5 - Souffrances

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PDV Ginny Weasley

Cela faisait aujourd'hui un mois que Fred était plongé dans un état désespéré.
Hermione m'avait répété maintes et maintes fois qu'elle avait essayé de nombreux sorts, vainement et je savais qu'elle faisait son possible pour le rétablir. Il suffisait de remarquer ses yeux creusés de cernes et les longs bâillements qu'elle échappait à chaque fin de propos.

Maman avait insisté pour qu'elle passe le relais à l'un de ses assistants mais la réponse qu'elle lui fournissait était toujours un non catégorique.
Pour une raison qui m'échappait, elle prêtait à Fred un intérêt particulier quand au surplus de soins qu'elle lui fournissait.

Jamais, à ma connaissance, ils n'avaient été proches. Au contraire, j'eus toujours pensé qu'elle ressentait de l'agacement à son égard et à sa personnalité indocile.

De tout mes frères, -mis à part Ron-, Hermione avait été plus proche de Percy.
Percy.
Une simple pensée à son égard me provoquait une nostalgie profonde et une incommensurable mélancolie. Sa dernière action fut été de projeter Fred pour l'empêcher de se faire écraser par le mur de pierre.
Dans un dernier acte héroïque, il avait donné sa vie pour sauver celle de son petit frère.

J'avais toujours décrit Percy comme étant mon frère égoïste qui passait ses problèmes, sa vie avant celle de ceux qui l'aimait. En une fraction de secondes, tout ces a-prioris avaient été révolus d'un revers de main.
Moi qui croyait le connaître, moi qui était resté à ses côtés treize longues années.

Et il s'en était allé...

Une larme roula sur ma joue, puis deux.
Je ne pleurais que rarement. Grandir avec une ribambelle de garçons m'avait endurcie. Je n'avais jamais parlé de cette perte à personne. Ce sujet était à éviter à la maison car il faisait s'embuer bien des iris.

J'essuyai d'un revers de main mes joues quelque peu trempées à l'entente d'un timide grattage à ma porte. Je me retournai, m'emparai d'une voix calme et posée qui ne traduisait pas mon humeur et sourit d'une voix placide.

« - Terry ?

- Heu... Non, c'est moi. »

Je sursautai à l'entente de cette voix et me retournai brusquement : Harry Potter venait d'entrer avec quiétude dans ma chambre.

« - Tu ne pourrais pas toquer ? » lançai-je sèchement.

« - C'est justement ce que j'ai...

- Peu importe. Je pourrai savoir ce qu'il t'amène ? »

J'étais absolument consciente de la désobligeance dont je faisais preuve. Depuis quatre ans, j'étais foncièrement dure avec Harry.

Il faut dire que j'avais énormément de ressentiment à son égard. Et il était justifié.

Depuis mes douze ans, j'attendais patiemment le jour où l'illustre Harry Potter daignerai poser les yeux sur moi.
Certes, je fréquentai d'autres garçons pour me persuader que je pouvais tomber amoureuse d'un autre. En vain.

Harry m'obnubilait et je ne pouvais imaginer ma vie avec un autre homme que lui.
Vint alors ma cinquième année à Poudlard et, enfin, des coups d'ils jetés puis des baisers échangés. Il ne va pas s'en dire que ce fut les plus beaux instants de ma scolarité. Mais, bien vite, les choses se sont gâtées ; Dumbledore mort, Harry a rompu.
Evidemment, étant toujours amoureux l'un de l'autre, nous nous sommes remis ensemble à la chute de Voldemort.

Mais je me rendis compte bien assez vite qu'Harry ne portait aucun grand intérêt à notre relation aussi, je me déchirai de lui six mois plus tard. Ce fut une décision extrêmement pénible mais nécessaire.

Un an plus tard, je retrouvai Terry Boot lors d'une compétition intercontinentale de Quiddich. Je le connaissais vaguement de Poudlard mais à cette après cette affrontement, nous sentîmes que quelque chose avait changé entre nous ; nous nous aimions.
Enfin je tombai amoureuse de quelqu'un d'autre que cet imbécile d'Harry Potter, enfin un autre garçon était le coeur de mes pensées.

Harry n'avait pas pour autant disparu de ma vie et pointait toujours le bout de son nez avec une bienveillance et une prévenance qui me faisait sortir de mes gonds.

« - J'ai retrouvé le bracelet que tu cherchais hier.

- Et où était-il si je suis pas indiscrète ?

- Simplement sur le rebord de la salle de bains. » murmura-t-il.

« - Tu sous-entend que je n'ai pas assez cherché ? » sifflai-je.

Harry haussa les épaules de son visage impénétrable et tourna la poignée de la porte.
Une fraction de seconde, je cru voir un tremblement agiter son menton. Une vague de culpabilité monta alors en moi.

Je reprochai auparavant à Percy son indifférence mais qu'étais-je en train de faire ?
Ne faisais-je pas de mal aux personnes me voulant du bien ? Honorais-je sa mémoire ?

A cette pensée, mes yeux s'embuèrent de larmes pour la seconde fois de la journée.

« - Harry... » murmurai-je en me laissant tomber sur mon lit. « Attend... »

Il se retourna alors, surpris mais à mon grand étonnement, n'y posa aucune opposition.

« - Oui ? » j'exultai intérieurement ; sa voix avait trahi un certain étonnement.

« - J'ai besoin de me confier à quelqu'un.
Quelqu'un qui comprend ma souffrance, qui la partage mais qui arrive à en parler. »

Surpris, il s'assit à mes côtés, ne manquant pas de faire rebondir le sommier.

« - Qu'est-ce qu'il t'arrive Gin' ? »

La mention de ce surnom me toucha en plein coeur et fit rouler une larme de plus le long de ma joue.

« - C'est... c'est Percy. Je ne l'ai jamais réellement percé à jour alors que c'était mon frère. »
Ajouté à cela, il y a Fred, plongé dans un coma dont on est même pas sûrs qu'il sortira, Hermione qui se démène pour une cause potentiellement perdue.
Les préparatifs du mariage qui me prennent un temps monstre et Terry qui me sollicite chaque jours pour éviter de repousser la date.
Et au coeur de tout ça, il y a moi.
Moi qui suis rongée par une culpabilité qui me bouffe de l'intérieur, moi qui ai cessé de croire en la chance.
Moi qui remet tout en question.
Moi qui rejette toute cette rage, cette rancoeur accumulée sur toi.
Toi qui est si gentil, toi qui n'a rien demandé.
Toi qui a tout subi et qui se retrouve à écouter les malheurs d'une femme de vingt et un ans complètement démunie sur un lit grinçant dans une piteuse chambre. »

Mon monologue achevé, je relevai timidement les yeux pour croiser ceux de Harry.
Il était béat d'étonnement et je remarquai que son visage impassible était tombé pour redevenir celui du garçon que j'avais connu, celui du garçon dont j'étais tombée amoureuse, à cette époque sombre où le danger pesait sans cesse.

« - C'est une mauvaise, une très mauvaise passe, Ginny.
Mais tu la surmontera, je te connais.
Tu es la fille la plus forte que je connaisse, tu sais. Tu tiens le coup d'une manière étonnante et ce sera comme tel jusqu'à la toute fin. »

À ces mots il me prit doucement dans ses bras et j'enfouis ma tête dans ses épaules, laissant couler de temps à autre une larme ou deux, interrompues quelque fois par le trouble que m'insufflait son souffle lent et régulier qui titillait mon oreille.
Après un temps qui me parut être l'éternité, je me détachai de son étreinte et murmurai.

« - Je suis heureuse d'avoir pu parler de ça avec toi. » avouai-je piteusement.

Il me décocha un sourire, se leva et disparut de ma chambre aussi vite qu'il n'y était apparu.

Qu'en est-il de nous ? - Fremione [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant