Avant que je puisse réaliser ce qui m'arrivais, Elle m'entraîne vers le parking. Je suis tellement sous le choc que je ne sais pas quoi ressentir. J'ai juste le pressentiment que je ne vais pas apprécier le moment qui va suivre.
Nous sommes face à face. L'alcool me donne assez d'aplomb pour la fixer dans les yeux et je sais qu'Elle voit sa victoire et la douleur que celle-ci m'a infligée dans le reflet des miens. Elle jubile et je le sens.
Après quelques minutes à jauger l'étendue du désastre causé par la soirée, Elle se lance dans une tirade sadique, cruelle et froide. Elle m'explique la genèse de votre histoire, tout ce que j'avais choisi d'ignorer. Elle me relate comment vous vous êtes rencontrés quinze ans auparavant, quand vous n'étiez que des enfants. Puis l'adolescence, la folie des hormones et votre amitié qui se transforme en amour.
En l'écoutant, je me surprends à penser que votre histoire est banale en fait. Mignonne, mais banale. Loin du feu de notre passion. Un sentiment de supériorité me gonfle la poitrine et j'ai envie de l'envoyer paître. Mais Elle continue.
Elle m'avoue avoir compris assez rapidement que notre relation dépassait le cadre de l'amitié et me glisse avec un regard méprisant « de toute façon tu n'es pas la première ». Elle a choisi de détourner le regard au départ en attendant patiemment que tu reviennes, comme à ton habitude. Mais selon Elle, je me suis « accrochée plus que les autres ». J'apprends qu'à l'époque de mon message de rupture, elle t'avait demandé de lui avouer la vérité et tu lui avais assuré que c'était fini entre nous. Ce que mon message a démenti.
Plus son monologue avance, plus je sens des parcelles de mon cœur s'arracher comme si un tortionnaire utilisait une pince à épiler pour les extirper. J'ai envie de vomir de dégoût. Je savais que cette soirée allait être une torture, mais j'avais espéré m'en sortir juste avec quelques bleus. Le plus pathétique dans l'histoire c'est que c'est dans tes bras que j'ai envie de me réfugier pour me consoler. Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?
Elle continue son discours et entame le chapitre « soirée d'anniversaire » que je qualifierai plutôt de « soirée de l'horreur ». Oui, en effet c'était un test. Officiellement, elle savait que nous avions recommencé à parler mais elle tenait à observer de ses propres yeux notre attitude. Elle était rassurée me confie-t-elle avec ce même sourire méprisant. Tu es son homme, affirme-t-elle avec conviction. Elle ose se moquer en me lâchant un « bon au moins tu l'as eu plus longtemps que les autres ».
Le dégoût a laissé place à la rage. J'ai envie de lui sauter à la gorge et de lui faire ravaler le moindre mot sorti de sa bouche tordue en rictus mi- amusé mi- arrogant. Elle m'énerve. Avant ces dix dernières minutes, j'avais de la peine pour Elle et je me sentais coupable. J'avais honte de mon comportement. Mais son petit speech condescendant a fait voler en éclat la mince petite barrière de morale qui me restait. J'entre en guerre.
Je l'ai laissée parler sans intervenir, mon regard soutenant le sien sans faiblir. J'ai accusé tous les coups sans broncher une seule fois. Elle conclut son laïus avec fierté « Je sais que la petite parenthèse que tu as été est refermée maintenant. Vous pouvez rester amis. De toute façon je pense que le message est clair, tu n'étais qu'une passade parmi d'autres. »
Je hoche la tête et lui souris. Je choisis de lui laisser croire qu'elle est dans le vrai. Paraître vaincue pour mieux conquérir. Je suis stupéfaite de ma propre capacité à jouer la comédie. Je laisse une larme s'échapper, me répands en excuses et lui jure que tout est bien fini entre toi et moi. Elle semble satisfaite de sa prestation et me tourne le dos en me souhaitant bonne soirée puisqu'il était flagrant que j'avais l'intention de m'en aller.
Je la regarde s'éloigner, tandis qu'une haine indescriptible se cristallise dans mon cœur. Je refuse de me laisser piétiner de la sorte. J'avais décidé d'annuler notre petit rendez-vous post fiesta mais maintenant je suis impatiente de t'avoir avec moi. En me dirigeant vers ma voiture, je t'envoie un SMS signifiant mon départ et combien j'avais hâte que tu me rejoignes pour que je puisse te fêter comme il se doit. Ta réponse ne se fit pas attendre : « Je mets fin à la soirée le plus rapidement possible. »
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Ce que j'aurai aimé que tu saches
Romance"Le coeur d'une femme est une partie des cieux, mais aussi, comme le firmament il change nuit et jour" Entre espoirs et désillusions, le coeur d'une jeune femme navigue ayant pour boussole l'amour et la honte. La passion et l'adultère se livrent un...