12 - Chambardement

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PDV Terry Boot

J'ai toujours été quelqu'un de populaire, de sociable. À l'école, je m'étais fait un tas d'amis et avait fait flanché le coeur d'un bon nombre de filles.

J'avais toute les qualités requises pour ma maison. Sagesse, ouverture d'esprit, bon sens et acharnement étaient les mots qui me qualifiaient.
Je n'ai jamais aimé les Gryffondors. Trop mis en avant, trop fiers et souvent vaniteux.

Ces préjugés ont été balayés d'un revers de main lorsque j'ai connu Harry Potter. Je tirais de ce garçon une fascination vertigineuse et, peut-être, un brin de jalousie.

Il avait une puissance déconcertante et une bravoure exceptionnelle, de véritables talents que l'on aurait pu lui soustraire.
Espérer l'égaler était le rêve de ceux trop audacieux pour reconnaître que c'était impossible.

Quand l'année scolaire de mille neuf cent quatre vingt quinze avait touché à sa fin, le sort avait décidé qu'Harry Potter terrasserais.
Cela laissait place à peu de sorciers ayant un jour eu l'espérance d'être propulsé au grade de héros.

La plus terrible injustice étant qu'Harry n'ait jamais voulu de tout cela.

Je serais un menteur si je prétendais ne jamais avoir envié Harry Potter.
Harry pour sa bravoure.
Harry pour son assomant pouvoir.
Harry pour sa sombre histoire.
Harry pour sa générosité.
Harry pour son pardon.

Il serait calomnie d'affirmer que ces rumeurs avaient tord. J'ai connu Harry Potter et c'était bel et bien l'homme décrit dans les journaux de mille neuf cent quatre vingt dix-neuf.

Un an plus tard, je rencontrai Ginny Weasley lors d'une confrontation de Quiddich. Un regard a fait basculer mon coeur, nos vies.
J'appris avec stupeur ce que les journalistes n'avaient su dégoter.

Harry et elle, c'était terminé. Et j'avais, enfin, vu une lueur d'espoir. Une lueur de bonheur se profilant dans un futur prochain. Un futur me promettant tout ce dont j'avais toujours rêvé.

Deux ans et quatre mois plus tard, je lui fit ma demande en mariage au bord d'un fleuve.
Tout avait été minutieusement préparé. Dans la poche de ma veste, l'écrin contenant une magnifique bague argentée.

Je doutais terriblement. Ce n'est pas chose faite de prétendre pouvoir surpasser l'Élu.

Elle a accepté, balayant ainsi mes doutes et me plongeant dans un bonheur sans nom.
Bonheur qui effaça les blessures que m'eut infligé la Guerre. Qui me mit un peu de baume au coeur, comme une promesse me chuchotant que c'était terminé, enfin.

Le sentiment de fierté qui m'eut envahi lorsqu'elle eut glissé sa bague à son annulaire fut indescriptible.

J'avais été meilleur, m'étais-je dis.
J'avais comblé une femme qui avait connu Harry Potter.
Et inévitablement, j'épousai la femme pour laquelle j'avais donné mon coeur.

Lourdement, je me trompais.

Les mois passèrent, longuement. Harry venait à la maison et je compris dont la façon qu'il regardait Ginny qu'il la désirait.

Et je savais pertinemment que c'était un risque.

Cependant, je décidai de placer une confiance inébranlable en ma fiancée.
Après tout, elle ne cessait de me répéter qu'elle le haïssait.

Et puis survint la tragédie qui la détruit. Qui nous détruit.

A partir de ce moment-là, je sentis que quelque chose s'était brisé entre nous.
Je me rendis compte, trop tard, que cette fois, la raison m'avait frappé avec une perçante précision. Raison que j'eus choisi de passer outre, dans une malheureuse circonstance.

Et puis je me suis apperçu, au fil des mois, que tout n'avait été que leurre et calomnie.
Que je pouvais me démener et y donner mon âme, le coeur de Ginny Weasley ne pourrait jamais vraiment m'appartenir pleinement.

Car il était bien trop solidement attaché à celui de Harry.

J'aimais Ginny d'un amour destructeur et c'est la raison pour laquelle je choisis de la laisser, libre.

Parce-que je savais que malgré ses réticences, elle se rendrait un jour compte qu'Harry était le seul homme à pouvoir la rendre heureuse.

Je le haïssais profondément pour cela. Pour tout ce qu'il me prit. Mon bonheur, mon avenir. Mon amour.

Mais, pour Ginny, il fallait irrémédiablement qu'ils se rendent compte de leur amour.

De cet amour si profond qui m'avait frappé, le jour où j'eus croisé son regard, alors qu'elle me lançait une bouteille de Bièraubeurre pour célébrer sa victoire, me demandant si l'on s'était déjà vus quelque part.

Pour Ginny et pour son bonheur, Harry Potter devait se rendre compte de tout cela.

C'était indéniable.
C'était même d'une évidence frappante.

*

*

*

PDV Hermione Granger

Aussitôt que mes genoux heurtaient violemment la ruelle pavée, je grimaçai et laissai échapper quelques larmes, sachant pertinemment qu'elles n'étaient pas dues à mon transplanage imparfait.

J'errai dans les rues, sans vraiment savoir où ça me mènerait. Peu importe, après tout.

Puis des pas et des pas plus loin, son visage s'interposa en moi avec une évidence-même que cela me figea sur place.

Je cherchai toujours le pourquoi du comment, la justification des actes que je pourrais commettre. Et puis, je me rendis compte que tout n'était que facilité dans ce bouleversement qui venait de chambouler ma vie.

Il y avait une explication indéniable à tout ce chambardement et je savais l'avoir trouvé le matin-même, aux côtés de Fred Weasley.

Car je compris que dorénavant, nous avions irrépressible besoin de compter l'un sur l'autre. Il me connaissait à un point qui me terrifiait littéralement et je m'étais attachée à sa vie si fort qu'un retour en arrière aurait été inabordable.

Alors, je transplanai, l'esprit fixé sur Fred. Pour une raison qui m'échappa, j'atterris immédiatement dans sa chambre, ayant ainsi bravé les nombreux sorts qui protégeait l'hôpital.

Il était assis, devant moi, le regard tourné vers la fenêtre et s'était instantanément retourné vers moi lorsque j'avais murmuré.

« - Fred... je suis désolée, il fallait que je te voie... Bart et moi, c'est fini. »

Je le réalisai enfin pleinement, ce qui me provoqua un torrent de larmes.

Il se leva alors, l'air immensément désolé.

« - Que s'est-il passé ? » chuchota-t-il.

« - J'ai refusé sa demande en mariage... »

D'une douceur dont je ne le savais pas capable, je sentis ses bras entourer mes épaules pendant que j'appuyai ma tête contre son torse.

En temps normal, une gêne incommensurable se serait emparée de moi mais cette fois, il n'eut que le bien-être, la prospérité.

Après un temps que je n'aurais su pouvoir mesurer, je me détachai de lui et lui adressai un sourire reconnaissant.

« - Merci, Fred. C'est ce dont j'avais irrémédiablement besoin. »

« - Je sais. » affirma-t-il avec douceur.

Je hochai la tête, compréhensive. Cette facette de Fred qui m'était alors inconnue, m'avait prodigieusement surprise.

Et je me devais avouer qu'elle me plaisait diablement bien. 

Qu'en est-il de nous ? - Fremione [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant