Ce que j'aurai aimé que tu saches

Partie XVI

Deux heures plus tard, mon portable est toujours scotché à ma main et mon visage est paré d'un sourire qui relie mes deux oreilles. Je regrette d'avoir accordé si peu d'attention à mon nouvel ami hier soir. Il est étonnement cultivé et plein d'humour. Tout ce que j'aime.

Pour être honnête, j'ai choisi de répondre à son message uniquement pour détourner mes pensées de toi, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit si facile. Mes deux compagnes de ce matin, colère et déception, ont pris congé et s'en sont allé gâcher la journée de quelqu'un d'autre.

Plus ma discussion avec Lui avance, plus j'ai envie de lui parler. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas ressenti le désir de faire connaissance avec un homme. Deux ans exactement. Depuis le jour où tes lèvres ont rencontré les miennes.

Je m'en rappelle comme si c'était hier. C'était un mardi, j'avais fini le travail plus tôt que d'ordinaire et ma voiture était tombée en panne. Nous avions convenu de nous voir le soir, pour que tu me présentes des maquettes que tu devais présenter à un client le lendemain. Je t'ai appelé pour annuler, en attendant le coup de fil de mon mécanicien. Tu étais venu me rejoindre et m'avais proposé de me raccompagner chez moi tandis que la dépanneuse emportait ma voiture à mon garage habituel. Nous sommes donc partis ensemble et nous sommes allé chez toi.

C'était la première fois que j'y mettais les pieds, mais je me suis tout de suite sentie à l'aise. Nous nous sommes assis confortablement sur ton canapé et avons commencé à discuter couleurs, formes et harmonie.

Une fois toutes tes maquettes analysées, nous avons discuté musique et j'ai voulu voir ta playlist de favoris que tu te refusais à me montrer pour ne pas que je me moque de tes morceaux « embarrassants ». En luttant pour attraper ton ordinateur, je suis tombée sur toi.

Et là, déclic. Mes yeux plongés dans les tiens, mon cœur s'est mis à battre un peu plus fort et une force contre laquelle j'étais impuissante à plaqué mes lèvres contre les tiennes.

Aujourd'hui quand j'y repense, des frissons me parcourent le corps et je crois que j'arrive même à sentir encore le goût qu'avait ta bouche ce jour-là.

Je ne suis pas très fleur bleue et n'ai jamais cru aux contes de fées, mais ce baiser fait partie de ceux qu'on décrit dans ces romances à l'eau de rose. Le fameux baiser inattendu, que personne n'avait osé imaginer, mais qui changeait le cours de toute l'histoire. Et ce de manière irréversible.

Nos lèvres se sont détachées au bout d'une bonne vingtaine de minutes, j'étais toujours à demie allongée sur toi. Quand nos regards se sont croisés une nouvelle fois, je ne saurais dire lequel de nous deux était le plus choqué par ce qui venait de se passer.

Cette nuit-là je n'ai pas dormi. La chaleur qui se répandait au creux de mes entrailles empêchait Morphée de m'emporter dans ses bras. J'étais heureuse. Je n'aurai pas imaginé une seconde le semi enfer qui allait s'ouvrir sous mes pieds pour m'engloutir grâce à ce baiser.

Encore une fois, la sonnerie de mon portable me ramène à la réalité. Mon cœur fait un bond en voyant ton nom s'afficher. Les souvenirs qui viennent de me revenir en mémoire ne m'aident pas à être raisonnable. Et bêtement, je décroche. Satanée addiction.

Ta voix à l'effet apaisant d'un coucher de soleil tant elle est douce et profonde. Tu es en train de te répandre en excuses mais je n'écoute qu'à moitié. J'ai envie d'être contre toi. Je ne prête même plus attention à la voix de plus en plus petite qui tente de me dissuader. Je crois que même ma conscience en a marre de m'indiquer la marche à suivre puisque je m'obstine à faire le contraire.

« A tout à l'heure alors. » susurres-tu. Je n'ai même pas réalisé à quel moment j'ai accepté de te voir. A ce stade, je crois que le dictionnaire n'a plus de définition concernant mon attitude. Stupide, idiote, imbécile et kamikaze sont devenus des mots trop faibles.

Tel un automate, je me lèveet vais en direction de la cuisine afin de préparer ton plat préféré.