Quelques rayons lumineux assurés persistèrent avec acharnement à me sortir de ce cauchemar, inhabituellement différent. Je roulai sur le côté, et c'est en voulant tirer ma couverture sur mon visage pour retrouver les réponses -bien qu'effrayantes- à toutes mes questions terrées dansl'obscurité de mes rêves, que je me rendis compte de la réalité dans laquelle je me trouvais réellement.
J'ouvris les yeux et me redressai brutalement, tirée par ma conscience de nouveau effective. J'étais assise sur le sol de ma chambre/salon, où j'avais vraisemblablement dormi. Et il faisait jour... bien trop jour à mon goût.
En effet, un coup d'œil fébrile àl'horloge au dessus de moi -qui, contre toute attente ne s'était pas arrêtée- confirma mes soupçons. 10h10. Triste atterrissage.
J'avais déjà loupé 2h de TD (dontles absences ne passaient pas inaperçues) et j'étais en train de rater également l'heure suivante.
- Merde. Merde, merde, merde.
Je me levai d'un bon et courrai prendre une douche, enfilai les premiers vêtements que je trouvai et empoignai mon sac et mes clefs, tout en jetant le coton démaquillant avec lequel j'avais effacé les vestiges de la soirée dernière.
Heureusement, j'habitais dans une résidence universitaire, ce qui me garantissait au moins une distance réduite jusqu'au campus.
J'arrivai finalement à bout de souffle à mon troisième -et cependant premier- cours de la journée déjà entamé. Heureusement, c'était en amphi, je passerais plus inaperçue, me rassurai-je.
Je montai les marches quatre à quatre jusqu'à la grande porte qui, je le savais, cachait 300 élèves et une vielle maître de conférence qui récitait le même cours depuis 30 ans. Je m'encourageai à voix basse : Allez, tu t'es déjà tapée des hontes bien plus grosses que ça.. Souviens toi, à 10ans, quand Sam a lu ta lettre d'amour à toute la classe, ou quand tu t'es assise dans une crotte... Excuse moi pour le jeu de mot, mais cette fois-là, t'étais littéralement dans la merde, ou quand... Ça va, ça va, j'ai compris merci, j'y vais.
Et je me décidai finalement à la pousser timidement et la fermai derrière moi le plus discrètement possible. Malheureusement, la discrétion ne fut pas au rendez vous. La vielle porte grinça de toute ses vieux membres de bois, ce qui me valu d'être la cible de 302 yeux: 2 désapprobateurs (le maître deconférence) et 300 simplement curieux.
Je baissai les yeux, et cherchai désespérément un siège vide sur lequel me glisser pour échapper à toute cette attention, sans succès. Je commençai à me résoudre à passer le cours debout contre le mur, lorsqu'un garçon, style bad-boy-de-teenager-movies au regard profond et au sourire radieux me fit signe de venir en m'indiquant desa main l'emplacement vide à côté de lui.
- Merci, tu me sauves, lui chuchotai-je en m'asseyant, tout en priant mentalement pour que les gonds de ce strapontin aient bénéficié de plus d'huile que ceux de la porte d'entrée.
- Y'a pas de quoi, me lança t il, accompagnant ses mots d'un grand sourire chaleureux.
- J'ai raté quoi ? Lui demandai-je, tout en me penchant vers lui, remarquant au passage le délicieux parfum dont il était vraisemblablement la source. Je contemplai à la dérobée ses cheveux bruns en bataille, sa lèvre inférieure entaillée, sa boucle d'oreille et les tatouages qui s'étendaient au delà de son tee-shirt noir sur ses poignets; puis détournai le regard.
- 32 minutes de monologue de cette charmante dame dans la fleur de l'âge que tu peux observer en pleine extase oratoire, me répondit-il, sans laisser de côté son sourire espiègle.
Je lançai un œil amusé sur la dévolue de ces louanges, et manquai de m'esclaffer en mesurant l'écart conséquent entre la description dupersonnage qu'il venait de me faire, et le personnage réel, que je n'avais jusque là pas vraiment observé.
En bas des gradins, se trouvait une dame, certes, mais cependant dénuéede tout charme: empotée, engoncée dans une robe à paillettes moulante, de grosses lunettes vissées sur le bout d'un nez épaté,et les cheveux témoignant d'une ancienne coloration blond platine, cependant victime de la pousse de racines grises, preuve de son âge très avancé.
- Au fait, moi c'est Jim, me renseigna-t-il en me tendant la main.
- Enchantée Jim.
- Aurai-je l'immense privilège d'apprendre ton nom ?, me lança t-il en rigolant.
- Ah oui, désolée, j'suis un peu à l'ouest en ce moment. Je m'appelle Halley, lui répondis-je en souriant.
- Que t'es à l'ouest, je crois qu'on est 300 à l'avoir compris, dit-il sans s'arrêter de rire. Très joli prénom, vous êtes bien assortis. Et il me lança un énième sourire à faire tomber n'importe qui de son strapontin.
- Oh, merci, dis-je sans savoir que dire d'autre.
- Il t'es arrivé quoi ce matin, flemme de sortir de ta couette ?
- En fait j'ai dormi par terre, me défendis-je en rigolant.
- Comment ça ?
Et merde, j'aurais mieux fait de me taire. Comme d'habitude, me lança avec sarcasme ma voix intérieure.
- Heu.. j'étais un peu.. bourrée et heu.. j'ai pas réussi à retrouver mon lit, ahah, mentis-je (mal).
- Tu sais, t'es pas obligée de me raconter si tu veux pas, mais t'es pas obligée de me mentir non plus, me dit-il à mi-voix, ne souriant qu'à moitié cette fois.
- Je suis désolée. Je me suis disputée avec un.. copain, avouai-je en réfléchissant à ce que Mattew était pour moi.
- Un copain, ou ton copain ? , m'interrogea-t-il, comme s'il avait lu dans mes pensées.
- A vrai dire, je ne sais pas vraiment..
- Si il est parti en te laissant par terre, c'est que c'est vraiment un connard, marmonna-t-il dans sa barbe, qu'il n'avait pourtant pas, remarquai-je en souriant.
Et nous commençâmes à prendre en note le cours que récitai cette bonnefemme, 20 marches plus bas. J'espérais à pensée basse que Jim deviendrait mon ami, et osais même à rêver qu'il le soit pour un moment. J'en oubliai même Mattew..
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Ces Poussières Filantes
RomanceHalley vient d'avoir 18 ans. L'âge des fêtes, des aventures, de l'impossible et de l'insouciance ? Pour elle, pas vraiment. Son petit frère est à l'hôpital et, quelles qu'en soient les raisons, elle porte sa part de culpabilité et de remords. Mais...