Partie IV

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Trois mots, sept lettres... Une fois hors de ta présence, j'ai dû retourner à la réalité et cette petite phrase a torturé mon esprit toute la journée. Etait-ce un aveu sincère ou un simple produit de l'excitation du moment ? Tu n'as rien laissé paraître, à croire que tu ne t'es même pas rendu compte de ça. Cependant, tu m'as embrassé différemment après. Plus passionnément, comme si tu voulais imprimer en moi l'empreinte de tes lèvres. Je refuse de croire que c'est une simple coïncidence. Je pourrais simplement te poser la question après tout. Mais le reste de fierté qu'il me reste m'en empêchera, à moins que ce soit simplement mon côté maso. Comme après chacune de nos rencontres, ma journée se déroulera dans un état second qui oscillera entre la joie procurée par le fait d'avoir été dans tes bras et la culpabilité de l'avoir été. Aujourd'hui ces sentiments sont décuplés, à mesure que je me martyrise. Est-ce que tu es venu pour marquer la première année de notre relation ? Après tout, tu ne m'as rien dit à ce sujet et ce n'était certainement pas la première fois que tu m'apportais le petit déjeuner. Ma paranoïa me faisait peut-être voir des signes là où il n'y avait que routine. J'en suis même venue à me demander si j'ai vraiment entendu cette fameuse phrase. Je rentre chez moi, vidée, non pas par cette journée de travail mais par la tourmente imposée par mon esprit. Le problème c'est que ma maison est remplie de toi, je sens ta présence dans chaque recoin. Dans ma tête, les scènes de tous nos instants passés se rejouent, se mélangent et se confondent. Mon regard se pose sur le bouquet de fleur et je perds toute contenance. Je m'effondre subitement et assise sur le sol je verse toutes les larmes que mon cœur brisé contient. C'est le résumé de ma relation avec toi : des larmes et de la passion. Je crains que mon esprit ne supporte plus longtemps cette situation toxique, où tout soupçon de volonté est annihilé par ta voix. Il faut que je me libère de ton emprise, que je m'échappe afin de sauver ma santé mentale.

Il n'y a pas d'autres solution. Je dois mettre fin à notre relation. Ce soir.

Je me lève et me dirige dans la douche afin de reprendre mes sens. J'ai l'impression que l'eau emporte avec elle mes frustrations et ma colère et je me sens apaisée. Il est grand temps que je reprenne le contrôle de ma vie et que j'arrête de m'empoisonner avec cette relation vouée à l'échec. Le problème c'est de décider de quelle manière je dois rompre avec toi. Disparaître du jour au lendemain ? Impossible, nous avons trop d'amis en commun, tôt ou tard je te croiserai. Te le dire par message ? Ça semble si impersonnel. T'appeler ? A la seconde où j'entendrais ta voix douce et profonde je perdrais tous mes moyens. Quant à te le dire en face, ce n'est même pas envisageable.

J'opte donc pour la manière la moins violente pour mon cœur et en un roman que j'ai essayé de rendre le moins pathétique possible, j'ai rompu avec toi. En appuyant sur la touche « envoyer », je me rends compte que mon visage est baigné de larmes. Je sais que j'ai pris la bonne décision mais cela ne m'empêche pas de me sentir brisée, concassée par le poids de mes sentiments et mes déceptions.

Dix minutes d''angoisses plus tard, mon téléphone vibre et j'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine. Ton nom s'affiche sur mon écran et je suis prise d'une crise de panique en découvrant ce message « Je savais bien qu'il se passait quelque chose entre vous. Merci de m'avoir prouvée que je ne suis pas la pauvre idiote que vous pensiez que j'étais. Tu vas le payer. »

Il ne manquait que ça. Douze mois de relation cachée et il fallait que ce soit mon message de rupture que ta compagne découvre.


Ce que j'aurai aimé que tu sachesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant