3 - Doutes

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PDV Hermione Granger, 20h04

La fin de la journée.
Elle avait d'abord parue insurmontable puis, très vite, épuisante.
Mais en aucun cas je ne l'avait trouvée infernale. J'aurais pu continuer des heures, des jours, à me rendre aux chevets des malades, les rassurer, leur administrer les calmants et parcourir leurs blessures de sorts.
Mais voilà, ce travail pour lequel j'avais donné corps et âme durant cinq longues années séparée de mes amis était en train de se concrétiser et cela m'effrayait considérablement.

« Et si je m'étais trompée ? Et si ce n'était pas ma voie ? » me demandais-je à mes moments de doute.

D'un soupir las, j'enlevai ma blouse de guérisseuse, fis un sourire mesquin et lourd en sens à la sorcière du comptoir d'accueil et souhaitai une agréable journée aux patients dans la file d'attente.

Mais au moment ou je dévalai les marches de l'hôpital et que je me préparai à transplaner, le crac ! habituel se fit entendre derrière moi suivi de la voix de mon meilleur ami qui criait précipitamment des instructions, sans pourtant que je n'en saisisse le sens.

Je fis volte-face et ce que je vis me coupa le souffle ; Fred Weasley, inconscient était étendu en lévitation, le teint blafard. Je remontai les escaliers hâtivement et me tournai vers le rouquin.

« - Oh Merlin... » soufflai-je à Harry. « Que s'est-il passé, est ce qu'il... ? » la fin de ma phrase s'étrangla dans ma gorge tant elle s'était nouée.

« - Son pouls bat toujours, cependant il est faible. Les dégâts sur son corps sont considérables. Il lui faut des soins sur le champ.

- Je prend le relais. » annonai-je en dirigeant Fred à l'intérieur.

Je poussai la porte, transplanai au quatrième et pris une inspiration en courant dans le long couloir tortueux.

« - Des renforts ! Un blessé avec d'importantes blessures ! Il faut l'amener immédiatement en salle d'opération. À première vue, il a trois côtes fêlées ainsi que le tibia fracturé. Mais il est inconscient et pourrai avoir d'autres blessures qui pourraient être fatales... des renforts s'il vous... »

Ma voix faiblit et s'enroua dans un sanglot de désespoir. Enfin, une horde de médecins surgit et emmenai Fred.
Mes genoux lâchèrent et je m'effondrai sur le sol.
Je savais pertinemment que les guérisseurs feraient leur possible pour le rétablir mais le fait d'avoir une seconde imaginé qu'il succombe à ses blessures m'avait donné un sentiment de vertige. Il n'avait pas le droit de mourir, il n'avait pas le droit de nous laisser.

Il lui était interdit de décéder, il lui était interdit de faire plus de mal à sa famille qui avait déjà tant subi.
Mais Dieu savait que Fred aimait déroger aux règles. Et ça, ça me fichait carrément la trouille.

Une main se posa sur mon épaule et j'entendis plus ou moins clairement la voix de Harry.

« - Je suis persuadé qu'il s'en sortira, Hermione. »

Je me relevai et fis volte-face en fixant ses iris vertes.

« - Mais si...

- Il n'y a pas de mais. Il s'en sortira, il doit s'en sortir. Pour George, pour sa famille qui sont tous dans le hall sans plus d'informations que nous.
C'est un battant, il a survécu à la guerre la plus destructrice de l'histoire de la magie.

- Mais enfin Harry que s'est-il passé ?

- Il y a eu l'attaque d'un Feudeymon à la boutique et il a fait une chute de deux étages. Le magasin lui, a été réduit en cendres peu après que j'eus trouvé son corps.

- Mais... qui ? » balbultai-je sous le choc. « Qui est assez inhumain pour provoquer ce feu mortel, si destructeur qu'il peut même consumer un Horcruxe ?

- Je pense que tu connais la réponse, Hermione. » me dit-il simplement.

À ces mots, je me pétrifiai d'horreur et ouvrai la bouche avec l'espoir qu'un son allait réussir à en sortir.

« - Tu... tu veux dire qu'il en reste ? »

Harry hocha tristement la tête.

« - Les idéaux de Voldemort ont contaminé de nombreux esprits, sache-le.
Les Mangemorts déchus se sont enfuis peu après l'anéantissement de leur maître et certains sont très malins pour échapper aux Aurors.
Oh, bien-sûr, il n'a pas été bien compliqué d'en retrouver certains, comme les Malefoy ou les Carrow. Ils ont été placé en détention perpétuelle le lendemain de leur arrestation, évidemment. J'ai réussi à atténuer la peine de Drago. Je sais qu'il n'a jamais désiré tout cela. Il a prit dix-neuf ans pour la tentative d'assassinat de Dumbledore mais rien de plus.
Cependant, une dizaine de Mangemorts demeurent introuvables et nous filent entre les doigts au moment où on croit trouver une piste pour les atteindre...
Certains ont le besoin d'éprouver un sentiment de vengeance et tentent de décimer les familles qui ont joué un rôle majeur dans la guerre.
C'est ainsi que, il y a trois ans, Andromeda Tonks a été retrouvée frappée d'un avada dans son propre appartement, son corps mutilé par une phrase évoquant sa sur.
Et que aujourd'hui, ils ont essayé d'éliminer les symboles du retour à la normale et à la joie de vivre.
Il est si compliqué de se battre pour ce qui nous paraît juste, Hermione, la menace qui pesait sur le monde au temps de Voldemort n'est pas révolue.
Alors oui, elle est atténuée mais elle est toujours présente et peu de gens le savent. »

A la fin de sa tirade, Harry, quelque peu essoufflé, laissa son regard vagabonder dans le néant tandis que je balbutiai.

« - Harry, c'est incroyable, terrible et sidérant... je ne sais pas quoi dire. »

Aussitôt, je me sentis incroyablement idiote et égoïste.
Je m'étais enfuie à Moscou sans grande préoccupation de la vie que je laissais derrière moi.
La peur, la tristesse et le deuil avaient eu raison de la jeune fille toujours disponible pour ses amis, prête à réaliser l'impossible pour les aider.
Prête à donner sa vie pour sauver la leur.

« - Je suis content que tu sois revenue Hermione. » dit simplement Harry.

Harry Potter était comme ça, toujours avec une franchise, une simplicité implacable.

« - Moi aussi je suis contente. » annonai-je, retrouvant la force d'esquisser un léger sourire.

Mais cette joie fut de courte durée ; le guérisseur de la salle d'opération fermait la porte derrière lui et se tourna d'un air morne vers nous.

« - L'opération est terminée. Je suis désolé.
On a pas réussi à le sortir de son inconscience, il a été diagnostiqué plongé dans un coma profond. »

Si sa sentence n'était pas terminée, je n'en entendis pas pour autant la suite.
Mes tympans s'étaient brouillés et sa voix me paraissait si lointaine qu'elle me semblait être à des kilomètres de là où je me trouvais. D'un regard hésitant, je me tournai ostensiblement vers Harry dont le visage s'était décomposé.

Qu'en est-il de nous ? - Fremione [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant