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PDV Harry Potter

Nous étions le deux mai deux mille trois. Cela faisait cinq ans jour pour jour que j'avais mis fin au règne des ténèbres. Cinq ans que nos ennemis comme nos amis s'étaient vaillamment battus, ce qui avait valu la perte d'une bonne partie d'entre eux. Ç'aurait été mentir de dire que leur mort ne me pesait pas.

J'avais chaque jour une pensée pour chacun des sorciers qui avaient combattu à nos côtés et qui étaient tombés aux mains de l'ennemi.

J'étais fatigué. Constamment. Vaincre Voldemort avait, certes, résolu une bonne partie de nos problèmes mais n'avait pas pour autant éliminé les majeures préoccupations. La mort en faisait partie. St Mangouste était sur-peuplé depuis maintenant près de cinq ans, cause d'indemnités irréparables.

J'enfilai prestement mon manteau ; dans la matinée, Molly m'avait invité à déjeuner au Terrier. Il est vrai que je me sentais plutôt seul dans mon petit appartement trois pièces aux murs oppressants.
J'avais, certes, assez de gallions pour m'offrir une luxueuse villa en Californie, entre l'héritage de mes parents et mon salaire d'Auror mais ce n'est pas mon genre.

À midi tapantes, je transplanai vers la maison de ceux que je considérais comme ma famille.

Je toquai à la porte et ma mère de substitution vint ouvrir, un large sourire étendant ses lèvres.

« - Harry, mon chéri, je suis heureuse que tu aies pu te libérer. Installe-toi à table, il ne manquait plus que toi. Comment vas-tu ?

- Très bien, Mrs Weasley, Teddy également » dis-je en m'asseyant tout en saluant les autres.

« - Harry, je me demande tout les jours comment tu peux supporter ta tête... » soupira George.

« - C'est vrai » renchérit Fred. « Je l'ai porté seulement durant deux heures et j'avais plus peur de ne jamais retrouver mon visage que de me faire stupéfixier par un Mangemort. »

La mention de ce souvenir raviva en moi la douloureuse perte de Maugrey et je détournai le regard, craignant que quelqu'un ne remarque que mon teint avait pali. J'ai toujours détesté qu'on s'inquiète pour moi.

« - Mais enfin où est encore passée Ginny ? » s'impatienta Molly. « Elle était pourtant ici avant que j'aille ouvrir...

- Elle est partie à l'étage avec Terry. » fit Fred avec un sourire lourd de sens.

À ces mots, je me rembrunissai davantage. Cela faisait quatre ans que Ginny avait mis fin à notre relation car elle voyait que je ne m'épanouissais pas à ses côtés, bien que ce n'était pas le cas. En réalité, j'étais encore sous le choc de la guerre et avait souvent eu besoin de solitude. Mais depuis, j'avais pleinement réalisé que je nourrissais à son égard un amour sans précédent, amour qu'elle ne remarquait pas car il était dissimulé derrière une barrière de faux-semblants.

Elle arriva enfin, ne manquant pas de faire bondir mon coeur trop haut pour qu'il puisse encore être accroché.

« - Salut Ginny. Terry. » ajoutai-je en inclinant la tête en guise de salut poli, ce qui n'imageait absolument pas la vague de haine qui déferla en moi.

Mais quand elle s'assit, un détail attira mon attention ; à son annulaire, un anneau émeraude scintillait et semblait m'adresser un sourire moqueur.

« Oh Merlin non... »pensais-je.

« - Alors comme ça... Vous deux, ça s'officialise. » souris-je d'une voix qui se voulait détachée.

Mais cela ne parût pas avoir eu l'effet escompté car ma voix produisit un étrange grognement, ce qui me valut les sourcils froncés de Ron qui se trouvait en face de moi.

« - Oui, c'est prévu pour septembre. » déclara solennellement Boot.

« - J'avais oublié que tu n'étais pas au courant ! » gloussa Ginny, dans une parfaite imitation des pimbêches qui traînaient le soir dans les couloirs de Poudlard.

J'esquissai un rapide sourire en guise de réponse, repoussant mon envie de me lever brusquement et de quitter le Terrier à grandes enjambées.

*

Le repas passa lentement. Vraiment lentement. Je commençai à sérieusement m'affaler sur ma chaise lorsque l'inattendu se produisit ; une majestueuse chouette effraie traversa le salon et lâcha une lettre dans le plat de courgette posé devant nous.

Au moment où mes yeux et ceux de Ron se posèrent sur l'écriture, nous plaquâmes notre main devant notre bouche. Je fus le plus rapide à m'emparer de la lettre. D'une main tremblante, je commençai à déchiqueter le verso de l'enveloppe et lut d'une voix hésitante.

« Mes chers amis,

J'ai conscience du culot de cette lettre, j'ai conscience qu'un écrit se suffit pas à excuser mon absence.

Mais sachez que ces cinq ans loin de vous ne m'ont pas été bénéfiques.
Je ne me suis pas épanouie et bien que je sois à présent en possession de mon diplôme de guérisseuse, je suis lasse de cette vie sans vous.
Vous me manquez inimaginablement et je culpabilise énormément de la lâcheté dont j'ai fais preuve en vous quittant.

En effet, comme vous le savez, mes études secondaires n'étaient pas la seule raison de mon départ pour Moscou.
La guerre avait détruit tout les remparts que je m'étais construis, remparts me protégeant de la dureté du monde extérieur.
J'avais le besoin irrépressible de m'éloigner le temps qu'il faudra, m'éloigner pour faire le point, pour tout remettre en ordre et me reconstruire.

Ma lâcheté m'a éloigné de vous, mes meilleurs amis, ma famille, de toi Ron, l'homme dont j'avais irrémédiablement besoin de savoir près de moi.

C'est ainsi que, diplôme en poche, on me proposa un poste à St Mangouste, que j'acceptai immédiatement.
C'est donc avec un monumental culot que je m'apprête à refaire irruption dans vos vies. À condition, évidemment, que vous voulez encore de moi.

J'arriverai à King's Cross le dix mai, après une rapide visite à Poudlard.

Amitiés,

Hermione Granger. »

J'achevai la lettre en la pliant en quatre pour appuyer sa fin. Ostensiblement, je tournis ensuite mon regard vers Ron et Ginny pour observer leur réaction que je redoutais.

Les yeux de mon meilleur ami semblaient lancer des éclairs et je n'avais aucune peine à imaginer qu'il puisse faire exploser la maison d'une minute à l'autre tandis que Ginny avait les joues luisantes de larmes.

Le reste de la famille ne pipait mot, il semblait que même les jumeaux ne parvenaient à trouver une réplique pour faire sourire tout le monde.

Ron se leva alors brusquement dans un juron, ce qui lui valut une réprimande de la part de sa mère.
Sans vraiment réfléchir, je le suivis jusqu'aux combles de la maison, où se trouvait sa chambre.

« - Je n'arrive pas à y croire. Je n'arrive pas à assimiler qu'elle va revenir. »

C'est tout ce que je parvenu à articuler, encore sous le choc de cette lettre qui semblait provenir d'un lointain fantôme enfoui sous de douloureux souvenirs.

*

*

*

PDV Externe, une semaine plus tard.

Ce jour là, c'était l'effervescence au Terrier. Tout le monde s'affairait au salon ; Ginny et Terry se disputaient pour la couleur des napperons qu'ils allaient adopter, Ron, Harry et Charlie négociaient une partie de Quiddich auprès de Mrs Weasley qui affirmait qu'il fallait dégnomer le jardin et donner à manger aux poules. Fred et George, quand à eux, répondaient aux appels des rares clients insatisfaits de leurs produits du magasin de farces et attrapes.

Il y eut alors un faible tapotement contre la porte de bois et tout le monde s'arrêta, tournant timidement la tête vers l'entrée.

Ginny prit une grande inspiration et alla ouvrir, avant de se jeter dans les bras de l'arrivant, non sans laisser échapper un cri de joie.

Qu'en est-il de nous ? - Fremione [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant