Partie III

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Aujourd'hui ça fait exactement un an que nous entretenons cette relation. Couchée dans mon lit, je suis dans un état pitoyable, où la dépression flirte avec une colère contre moi-même intense. Comment ai-je pu laisser cette situation perdurer ? Mon moi d'avant toi doit me juger sévèrement. Accepter d'être une maîtresse de mon plein gré ? Ça n'est tellement pas moi ! Du moins, ça n'était pas moi. Avant. Cette période semble tellement loin, j'ai l'impression que dix ans sont passés. J'aimerais avoir le courage de te tourner le dos pour de bon, embrasser entièrement la réalité et ne plus me laisser dépasser ni aveugler par mes sentiments. Mais cette nouvelle moi semble bien moi forte que l'ancienne. Cependant, en faisant le bilan des douze mois qui viennent de s'écouler, je suis forcée de constater que depuis les deux derniers j'ai fait une petite avancée. J'arrive à résister à l'envie de te parler et de te voir, pendant une semaine entière. Ça n'arrête bien évidemment pas le flot continu de mes pensées qui te sont consacrées, mais quand même c'est un début.

Afin de rester dans cette dynamique, je décide que cette journée sera une journée où je t'ignorerai du mieux que je peux. De toute façon, je suis la seule à savoir ce que représente cette date, il m'appartient donc d'en faire un jour banal. Je dois d'abord récupérer un visage normal. Je me lève et me rends dans ma salle de bain afin de me préparer pour me rendre au travail. Quand j'entre dans la douche, je fonds en larmes. J'aurais aimé me réveiller à tes côtés ce matin, rire avec toi comme d'habitude et prendre cette douche avec toi. L'eau quasi brûlante ruisselle sur ma peau et se mélange à mes larmes. Cette journée sera bien plus difficile que je ne veux bien me l'avouer.

Une fois ma douche prise, je retourne dans ma chambre et constate que plusieurs notifications sont affichées sur l'écran de mon téléphone. Trois appels manqués et un SMS. Tous de toi. Mon cœur bat à la chamade pendant que j'ouvre fébrilement ton message. « Bonjour chérie, j'espère que je ne te réveille pas. Je t'emmène le p'tit dèj' ! J'arrive dans une quinzaine de minutes. » Je constate que le message date de dix minutes, ce qui signifie que tu arrives dans cinq minutes, ponctuel comme toujours. Je devrais t'appeler pour te dire de ne pas venir, inventer n'importe quelle excuse, rester sur ma position. Mais bien sûr, mon esprit te trouve dix milles excuses à la seconde et estime que ton acte est mignon et plein de prévenance. Ma lutte personnelle m'a tant absorbé que c'est en entendant le bruit de ta voiture que je constate que les cinq fameuses minutes étaient déjà passées.

Te voilà devant moi, souriant, aimable et beau ; un sachet de viennoiseries dans une main, un bouquet de fleur et un petit paquet dans l'autre que tu me tends après m'avoir embrassée. Mon cœur fond en découvrant la magnifique bague dans son écrin et l'odeur des magnifiques fleurs m'enivre. Je n'ai plus aucune volonté. Au diable mes bonnes résolutions d'il y a une heure ! Aux oubliettes les viennoiseries qui sentent délicieusement bon ! Déjà nos corps ne forment plus qu'un, mes lèvres sont soudées aux tiennes et le contact de ta peau m'enflamme au plus profond de mon être. Je suis à toi, entièrement, sans résistance aucune. Plus rien n'existe autour, il n'y a que ton odeur qui m'obsède et ta voix qui me murmure des mots doux. Sans même s'en rendre compte, nous voilà dans ma chambre et en détachant mon corps du tien, mes yeux se plantent dans les tiens. Le désir s'y lit, mélangé à un je-ne-sais-quoi qui me fait frissonner et décuple mon envie de me livrer à toi. Tu m'enlaces à nouveau et pendant que tu me couvres de tes baisers fiévreux, trois mots t'échappent dans un souffle. Je suis décontenancée mais je me torturerais plus tard avec cette phrase. Pour l'instant seule compte la symphonie de nos deux corps synchronisés.


Ce que j'aurai aimé que tu sachesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant