Cette fille (Terminé)

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La cloche sonne.

Nous commençons à rentrer dans les bâtiments lorsque je rentre dans quelqu'un.

C'est une fille de petite taille aux cheveux châtains.

Elle ouvre la bouche mais s'interrompt en voyant mon visage.

-Pardon, piaille-t-elle.

Elle s'accroupit pour ramasser ses livres en vitesse. Pris de pitié, je l'aide. Je saisis un livre à la couverture brune. Je fronce les sourcils en lisant la première page.

« Journal »

J'allais lui demander son nom lorsqu'elle me m'arrache des mains avant de partir, presque en courant.

Je reste donc planté là, comme un con. En relevant la tête, je croise le regard haineux de Magali, ou je sais plus qui.

Elle a du voir l'altercation entre la brunette et moi.

Mais je m'en fiche complètement ! Cette fille n'est rien pour moi.

Je rejoins ensuite ma salle de cours et attends ma prof.

Inutile de vous préciser que l'inter-cours se résume à un gros bordel. Nous crions, nous levons et chantons.

-C'est à Bâbord, qu'on gueule, qu'on gueule. C'est à bâbord qu'on gueule le plus fort !!!

-C'EST À TRIBORD, QU'ON GUEULE QU'ON GUEULE. C'EST À TRIBORD, QU'ON GUEULE LE PLUS FORT !!!!

Je ne vais pas prendre plus de temps pour décrire cette scène car tout doit être clair.

Lorsque ma professeur entre, c'est comme une partie de 1, 2, 3 soleil. Chacun se fige et feint rester sage, baissant la tête mine de rien sur nos classeurs.

-Mr Matthews, c'est le début de l'année et vous avez déjà perdu vos affaires ?!

-Non madame. Elles sont simplement dans mon casier.

Elle tend son bras vers la porte en décrétant.

-Je vous en prie.

Je sors en murmurant un « Moi de même » puis profite de cet sortie pour m'aérer, malgré les quelques minutes qui me séparent de la précédente récréation.

-Hey mec !

Je me retourne et aperçois Diego. J'esquisse un demi-sourire en lançant.

-Alors, t'as retrouvé Dora ?

Il ricane en répliquant.

-Dis donc, monsieur suit toujours l'école du rire.

Je hausse les épaules.

-On reprend les bonnes habitudes.

-Je vois que tu sèches toujours les cours

Il m'envoie une tape sur l'épaule.

-Bon aller bonne chance Matthews.

-Toi aussi mec.

Sur ce, je continue ma promenade. Je parierai ma tête qu'en ce moment même, la professeure est en train d'interroger un élève sur la dernière leçon, comme des petits sixièmes.

Malheureusement pour elle, je suis plus intelligent que j'en ai l'air. Moi qui n'avais rien appris, me voilà bien arrangé.

Toutefois, je ne cesse de penser à la fille que j'ai bousculé toute à l'heure. Elle avait l'air si fragile malgré sa carrure assez carrée. Son regard noisette avait une lueur étrange. Cette lueur souvent signe de désespoir qui aurait du m'inquiéter. Ses yeux brillaient. Pourtant, une si jolie fille ne devrait pas pleurer, je suis sûr que pleins de gars lui courent après.

Sa manière de m'arracher le livre. Jamais quelqu'un de proche ne m'aurait fait ça. Sa petite voix lorsqu'elle s'était excusée

Cette fille m'intrigue.

J'atteins mon casier et enfonce la clé dans le cadenas avant de la tourner. Je prends ensuite mon classeur avant de le refermer et de m'en aller.

Les traits du visage de l'inconnue commencent à s'effacer malgré moi. Je n'ai jamais eu une bonne mémoire, même en ce qui concerne les filles.

C'est à contrecur que je rejoins ma classe.

Je frappe à la porte puis rentre.

-Euh, excusez-moi je

-In English please !

Pris de court, je bégaye.

-Euh... I was in the couloir to go on my casier for take my classeur.

Devant mon accent anglais immonde, un rire général s'élève. Même la prof glousse, avant de se reprendre pour m'indiquer.

-Okay, you can sit down.

J'allais lui dire "Gracias" mais je me retiens de peu. En même temps, on s'y perd avec toutes ses langues vivantes !

Je m'assieds donc au fond de la classe, toujours à côté de la fenêtre l'été et du radiateur l'hiver. C'est une tradition de famille. Mon grand-père le faisait, mon père l'a imité et je fais de même.

Mon seul remord, c'est de n'avoir personne à mes côtés.

Les deux heures passent lentement. Trop lentement. Tellement, je crois m'être endormi. D'ailleurs l'enseignante de me ménage pas !

-Mister Matthews, are you sleeping ?

Je sursaute en ouvrant les yeux brutalement.

-Hein quoi ?

-In English please !

-Euh, what ?

-I said : are you sleeping ?

-Sleeping ?

-Do you sleep ?

-Est-ce que j'ai un slip ?

Je fronce les sourcils. Je ne comprends rien à rien. Décidément, l'anglais n'est pas fait pour moi.

-No ! Who can translate ?

Translate.

Translate.

Ce mot me disait quelque chose Où l'avais-je vu?

-Google translator !

Devant ma volonté, bonne ou pas, the teacher sourit.

-Yes, very good.

-Ah euh, fink you.

Elle me corrige en me disant qu'on ne dit pas "fink you" mais "thank you" avec la langue entre les dents pour le th-.

Thank you, thank you Fuck you ouais !

En y pensant, ce n'est pas une si mauvaise idée ! La prochaine fois je le lui dirai, voir si elle comprenait si bien ce que ses élèves disent.

La cloche sonne. Moment de surprise pour Miss Thank You car elle décrète.

-Déjà ? Oh je n'avais pas vu l'heure passer !

C'est marrant moi si.

Elle nous donne ensuite quelques dizaines, sans exagérer, d'exercices. Neuf, pour être exact.

Je profite de la récréation pour me défouler avec mon gang. Ils me racontent les filles de leur nouvelle classe, les belles hein, tandis que je hoche la tête sans réellement les écouter.

Mon esprit ne cessait de se torturer au sujet de la brune de ce matin.

Sans m'en rendre compte, je balaie la cour des yeux, espérant croiser ses prunelles innocentes.

Rien.

Une seconde sonnerie ma rappelle à l'ordre et rejoins ma salle d'un pas traînant. Je la cherche toujours.

M'étant précipité pour sortir, j'avais oublié de remettre mon classeur là où il était. Je le prends et me dirige vers mon casier.

En l'ouvrant, j'y vois un cahier qui n'avait rien à faire là. Il a une couverture marron un peu crade mais ce n'est pas sur cela que je m'attardais.

Mes yeux sont rivés sur une écriture que je crois connaître. Sur l'étiquette, on peut lire "Journal".