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Les secondes défilaient. Peut-être même les minutes, peut-être même les heures. Je ne savais plus. Je ne comprendrais pas réellement. Enfin, si. Je le savais, mais mon corps avait refusé d'y croire à cet instant. La main de Wayne ne s'était pas enlevée de mes yeux pendant un long moment, et je l'avais sentie m'enlacer avec tout l'amour que je sentais qu'il pouvait me porter. Cette main avait réussit à me cacher cette torture pendant un long moment, elle m'avait cachée de cette atrocité, cette vérité, cette réalité.

Je n'avais pas réagis, pourtant. Mais je comprenais ce qu'il venait de se passer, je l'avais réalisé, et j'avais pensé à moi. Malgré moi-même. J'avais pensé crier, hurler, me débattre et me ruer vers eux, vers lui. Mais je ne l'avais pas fais. Et là encore, je n'avais pas réagis. Je n'avais pas réagis, même lorsque sa main s'était enlevée, m'offrant cette vue.

M'offrant ces corps, ce sang.

Elle m'avait offerte la mort, ce à quoi elle ressemblait. Et j'avais repris mes pleurs, seulement en silence. Aucun bruit n'était sortit de ma bouche, et je m'étais contentée de fixer leurs corps. Fixer plus particulièrement celui de mon géniteur, cet homme m'ayant offert la vie pour m'avoir appris à la détester, cet homme m'ayant blessée, maltraité, ne m'ayant pas aimé. Je fixais mon géniteur, au sol, venant de s'enlever la vie face à sa fille, son seul enfant.

Et j'avais mal.

J'avais mal, oui. J'avais mal mais une partie de moi ne se sentait que bien, rassurée. Et c'était horrible, cette sensation. La tristesse de perdre son père, mais néanmoins la joie de se dire qu'il me laisserait finalement tranquille, qu'il ne me gâcherait plus la vie, qu'il ne me blesserait plus.

Et c'était horrible, cette sensation.

C'était horrible parce que je me suis détestée. Je m'en suis voulu. Encore, et encore pour sa mort. J'en ai crié, j'en ai hurlé dans les bras de Wayne. Parce que je savais que j'étais folle, que ce n'était pas normal. Je savais que j'aurais dû être triste à en mourrir, je le savais. Mais je ne l'étais pas.

Et c'était ça, le pire.

C'était ça, ma culpabilité. C'était continuer à vivre en sachant qu'il n'était plus de ce monde, c'était vivre en sachant qu'il était partit rejoindre maman, qu'il me laissait ici, seule. Et ça m'avait détruite. J'avais été détruite de savoir qu'ils étaient réunis et que moi j'étais encore là, sur cette terre.

Là aussi, j'avais mal.

[...]

Mais j'avais continué à vivre, après. J'avais continué avec Wayne, avec Tayzon, avec Démie, avec Austin. J'avais continué à vivre, à apprendre. J'avais essayé d'aller mieux. Et c'est ce que j'avais continué à faire, encore et encore. C'était tout ce que je pouvais faire maintenant, de toute façon.

Vivre.

Vivre malgré eux, malgré ça.

•••

SAVE ME Où les histoires vivent. Découvrez maintenant