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Je me lève avec difficultés. Hier, j'ai parlé jusqu'à très tard le soir avec Leslie par SMS. On a parlé de tout et de rien, enfin surtout par appel. Lorsque je l'ai appelée, au début, elle était toute timide et ne lâchait que des "Mmhh", mais, au fur et à mesure que je monologuais, elle parlait de plus en plus si bien que certaines fois je m'endormais puis me réveillais aussitôt lorsqu'elle lançait "Pas vrai ?".

En y repensant, je souris comme un con. Je me dépêche alors de m'habiller et de descendre pour prendre mon petit-déjeuner.

Je ne reviens pas de la manière dont Sam traite sa sur, et moi par la même occasion.

Et Emilie ? Comment peut-elle ne pas se rendre à l'évidence qu'Enzo est un connard rien qu'à vue de nez ?!

Il faut que je trouve un plan, et vite.

J'enfile mon sweat, prends une barre chocolatée puis enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et sors en prenant la direction du lycée. Je mets sur play ma playlist. Ou plutôt celle de Leslie.

Hier, croyant que je m'en fichais complètement, elle m'a fait un compte rendu des musiques qu'elle adorait. Et comme un psychopathe je les ai notées avant de les télécharger. A chaque fois que je les écoute, j'ai l'impression qu'elle est là, devant moi, en train de chantonner avec moi l'air de la musique.

Je souris rien qu'en pensant allier sa voix et la mienne dans un karaoké.

Je relève aussitôt la tête, sentant une ampoule s'allumer juste au dessus.

Et si je l'invitais à un karaoké ?

Je jubile alors intérieurement tout en me lançant des lauriers. Je suis un génie ! UN GENIE ! COMME LE SCHTROUMF DANS ALADIN !!!

N'allez pas me dire qu'il ne ressemble pas à un Schtroumf : il est bleu et il chante tout le temps ! Bon, il manque juste la maison-champignon, mais les toits des palais arabes ressemblent aux voutes de la cîme d'un champignon, donc...

Je viens de ruiner votre enfance et la mienne par la même occasion.

Même quand je suis seul je ne peux m'empêcher de faire l'imbécile !

Je me concentre donc sur la musique, je crois que c'est d'Aznavour (en parlant de lui, R.I.P., nous pensons à toi Charles ! ), je la trouve tout simplement prenante.

Oui, je me laisse émouvoir par Charles Aznavour ! Mais cela, personne ne doit le savoir.

Après la scène que j'ai faite hier au lycée, il faut que je me reprenne. Je dois me rentrer dans le crâne la formule, pas mathématique, mais fiertétique (lol) :

Au lycée = je suis un Bad Boy

Chez Leslie = c'est la folie.

N'ayez pas d'esprits mal placés (je vous vois). Je me retiens de me donner des baffes.

Je suis trop con putain !

Je me reprends, le bahut n'est qu'à quelques mètres. De là, je sens le parfum qui pique les narines que les pestes portent pour faire tomber les mouches, et les gars en même temps. Seulement, elles devraient apprendre que l'on attrape plus de mouches avec du miel qu'avec de l'acide. Et ça, Leslie l'a compris depuis la nuit des temps.

Je râle. Mais pourquoi chacun de mes commentaires doit être accompagné d'un exemple citant forcément Leslie ?

Je ne devais pas tomber amoureux. Cela pourrait m'être fatal, lui être fatal. Je doute qu'elle n'arrive à tenir encore longtemps sous les coups de pression de Sam.

La scène d'hier résonne encore dans mon crâne. Les mots violents qu'elle a utilisé pour décrire sa sur et me dessiner sont blessants. J'ai encaissé, mais Leslie est plus fragile. Trop fragile pour endurer cela tous les jours.

Je veux l'aider sans que Sam ne le sache. Mais comment faire ?

Il faut en plus qu'Enzo vienne foutre la merde ! Je n'en peux plus. J'ai trop de choses à faire en même temps, et la famille l'emporte.

Je rentre dans la classe d'espagnol. La prof me précède de peu.

"-Holà ! Sentaos !"

Nous nous exécutons alors la grâce et la discrétion d'un éléphant. Mme Sanchez nous interroge sur notre famille, nous demandant de parler au tableau devant toute la classe.

Comme par hasard, comme on dirait en espagnol "por casualidad", c'est qui qui doit commencer ?

C'est BIBIII !

"-Théo, viene a la pizara por favor."

Je vais donc au tableau et commence à parler.

"-Alors, me llamo Théo, tengo 17 anos. Tiene una hermana que se llama Emilie."

(Traduction : Bonjour, je m'appelle Théo, j'ai 17 ans. J'ai une sur qui s'appelle Emilie.)

J'ouvre la bouche pour enchaîner, mais j'ai un trou.

"-Que quieres que decir ?

-Comment on dit juillet déjà ?

-EN ESPANOL POR FAVOR !"

Je positionne mes mains devant moi comme pour me parer ses attaques.

"-Oula calmo

-Comment s'appelle le père d'Enrique Iglesias ?"

Je me gratte le tête tout en réfléchissant. Enrique c'est celui qui fait "Subeme la radio", mais son père...

"-Ah oui ! C'est celui qui chante... »

Je me mets alors à m'ambiancer tout seul.

"-Vous les femmes, vous le charme

Vos sourires nous attirent nous désarment

Vous les anges, adorables

Et nous sommes nous les hommes pauvres diables"

Je secoue ensuite mon popotin tout en mimant jouer de la guitare et en imitant son accent latino.

"-Oh nananana oh"

La prof me regarde en mode "il est sérieux ?!".

"-Si si, mais comment s'appelle-t-il ?

-Ah bah c'est Julio Iglesias !"

Elle est désespérée.

"-Mais pourquoi... »

Elle s'interrompt puis, après un soupir, elle termine.

"-Bon va t'asseoir."

Dès qu'elle a le dos tourné, j'effectue un dab comme McFly et Carlito (#J'effectue Le Dab) avant d'obéir.

Tom me taquine alors, en refaisant mon accent espagnol tout pourri et en secouant ses épaules.

"-Vous les femmes, vous le charme

-Oh ferme ta gueule !"

Il ricane tandis que je me retiens de l'imiter. J'étais concentré sur tout autre chose.

Les lèvres de Leslie continuent la chanson. En effet, sur sa bouche, on peut facilement deviner :

Avec des milliers de roses on vous entoure

On vous aime et sans le dire on vous le prouve...

Cette fille (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant