Partie XIV

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Je suis déjà devant chez moi. J'étais tellement concentrée dans l'élaboration de mon plan que je n'ai pas fait attention au trajet. Toute la colère et l'humiliation que j'ai ressenti plus tôt ont disparu et ont laissé place à une soif de revanche exacerbée. 

Puisqu'Elle cherchait à m'humilier, il fallait que je lui rendre la monnaie de sa pièce. Je te veux pour moi. Mon ancienne culpabilité servait de rempart à mon besoin d'exclusivité et je m'étais résignée à te partager uniquement pour faussement soulager ma conscience.

Mais là je suis déterminée à prouver que je suis plus qu'une simple parenthèse. Enfin, je crois que je suis plus que ça pour toi.

Je décide de sortir le grand jeu afin que cette nuit soit gravée au plus profond de ton âme. Je change mes draps, pour un jeu en satin couleur bleu ciel, je dispose des bougies senteur fleur de Monoï sur chacune de mes tables de nuit ainsi que sur ma coiffeuse. 

Je sais que durant la soirée tu n'as pas vraiment bu d'alcool car tu conduis, donc je sais que tu ne refuseras pas de boire du champagne avec moi. Quant à moi, le discours pompeux et dédaigneux de ta compagne m'avait complètement dégrisée. Je sors donc un seau que je remplis de glaçons et dans lequel je dispose une bouteille d'un millésime que je gardais pour les grandes occasions.

Mon décor est planté. Il faut que je m'occupe de moi maintenant. Je me rends dans la salle de bain pour me démaquiller et m'épiler. Une fois ma peau rendue douce par le génie « Vénus », je prends une longue douche bien chaude qui m'aide à me détendre.

Dans ma tête, mon plan se peaufine. Première étape : rendre cette nuit et la journée qui va suivre inoubliables. Ensuite, tout faire pour que tu passes encore plus de temps avec moi. Jusqu'à présent, je n'ai jamais exigé grand-chose de toi. Toutes les fois où tu as dormi chez moi ont été à ta seule initiative. Le sentiment inconfortable de ne pas mériter les moments passés ensemble m'empêchait de te demander de passer la nuit avec moi quand j'en avais envie.

Mais tout cela est fini. Dorénavant je m'arrangerai pour que tu passes encore plus de temps avec moi. On verra qui deviendra une « petite parenthèse ».

 Après m'être enduite d'huile de jasmin, je m'assois dans mon salon et t'envoie un SMS afin de savoir si tu avais pu prendre congé de tes invités. Tu me réponds quasi immédiatement que ton départ est prévu dans vingt minutes, que tu dois encore trouver une manière d'expliquer que tu préfères « rentrer dormir seul chez toi » mais de ne pas m'inquiéter que tu viendras, c'est sûr. Histoire de te motiver un peu plus je t'envoie un selfie qui laisse découvrir le haut de la nuisette en soie transparente que je porte, avec pour légende « Hâte ». Je reçois de ta part trois petits mots « Oh Mon Dieu. » suivis d'une bonne quinzaine d'émoticônes aves les yeux en cœur. Je suis aux anges.

Une heure trente plus tard, tu n'es toujours pas là. Tu as été retenu par des invités retardataires m'as-tu expliqué il y a trente minutes. L'attente commençait à devenir longue. J'avais déjà fait une cinquantaine de scénarii différents dans ma tête. Leur fin était commune : tu m'appartenais enfin entièrement.

Il faut que je me change les idées sinon mon impatience chronique va se transformer en colère et tout sera gâché. Je prends mon ordinateur avant de m'installer confortablement dans mon lit et de lancer Netflix. Une série drôle me fera le plus grand bien et détournera mon attention de mon téléphone. Les aventures de Grace et Frankie m'ont complètement absorbées et une autre heure passa sans que je m'en rende compte.

 Un nouveau SMS de ta part arrive, tu as enfin réussi à mettre fin à ta fête. Il ne te reste plus qu'à te défaire de mon adversaire avant de prendre la route vers moi. Mon excitation remonte un peu et je te rassure en t'informant que je t'attends toujours. Je retourne à ma série, sourire aux lèvres, impatiente de découvrir les péripéties des deux drôles de vielles femmes.

La sonnerie de mon téléphone me fait sursauter. Je me suis endormie. L'écran de mon ordinateur est éteint. Je tends la main vers mon cellulaire sur lequel s'affichent le nom et la photo de mon meilleur ami. Je rejette l'appel. L'heure apparaît sur l'écran. Il est 9h36 du matin. Tu n'es jamais venu.

Ce que j'aurai aimé que tu sachesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant