SAVE ME

| 16.

— « Pourquoi tu m'as fais espérer ? »

Sa voix s'élève et je m'arrête dans mon geste, presque figée. Je suis dos lui, mon visage fixant la porte, ma valise en main et l'autre posée sur la poignée de la porte, prête à partir. Je n'ose pas me retourner, honteuse.

Je me sens mal. Mal pour lui.

— « Réponds-moi. » ajoute t-il, voyant que je ne réponds pas.

Je ferme les yeux un instant, comme voulant disparaître. Mon cœur me fait mal, je me sens triste mais je suis pourtant sûre de mon choix. Et c'est ça ce qui me fait le plus de mal, le fait de savoir que je vais le laisser seul, désormais. Je finis par me retourner face à lui, face à cette réalité, ce que je suis en train de faire.

— « J'y ai cru, moi aussi, à nous deux. J'y ai pensé plusieurs fois. J'ai voulu y croire, j'y ai cru mais pas assez. Je t'ai laissé espérer, oui, mais tout à changé lorsque Tayzon est revenu. Tu le sais, tu l'as vu et je suis sûr que tu l'as ressentit. » je soupire.

Ses yeux me détaillent comme il ne l'ont encore jamais fais avant. J'ai l'impression qu'il me regarde de cette façon pour en profiter, pour s'ancrer mon visage dans sa tête. Pour ne jamais m'oublier.

Et ça fait encore plus mal.

— « Et s'il n'était pas revenu, tu aurais pu m'aimer ? »

Ma réponse est immédiate, je n'y réfléchis pas une seconde.

— « Oui. » je murmure.

On aurait pu avoir une chance, j'aurais pu l'a lui laisser. Mais ce n'est pas arrivé et aujourd'hui, ça n'arrivera jamais. J'espère qu'il pourra le comprendre un jour. Et même mieux, l'accepter même si c'est horrible, même si c'est difficile. Je le vois s'approcher encore de moi, essayer, et je n'ai même plus la force de le repousser. Il se mord la lèvre, m'offrant cette expression triste mais énervé à la fois.

— « Je suis impuissant. Je ne peux rien changer et putain, qu'est-ce que j'aimerais pourtant. »

Je laisse une larme couler alors qu'il s'approche un peu plus.

— « Je veux que tu me dises que tu m'aimes, je veux que ce soit à moi que tu penses et bordel, je veux que tu restes avec moi. »

Il se stoppe à quelques centimètres de moi. Je soupire alors qu'il me prend les mains, les enlevant de ma valise. Ses mains commencent à caresser les miennes mais je le repousse. Il lâche un juron, souffle et je me passe une main dans les cheveux, confuse et perdue.

— « Il faut qu'on arrête ça, Wayne. » je soupire.

Il baisse la tête, et je le vois serrer les poings et la mâchoire. Je veux qu'il comprenne que c'est terminé, que je ne reviendrais pas sur ma décision.

— « Réalise la situation, Wayne. J'ai fais mon choix. Toi qui voulait tant que je le fasse, le voilà. Et je sais que tu es triste, moi aussi j'ai mal de te quitter parce que je me suis attachée à toi. Mais malgré ça, je dois partir. Laisse-moi s'il te plaît, abandonne. »

— « Je peux pas. » répond t-il directement.

Je récupère ma valise d'une main, prête à partir. Définitivement. Je ne vais pas rester ici, je ne vais pas rester avec lui et je veux qu'il s'en rende compte. Repousser ce moment indéfiniment ne sert à rien. J'inspire profondément avant de relever la tête, plongeant mes yeux remplit de détermination dans les siens, brillants.

Brillants de douleur.

— « Je suis désolé. C'est tout ce que je peux te dire, aujourd'hui. »

Il secoue la tête, complètement à bout de force. Je sais qu'il commence à comprendre qu'il ne peut pas me retenir. Je vois les larmes lui monter aux yeux et je laisse les miennes couler le long de mes joues. Le moment est arrivé. Ce moment douloureux, mais bénéfique à la fois. Je lui adresse un sourire, ce sourire d'adieu remplis de tristesse mais de tendresse à la fois. Je le laisse en ayant en mémoire tout nos meilleurs moments, nos meilleurs souvenirs. Je le quitte, en lui laissant ma reconnaissance éternel et mon énorme merci pour la vie qu'il m'a apporté, l'amour qu'il m'a donné. C'est un garçon que je n'oublierais jamais, et il fera quelque part toujours partie de moi, de ma vie.

Je pose ma main tremblante sur son épaule, avant de lui déposer un bisous sur la joue. C'est mon au revoir, la façon que j'ai de lui dire merci, celle qui lui prouve que je l'ai réellement aimé, même si ce n'était pas de la même façon que lui l'a fait.

— « Encore merci pour tout. Je ne t'oublierais jamais, je te le promet. »

Mon cœur s'arrache, se déchire lorsqu'une larme s'écoule sur sa joue. Je m'empresse de l'essuyer. Je ne veux pas le voir comme ça, pas à cause de moi. Je baisse la tête, quittant son regard pour ne pas craquer un peu plus. Et mon corps vient lui tourner le dos, finalement, en avançant vers cette porte. Celle qui prouve que si je l'ouvre, tout est terminé. Je m'avance vers celle-ci et elle finit par s'ouvrir lorsque ma main, aussi tremblante soit-elle, enclenche la poignée. J'entends Wayne étouffer un sanglot et j'empêche le mien de sortir, de se faire entendre. Je passe la porte de l'appartement, et fixant une dernière fois son visage détruit avant de refermer la porte derrière moi, je lui souris tendrement.

— « Au revoir, Wayne. Prend soin de toi. »

Et doucement, la porte se referme, faisant disparaître de ma vue son visage que j'ai tant vu pendant ces quelques mois, ce visage que j'ai tant regardé et que j'ai tant apprécié. Son visage disparaît et cette fois-ci, c'est moi qui comprend réellement la situation.

Notre histoire se termine maintenant.

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