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Je n'en peux plus. Toutes ces larmes qui coulent devant moi alors que je pourrais les essuyer. Je ne tiens plus.

Je laisse tomber mes affaires et me précipite vers elle. Sans lui laisser le temps de me repousser, je l'enlace et la serre de toutes mes forces.

Je ne sais comment, en si peu de temps, j'ai pu tomber amoureux de cette fille, mais ce qui est sûr c'est que je l'ai dans la peau.

Ses larmes dévalent ses joues par milliers, je fais de mon mieux pour les essuyer à l'aide de mes pouces. Elle me jette un regard implorant, sûrement souhaite-elle que je reste ici.

Je lui murmure alors pour la rassurer.

"-Je reste là jusqu'à ce que cette crise soit passée."

Elle opine du chef en hoquetant.

Je la serre contre mon torse en posant mon menton contre la sommet de son crâne. Je l'embrasse quelques fois, mais qu'une ou deux, car je ne voudrais pas qu'elle s'imagine que j'aimerais faire des choses avec elle, profitant de son état dévasté.

Je la console en lui disant.

"-Ce n'est qu'une blouse. C'est juste un habit Ce n'est pas grave de t'en fais pas."

Je dépose mes lèvres contre son front tandis qu'elle vocifère.

"-Qu'une blouse ?! Qu'un habit !!! Mais t'es te-bé ou ça se passe comment dans ta tête ?

-Hein ? Mais je voulais juste t'aider."

Elle pose ses mains sur ma poitrine et me repousse violemment.

"-Va t'en."

Son sifflement menaçant me brise le cur.

"-Non attends, je suis désolé. Je voulais juste t'aider.

-Mais comment ? Tu ne sais rien de ce que je traverse !"

J'attrape sa main en déclarant.

"-Oh que si, j'ai une idée de ce pourquoi tu dois te battre tous les jours."

Elle prend son visage dans ses mains. Puis elle les relève, tout en relevant des mèches de son minois. Elle respire un bon coup avant de hoqueter.

"-On se voit demain. D'accord ?"

Je m'empare d'un feutre noir et pose la mine sur son avant-bras avant de commencer à noter.

"-Mais qu'est ce que

-Si jamais tu as besoin de moi, tu m'appelles. Ok ?"

Elle hoche la tête positivement tandis que je relève un côté de sa lèvre.

"-Fais-moi un sourire juste avant de partir. S'il te plaît"

Devant mon air tout à fait stupide et puéril, elle rit en se libérant de ses derniers sanglots. J'embrasse délicatement et sensuellement sa joue avant de lâcher ma poigne et de prendre mon sac.

Elle me raccompagne jusqu'à la porte d'entrée, d'où elle me regarde m'en aller d'un air triste et mélancolique.

J'enfonce ensuite mes écouteurs en mettant sur Play ma musique, lorsque je me rends compte que je me trouve à une rue d'écart de la mienne.

Mais comment n'ai-je pu ne pas la croiser alors que nous sommes voisins ?

"Barbie Girl" retentit.

Je sors mon téléphone en trombe de ma poche, de peur que ce ne soit Leslie qui rappelle et qu'il ne lui soit arrivé quelque chose.

C'est Emilie.

"-Frangin ?

-Ouaip ! What's going on ?"

Je l'ai dis avec un accent américain à la Ahmed Sylla (ceux qui ne connaissent pas je vous invite à ouvrir votre application YouTube pour comprendre cette référence) tellement bien reproduit qu'elle explose de rire.

"-Théo !

-Quoi ?

-T'es bête

-Qu'est ce qu'il se passe ? Tout va bien ? Je suis devant la maison !

-A ce propos"

Je ne lui laisse pas le temps de répondre que j'ouvre déjà la porte d'entrée en annonçant.

"-Je suis rentré !"

J'ai la surprise de tomber sur un garçon plus petit que moi de quelques micro-centimètres aux cheveux noir assortis à ses yeux.

"-C'est qui ?"

Le ton sec que j'ai pris fais tressaillir ma soeur.

"-Et bien voilà, Enzo c'est Théo, mon frère. Théo voici Enzo, mon cop"

Elle marmonne la fin du mot.

"-Ton quoi ?

-Bah mon copain quoi voilà !"

Je le toise durement en commentant.

"-C'est drôle, en général dans les bouquins les Enzo sont les pires connards qu'il puisse exister."

Leurs visages se décomposent, tout comme la fierté de ce petit con. Ma sista se blottit dans les bras de son petit ami.

"-Bon, si vous me cherchez je suis dans ma chambre."

Je monte les escaliers 4 par 4 en fulminant. Je ne le sens absolument pas et en matière de connard, sans vouloir me vanter, je m'y connais. Combien de fois ai-je pu sortir et briser le cur d'une frangine d'un gars qui se retrouve inondé de ses larmes et qui n'a rien demandé ?

Je farfouille la page Facebook de Leslie, n'y trouvant que des photos d'elle en mode PostBad ou des selfies avec ses amies et sa soeur.

Hein ?

Oui oui, avec sa soeur. Elles ont l'air de bien s'entendre.

Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine et la barbe ne fait pas le philosophe !

Je ressors mes fiches bristols et les épingle sur un tableau en liège, accroché au dessus de mon bureau, vide depuis des années.

Je souris en me disant qu'auparavant je n'avais jamais travaillé un lundi soir. Je laissais couler le temps, et surtout mes notes. Elle sont devenues catastrophiques.

Finalement, mon idée de demander des cours particuliers gratos à Leslie est plus que bénéfique pour moi et je suis gagnant partout.

Je soupire avant de m'affaler sur mon lit.

Je regarde longuement le plafond avant de me relever pour aller chercher Roméo et Juliette dans ma bibliothèque. Je me remets dans ma position initiale et ouvre le bouquin.

Nous avons déjà étudié cet ouvrage au collège, mais le lycée, n'ayant pas d'originalité, a voulu le refaire.

Je lis donc les scènes les unes après les autres, les engloutissant sans relâche, déchiffrant les mots durs letre après lettre avant de chercher leur signification non pas sur internet mais dans un D-I-C-T-I-O-N-N-A-I-R-E. Oui, un D-I-C... bon je ne vais pas tout réépeler sinon cela risque d'être aussi chiant que gênant pour moi.

Tandis que je finissais le premier acte, un tintement retentit.

Je prends mon téléphone et ai l'agréable surprise de constater que Leslie daigne à m'envoyer un message.

"-Tu as oublié ton agenda ! Je te le rendrai demain promis ;) "

Cette fille (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant