Partie V

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Pourquoi le sort s'acharne-t-il ainsi sur moi ? Pourquoi rien ne peut être simple avec toi ? Je voulais m'en aller, sans faire de vagues. Essayer de reprendre le cours de mon existence et me persuader que j'ai rêvé les derniers mois. Mais voilà que depuis trente minutes mon téléphone sonne sans arrêt et bien que ce soit ton nom s'affiche, je sais pertinemment que c'est quelqu'un d'autre. Au bout d'une heure les appels se stoppent et je ne sais pas si je suis terrifiée ou soulagée. Que va-t-il se passer maintenant ? Je me rappelle ce jour où ton imprudence avait failli nous faire être découverts, lors d'une fête d'anniversaire. J'avais longtemps hésité avant de céder à la pression de mes amies et de me rendre à fameuse villa. Tu étais là, bien sûr, assis pas très loin de la piscine avec deux amis. Ta vue eût pour résultat d'empourprer mes joues et le sourire qui illumina ton visage quand tu croisas mon regard me rendit plus heureuse que tout. La manière dont tes lèvres se sont attardées sur ma joue au moment où je suis venue te saluer m'a fait frissonner. Les filles et moi avons alors accepté votre proposition de se joindre à vous et bien qu'assise juste à côté de toi, j'essayais d'être la plus distante possible afin de ne pas éveiller les soupçons. Mais au bout d'un moment, la tentation devenait trop forte et juste avec le regard un rendez-vous tacite est convenu entre nous. Je me lève, ayant repéré un coin dérobé aux yeux des autres personnes présentes, et cinq minutes plus tard, ta main était posée sur ma hanche. Le goût de l'interdit et le risque de se faire surprendre donnaient à nos baisers un goût plus intense. Ta bouche était avide de la mienne et tu ne laissais pas mon corps se détacher du tien. Inconscience qui a failli nous être fatale, quand subitement Elle est arrivée à la villa et bien évidemment commença à te chercher. Par une belle pirouette, le pire fût évité ce jour-là. Le reste de la fête fût une torture pour moi, comme à chaque fois que nous nous trouvions tous les trois dans le même lieu. L'envie d'être à tes côtés, de rire à tes blagues, de te dévorer des yeux sans culpabilité et danser avec toi. Juste ça. Danser. Sentir ton corps contre le mien, en symbiose, se mouvant au rythme de la musique. A la place, je devais sourire aux autres, m'intéresser aux conversations et danser avec d'autres. Ma seule consolation restait ton regard qui ne se détachait pas de moi, plein de désapprobation et de jalousie. Neuf fois sur dix, je pouvais être sûre que tu passerais la nuit avec moi, voulant combler la frustration de ne pas avoir pu m'arracher au bras de mes cavaliers. J'aimais jouer à ce petit jeu dangereux tout en sachant qu'il mettait la puce à l'oreille de notre entourage. C'étaient ces petits instants, volés à la réalité qui m'enfonçaient un peu plus dans mon addiction à toi. Je crois que je peux, sans être trop présomptueuse, dire qu'il en était de même pour toi. Je me rappelle qu'une fois, tu n'avais pas réussi à garder ton sang-froid, et sans ménagement tu m'avais arrachée au bras de mon cavalier trop tactile à ton goût. Ce fût le seul soir où nous nous risquâmes à danser au vu et au su de tout le monde. Ton corps plaqué contre le mien. Tes mains sur mes hanches. Ton souffle qui se mêle au mien. Tes lèvres qui frôlent les miennes. C'était irréel, magnifique et tellement sensuel que je me demande encore comment l'assemblée présente n'avait rien vu. Cette nuit-là, bien évidemment nous l'avons passée ensemble et le ballet qu'effectuaient nos corps ensemble était si embrasé que l'air conditionné ne pouvait avoir raison de notre sueur. Je peux encore sentir dans ma chair ce moment où, fermement, tu as bloqué mon corps au-dessus du tien et en me regardant droit dans les yeux, tu as déclaré simplement « Tu es à moi femme. Ma femme. » Et je l'étais, corps et âme, sans restriction aucune. Mais quelle importance tout cela a aujourd'hui ? Notre secret est découvert. Je t'ai perdu.


Ce que j'aurai aimé que tu sachesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant