4 - Prisonnier

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Pensées de Fred Weasley

Que m'arrivait-t-il ? C'est ce que j'essayais de déterminer depuis un temps qui me paraissait être l'éternité. Il m'était laborieux de penser par moi-même ; la plupart du temps j'étais immergé dans le corps d'une autre personne.

Était-ce parce-que c'était la dernière personne à qui j'avais songé avant de basculer dans ce monde, cette autre réalité à laquelle mes actes et mes choix n'avaient pas lieu d'être ?

Tout ce que je savais, c'était que mon esprit était prisonnier des souvenirs d'Hermione Granger.

*

*

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PDV Hermione Granger

Cela faisait une vingtaine de jours que Fred était plongé dans le coma.
La vie paraissait suspendue depuis ce jour, toute activité venant des Weasley avait été interrompue. Ce n'était pas pour autant que le monde s'était arrêté de tourner ; je travaillai sans relâche au rétablissement du frère de mon meilleur ami.

Après de longues négociations de ma part, ma patronne Mrs Burrows avait finalement accepté de me mettre en charge de sa guérison.

Fred était le frère de mon meilleur ami, il faisait comme partie de ma famille. Fred était la joie. Fred était le souffle de la vie. Fred était la partie brillante de ce monde imparfait.
Sans Fred Weasley, la vie était morne et sans couleur.
Sans Fred, le monde s'assombrissait.

George n'était plus que l'ombre de lui-même depuis ce tragique accident. Il semblait avoir perdu un bras, une jambe, une moitié de lui. C'est ce qu'était Fred pour lui.

« - Voici le rapport de santé de Mr Weasley, apporte-le à Burrows. » dis-je en tendant à mon collègue une feuille entièrement gribouillée.

« - Hermione ? »

Je me retournai vivement en l'entendant prononcer mon nom.
C'était la première fois que cela arrivait et je devais avouer que mon étonnement n'était rarement aussi accru.

« - Je voulais savoir si ça te dirais de prendre un café avec moi, après ton service. »

*

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Pensées de Fred Weasley

En boucle. Sans arrêt.

Je vivais les aventures d'Hermione. Je pensais comme Hermione, je vivais comme Hermione.
Continuellement, en accéléré. En effet, je parcourais les moindres recoins de ses années à Poudlard mais à une vitesse phénoménale. Cela me donnait le tournis, je voulais hurler à la mort mais jamais aucun son n'en sortait.
Je vivais l'enfer.

Évidemment, au début, cela m'avait paru très amusant. Je connaissais chacune de ses pensées les plus intimes et j'appris avec soulagement qu'elle ne fantasmait pas sur McGonagall.

Mais très vite, le flux incessant de ses pensées était devenu insupportable.
Hermione Granger réfléchissait sans relâche et se faisait un avis sur tout, il semblait qu'elle ne se reposait jamais. Ajoutez à cela que tout se produisait à une vitesse hors du commun.
Ses pensées passaient par éclairs si bien que je n'arrivai pas toujours à toute les saisir au vol.

Hermione passait en cinquième année pour la cent vingt-deuxième fois. J'avais compté. S'en suivit le discours d'Ombrage, ses regards exaspérés sur George et moi-même lorsque nous nous livrions à nos ventes, de sa rencontre avec Graup et de ses incessantes visites à la bibliothèque pour réviser ses BUSE. Lors de cette cent vingt-deuxième fois, me venue une pensée qui n'avait jusqu'alors jamais percuté ma matière grise.

Les élèves de Poudlard qui furent à ce temps en cinquième année n'oublieront jamais le joyeux carnage que George et moi avions provoqué lors de notre dernier jour à l'école.
J'ai toujours présumé qu'Hermione avait été exaspérée de ce comportement mais j'appris dans cette cent vingt-deuxième version de ses ressentis qu'elle avait trouvé renversant cette façon de témoigner notre irrespect envers le règlement.

J'appris avec étonnement que ce jour là, on l'avait réellement impressionné. Et j'en tirais un sentiment de fierté.

J'étais fier d'avoir un tant soit peu émotionné Hermione Granger, la jeune fille qui faisait tout selon les règles et à qui ça ne plaisait pas qu'elles soient corrompues.
J'étais fier de l'avoir impressionné avec quelque chose qui me ressemblait qui me caractérisait.

Malgré moi, j'avais pris possession de ses souvenirs et je commençais à connaître par coeur ses mimiques, ses faits et ses réactions.
À mes yeux, elle devenait plus que juste la meilleure amie de mon petit frère, elle évoluait vers une personne qui semblait me ressembler.

Je connaissais certains de ses secrets, apparus par bribes jusqu'à mon cerveau.

Je percevais à travers ces souvenirs la véritable Hermione Granger.

Et je devais avouer que cette partie d'elle même me plaisait beaucoup. 

Qu'en est-il de nous ? - Fremione [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant