Chapitre XVII

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       Sans réfléchir, j'appelai Mattew le soir même, en arrivant chez moi, pour lui raconter mon admission dans le groupe, oubliant de le questionner sur sa fuite de la veille:

- J'en étais sûr.. Comment ils auraient pu passer à côté de toi ?

- Pff, si ça avait pas été toi qui m'envoyait, j'étais jetée dehors par Marcus avant d'avoir ouvert la bouche, rigolai-je.

- Oh laisse-le tomber lui, il fait son gros dur, mais en vrai c'est un gros bisounours.

- Hm, il cache vraiment bien son jeu alors.

- T'inquiètes pas pour lui, dans deux jours il t'offrira des croissants, se marra-t-il.

Ca, j'en doute, dis-je en souriant.

- On peut se voir ?, demanda-t-il, me prenant de court.

- Quoi ? Maintenant ?

- Heu oui, on pourrait aller prendre un verre, ou faire c'que tu veux d'ailleurs.

- Mais, attend.. il est quelle heure ?

- 20h30 à peu près.

- Merde.. Putain de merde.

- Qu'est ce qu'il y a ?

- Scott.. Mon petit frère, j'ai pas vu l'heure je l'ai oublié j'ai oublié d'aller le voir il est tout seul c'était mon soir on est samedi je l ai oubl

- Calme toi, on va trouver une solution.

- Y'a PAS de solution, Mattew ! L'heure des visites est passée !

- Appelle l'hôpital, explique leur que tu as eu un imprévu, et demande leur de l'expliquer à Scott.

- Oui, t'as raison, j'ai plus que ça à faire de toute façon.. et je pleurai.

- Oh Halley, ça arrive, c'est pas de ta faute.

- Evidemment que c'est de ma faute..

- Je t'assure que non.. C'est pas sensé être ton rôle.

- [...]

- Heu.. Halley, j'vais devoir te laisser, j'ai un double appel. Je te rappelle plus tard. Bisous, prend soin de toi, et surtout, culpabilise pas.

       Je raccrochai en pleurant comme une gamine. Bien-sûr que je culpabilisais, comment faire autrement ? J'avais privilégié m'intégrer à un groupe de musique à mon petit frère qui se languissait tout seul à l'hôpital. J'appelai l'infirmière, mais tombai sur le répondeur.. Il devait être trop tard.


       Je me rendis dès le lendemain matin à l'hôpital, dans l'espoir de compenser mon oubli de la veille auprès de Scott. Je me précipitai dans sa chambre et m'excusai avant même de lui dire bonjour.

Maisil n'avait pas le moins du monde l'air contrarié, et me dit même,tout sourire :

- Moi j'ai trouvé ça cool que t'envoies ton copain, il est trooop sympa !

- Que j'envoie qui ?, l'interrogeai-je, perplexe.

Ton copain, me répondit-il comme une évidence.

       Je ne relevai pas et continuai la conversation avec lui comme si de rien n'était, heureuse de constater que mon absence était passée plus qu'inaperçue. Mais je comptais bien sur une explication avec Mattew. Scott me raconta tout ce qu'ils avaient fait, Mattew et lui, il l'adorait déjà, à m'en rendre presque jalouse. Et il fallait bien admettre que même s'il m'avait menti, c'était adorable de sa part d'avoir fait tout ça pour lui, pour moi.


       Je lui envoyai un message dans l'après-midi, lui proposant qu'on se voit. Il repoussa ma proposition à la fin de soirée. Ne sachant pas trop quoi faire en attendant, tournant en rond dans mon studio, je pris ma guitare et me mis à composer une chanson.

J'étais en pleine finalisation du dernier couplet quand je sentis mon portable vibrer.

Mattew :Je viens te chercher dans 15mn. Prend un gros pull, je t'emmènedans un endroit pas chic ;)

       Une vague d'excitation se faufila dans mon sang, et ça faisait bien longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Cette fois-ci, on pouvait dire sans trop de crainte d'extrapoler, que j'avais bel et bien un rencard avec Mattew. Et cette perspective me réjouissait. J'en oubliai même sa part d'ombre qui m'effrayait.

Un quart d'heure.. ça faisait peu.. Je reposai ma guitare, couru à la salle de bain me mettre du déo et repasser du mascara sur mes cils. Je donnai un coup de brosse à mes cheveux emmêlés et me brossai les dents, en espérant en souriant devant mon miroir que ça ne serait pas totalement inutile.

       J'entendis frapper à la porte, mon cœur frappa sous mon pull. J'allai lui ouvrir. Il me dévisagea de la tête au pieds et déclara, avec l'expression d'un connaisseur d'art :

- J'avais oublié à quel point tu étais belle.

- Pas moi, rétorquai-je en le dévorant des yeux. Il sourit, et se pencha vers moi pour m'embrasser sur le front.

On y va ?

- Avec plaisir.

Je fermai la porte derrière moi et il me lança :

- Le dernier arrivé en bas devra avouer son plus gros secret à l'autre !

       Et il sauta d'un bon agile sur la rampe de l'escalier et commença à glisser comme un enfant, riant de sa victoire presque assurée. Je dévalai les marches, quatre à quatre, comptant bien ne pas lui offrir une si belle victoire. La course fut serrée, mais il me battu quand même, à quelques secondes près.

- J'ai gagné ! S'exclama-t-il, l'air sincèrement ravi, ce qui me fit pouffer de rire.

- Fait pas ta maligne toi, tu me dois un secret j'te signale, ajouta-t-il, sérieusement, tandis que je reprenais mon souffle.

Ouais, ouais, on verra ça une fois arrivés.

- Alors allons-y vite, lança-t-il, en me prenant par la main.

Et nous courûmes dans la ville ensommeillée à en perdre haleine et gravité.

Ces Poussières FilantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant