrogant décidément craquant.
- Normal, j'en ai pas, rétorquais je.
- Hm.. en effet. Et, changeant sans prévention de sujet, tu m'as pas appelé.
- Heu.. j'ai perdu ton numéro, mentis je très mal, sans savoir que dire d'autre pour me justifier de mon silence.
- Ah d'accord, dit il simplement, sans avoir l'air le moins du monde contrarié par cet aveu qu'il savait pourtant être une piètre excuse, dans ce cas donne moi ton bras.
J'avoue avoir eu un moment d'hésitation,
- Quoi ?
Mais un fragment de seconde plus tard, ses gestes traduisirent ses mots. Pendant qu'il sortait de sa main droite un stylo de la poche de son sweet, il me prit délicatement le poignet de sa main gauche. Son emprise était à la fois ferme et tendre et ses doigts étonnement froids provoquèrent un frisson se répercutant dans tout mon corps. Je priai pour qu'il n'en ait rien vu.
Je l'observais à la dérobée s'appliquer à former soigneusement les boucles des chiffres qui composaient son numéro, qu'il ignorait que j'avais gardé dans ma poche. Les déplacements agiles de ce stylo qui était l'intermédiaire entre ses doigts et mon bras me fit frémir une seconde fois. Mais contrôle toi merde, m'ordonna ma voix intérieure. J'aimerais bien.
- Voilà ! Déclamait t'il, satisfait de son œuvre, en rangeant son outil à la place qui lui était destinée, maintenant t'as plus aucune excuse, et devançant celle que j'aurais pu lui donner auparavant, si t'as pas ton portable sur toi tu l'enregistreras ce soir, après m'avoir appelé.
Son ton impératif m'exaspérait au plus haut point. J'y devinais les paroles du Dom Juan qu'il devait être, et l'assurance qui vient avec l'habitude des conquêtes sans résistance. Mes mots vinrent briser les siens:
- Et pourquoi je t'appelerais ?
- Parce que tu as toujours ma veste. Et que tu la portes pas actuellement donc il faudra bien qu'on se revoit un jour où l'autre pour que tu me la rendes, non ?
Et merde, son sweet... j'avais complètement oublié. Je l'avais en effet laissé je ne sais où à mon studio. Il m'énervait encore plus à avoir toujours le dernier mot, avec son petit sourire satisfait qu'il se gardait bien de cacher.
- Mais non t'inquiète, j'déconne. Garde le si tu veux, il te va mieux qu'à moi de toute façon, et j'en ai d'autres. Je vais pas t'obliger à m'appeler stresse pas, et, laissant s'échapper un léger rire, je suis pas le genre de gars qui va venir te harceler jusqu'à chez toi et dormir sur ton paillasson.
Évidemment que non, tu auras mieux à faire ailleurs, à essayer avec d'autres filles si tes talents de séducteur fonctionnent mieux, pensai-je malgré moi. Et face à mon silence, il ajouta:
- C'est juste que j'ai passé un très bon moment avec toi l'autre soir.. et que j'aurais aimé qu'il y en ait d'autres.
Là, il avait réussi à me toucher.
- Oui, j'ai passé un bon moment aussi.. Je vais t'appeler rassure toi, lui assurai je en lui rendant son sourire espiègle, ton histoire de paillasson m'a convaincu de ta bonne foi. Et je te rendrai ta veste, c'est promis.
- Ah tant mieux ! Et il ajouta, il faudra que je te parle de quelque chose. J'ai une proposition à te faire.
- Une proposition ? C'est pas un peu tôt ? Lui lançai je en riant.
Il me sourit amusé.
- Rien n'est jamais trop tôt.
Il jeta un bref coup d'œil à l'horloge postée sur le mur du couloir dans lequel nous étions depuis tout à l'heure et, comme le soir précédent, m'annonça qu'il devait y aller.
Décidément, il devait avoir un emploi du temps personnel très chargé pour s'imposer des horaires fixes de retour...
Je m'apprêtais à tourner les talons vers la sortie quand il se pencha vers moi, s'appuyant d'une main sur ma hanche, et me déposa précautionneusement un bisous sur chacune de mes joues qui commencèrent à s'empourprer.- Bon et bien, à quand tu veux princesse !
Et il partit dans la direction opposée.
« Princesse ». Ce mot qu'il avait employé, au lieu de me flatter, fut la source d'une observation. Il aurait été plus judicieux de lui attribuer à lui ce surnom. Princesse cendrillon et son couvre feu de minuit, sa pantoufle de vair laissé à son prince -que j'étais par déduction- comme seule preuve de cette douce, bien que trop brève, nuit passée ensemble.
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Ces Poussières Filantes
RomanceHalley vient d'avoir 18 ans. L'âge des fêtes, des aventures, de l'impossible et de l'insouciance ? Pour elle, pas vraiment. Son petit frère est à l'hôpital et, quelles qu'en soient les raisons, elle porte sa part de culpabilité et de remords. Mais...