Partie XII

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Je te retrouve tout au fond du parking et saute dans tes bras comme j'en ai eu envie depuis le départ. « Nous n'avons pas beaucoup de temps, me souffles-tu dans un baiser, mais il fallait que je sois prêt de toi et que je te dise combien tu es magnifique » Je souris de toutes mes dents en rougissant et te retourne le compliment. Je t'offre un dernier baiser passionné, te caresse la joue et te donne le dos en déclarant qu'il serait plus prudent que cet instant ne s'éternise pas.
Je dois avouer que j'ai espéré pendant une longue minute que tu tentes de me retenir et que tu me propose de m'enfuir avec toi. Mais tu n'en as rien fait et je suis retournée à la fête. Ce petit aparté ne m'a pas fait autant de bien que je l'aurais cru. Je choisis de ne pas me laisser démonter et repars sur la piste de danse accompagnée de mon inséparable copine.
Le moment « slow » arrive et plusieurs couples se forment. C'était généralement le moment le plus triste pour moi car je ne peux jamais me balancer lascivement au rythme de la musique dans tes bras. Je retourne donc m'asseoir avec ma copine en observant avec jalousie les duos qui ne semblent se soucier de rien d'autre à part l'instant profond qu'ils partagent. Lasse de m'apitoyer sur mon sort, je décide de me rendre aux toilettes à l'autre bout de la salle. Ô suprême erreur !
Alors que j'arrive à mi-chemin, mes pieds refusent subitement d'avancer. Je suis comme frappée par la foudre. Vous êtes en face de moi, en train de danser. Sa tête est enfouie dans le creux de ton cou que ses bras enserrent. Tes yeux sont fermés et tu lui caresses le dos. Je me sens étrangement honteuse d'être témoin de votre intimité mais je n'arrive pas à détourner le regard. J'ai chaud et froid en même temps, ma tête tourne.
Je n'ai jamais supposé que tes sentiments pour Elle étaient complètement éteints mais en vous observant, il est flagrant qu'un lien assez intense vous unit encore. Après tout, vous êtes ensemble depuis pratiquement huit ans, malgré des périodes de turbulences sévère selon ce qu'un ami un peu trop bavard m'a confié un jour. La vérité me fouette le cœur.
Nous n'avions parlé d'Elle qu'une seule fois toi et moi. Au moment où j'avais découvert qu'elle était bien plus qu'une simple amie ou ta sœur (supposition que tu m'avais laissé garder trop longtemps). Bien que tu ne sois pas rentré dans les détails, j'avais compris que votre histoire était ancienne et complexe et que tu n'étais pas prêt à la laisser malgré le « coup de cœur » que tu as avoué avoir eu pour moi. A l'époque, je préférais ignorer les sentiments qui naissaient en moi et n'avais pas tenté d'en savoir plus. Aujourd'hui, je regrette. En laissant ce flou autour de votre relation, j'autorisai une part de mon subconscient à rêver que peut-être finalement un jour tu serais entièrement à moi. C'est la première fois que je ressens de la jalousie à cette intensité. Cela doit être dû aux six derniers mois féériques, au cours desquels j'avais la sensation que tout pouvait être possible tout compte fait.
Quelqu'un me frôle le bras et me tire de mon état végétatif. Vous dansez toujours. Un retour à la réalité qui s'accompagne d'une douleur semblable à des centaines de coups de poignard au ventre. Il faut que je m'éloigne, que je prenne l'air, alors je cours vers les toilettes en renversant çà et là des chaises et en bousculant des gens. Une fois la porte refermée, mes jambes se dérobent et je suis une nouvelle fois victime d'une crise de larmes qui dure une bonne dizaine de minutes.
Je finis par me relever, tente de redonner à mon visage forme humaine tant bien que mal. Fin du match. Victoire par K.O de mon adversaire. Il était temps pour moi de descendre du ring et d'aller me terrer dans mon antre. Je file droit vers la sortie et tout ce qui m'entoure semble être irréel. Je ne perçois même plus la musique. J'ai une soudaine pensée pour toi et le fait que nous devions rentrer ensemble mais j'ai tellement l'impression d'étouffer que je n'ai pas la force de te chercher des yeux.
Enfin, j'arrive à la porte et mets un pied à l'extérieur. L'air frais me fait du bien et je recommence à me sentir moi-même. Une main me saisit fermement le bras et j'entends sa voix à mon oreille : « Je te cherchais. Il faut qu'on discute toutes les deux. »

Ce que j'aurai aimé que tu sachesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant