Chapitre XVIII

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       Nous dévalâmes les rues, écrasant deux ou trois nuages au passage, pour enfin arriver à une ruelle sombre et insalubre. Mattew me prit par lataille pour me rassurer, et m'entraîna un peu plus loin, derrière un immeuble vétuste où une échelle était appuyée contre le mur. Il me fit signe de monter, tenant les pieds d'acier solidement.

- Tes fesses d'abord, me chuchota-t-il, et je devinai son sourire espiègle.

Avec des phrases comme ça, fais gaffe aux tiennes, lui rétorquai-je en riant.

J'arrivai en haut, et ne pu retenir un cri de surprise devant le spectacle qui s'offrait à moi. J'étais arrivée sur un toit éclairé par la lune, surplombant la ville entière éclairée par les réverbères. Au milieu, était étendue une couverture épaisse, sur laquelle reposaient des bières, un paquet de gâteaux, un autre de marshmallow.. Ca ne pouvait pas être réel..

- Pince moi, je veux être sûre de pas rêver, intimai-je à Mattew qui était arrivé dans mon dos.

Pas de problème, et cet imbécile me pinça les fesses.

Eh, ça va pas !, le grondai-je, bien que morte de rire. Puis je me retournai vers lui, et soufflai : C'est magnifique, merci beaucoup. C'est le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait.

Et en guise de réponse, il m'embrassa.

       Il me fit signe de m'installer, me tirant avec galanterie une chaise imaginaire. Je pris place sur ce coin de paradis, où il s'assit àcôté de moi. Il sorti un briquet de sa poche.

- Tu fumes ? le questionnai-je, un peu déçue.

Tu bois ? me demanda-t-il, comme s'il ne m'avait pas entendue.

Heu oui.

- Et tu sais décapsuler les bières avec les dents ?

- Clairement pas, rigolai-je.

En guise de justification, il utilisa son briquet pour décapsuler une bière qu'il me tendit. Je souris.

- Merci. Et je lui demandai : Alors comme ça t'es allé rendre visite à Scott hier soir ?

- Heu oui.., répondit-il, l'air fautif.

Mais comment t'as fait ? Les visites sont interdites à cette heure là..

- Et bien.. je suis entré disons, par effraction.

- Ah bon ? T'es ce genre de mec toi ?, lui lançai je en souriant.

Si c'est pour la bonne cause, oui, me dit-il en me rendant mon sourire de ses yeux.

Ah, donc mon petit frère est une bonne cause ?, le taquinai-je.

Parce qu'il est le tien, bien-sûr.

Je déposai un baiser sur sa joue.

- Donc ce double appel, c'était un mensonge ?

- J'en ai bien peur.. Excuse moi.

- T'es pardonné.

Il passa un bras autour de mes épaules.

- Alors, ce secret, il vient ?

- Oh mince, lâchai-je en affichant une expression de déception.

Quoi ?

- Je l'ai oublié en bas de l'échelle.

- Oh, c'est trop con, je vais devoir être obligé de te balancer du toit pour que tu le récupères au plus vite, continua-t-il.

Et il me prit par surprise par les jambes pour me poser sur son épaule,me faisant tourner sur le toit.

- D'accord, d'accord, je vais t'le dire !, m'esclaffai-je pour qu'il me repose.

C'est pas trop tôt, lâcha-t-il en me posant par terre.

Bon, quel genre de secret tu veux savoir ?

- Celui que tu n'as jamais confié à personne.

- Hm.. ça va pas te plaire, le prévins-je en pensant en toute honnêteté à ce que je n'avais jamais dit.

Tant pis.

- Tu promets de pas le répéter ?

- Je promets.

       Et il plongea ses yeux dans les miens avec tant de franchise et dedouceur que j'osai avouer pour la première fois ce que je n'avais jamais osé formuler à voix haute à personne. Je baissai les yeux, et dis à voix basse ces mots qui m'arrachèrent le cœur :

- J'ai été violée.

Une larme perla le long de ma joue, et vint ruisseler le long de ma main, qui commençait à trembler.

Mattew la pris dans ses deux mains, et essuya la larme suivante sur mon autre joue.

- Je suis désolé Halley, ce défi était stupide, j'aurais pas dû insister.

- Non, t'inquiète pas, je regrette pas de te l'avoir dit. Et j'ajoutai, n'osant toujours pas lever les yeux vers lui, tu vas m'abandonner maintenant hein ?

- Comment ça ?, m'interrogea-t-il sans comprendre.

J'imagine que c'est ce que feraient la plupart des mecs en apprenant ça.. Je deviens une.. complication.

- Qu'est ce que tu racontes ? En quoi t'es une complication ?

- Et bien, on va dire que c'est pas facile de me mettre dans son lit, tentais-je d'expliquer en esquissant un rire qui sonna faux.

Il prit mon visage dans ses paumes, me forçant à le regarder dans les yeux.

- Halley, tu es la plus belle personne que j'ai jamais rencontrée. Tu es magnifique, intelligente, talentueuse, drôle, honnête, sensible.. Jamais je ne t'abandonnerai. Et il baragouina quelques mots que je ne pus percevoir.

- Merci, lui dis-je en lui affichant mon sourire le plus reconnaissant.

- Halley ?

- Oui ?

- Je t'aime.

- C'est parce que tu me connais pas, me défendis-je.

- J'te connais suffisamment pour savoir que je suis amoureux de toi Halley Harper.

- Et je chuchotai, le plus bas possible, espérant qu'il ne m'entendrait pas :

- Je t'aime aussi.


       Et la plus belle soirée de ma vie se poursuivit.

- Tu sais, ça faisait partie d'un point de ma bucket list, lui avouai-je en souriant.

- De quoi ? T'asseoir à côté du gars le plus charmant de toute la ville ?, me charia-t-il.

Je lui donnai un coup de coude.

- Passer une soirée sur un toit.

- Il reste quoi ?

- Oh, plein de choses, j'étais inspirée le jour où je l'ai rédigée, riai-je.

Il me passa le sachet de marshmallows.

- Ah ben ça par exemple.

- Quoi ? Tu vas pas me faire croire que t'as jamais mangé de marshmallow de ta vie ? S'insurgea-t-il.

- Non rassure toi. Mais manger un marshmallow grillé, ça non.

- Et bien, on va arranger ça alors.

       Et je l'observai stupéfaite faire « griller » un marshmallow avec son briquet, manquant de se brûler les doigts, et me le tendre sur une capsule de bière, entièrement noir.


- C'est quoi le prochain truc à cocher ?, s'enquit-il en me prenant dans ses bras.

Ces Poussières FilantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant