Cette fille (Terminé)

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Allongé sur mon lit, je referme le journal et le pose sur mon ventre. Je fixe le plafond blanc en réfléchissant.

A qui appartient ce cahier ? Ou plutôt, qui est-elle ?

J'ai une petite idée mais mes espoirs vont vains. Je suis sûre qu'il appartient à la brune de ce matin, mais je ne l'ai pas revue aujourd'hui.

"Barbie Girl" résonne soudain dans la pièce.

Je sais ce n'est pas très viril comme sonnerie de téléphone pour un Bad Boy dans mon genre, mais au moins je me marre à chaque fois qu'on m'appelle.

Je réponds donc.

-Beau gosse encore célib' mais plus pour longtemps, bonjour.

Un rire masculin éclate.

-Dis donc, avec le fric que t'as, tu ne peux pas te payer une jolie secrétaire avec une belle voix ?

-Tu insinues que j'ai une voix de merde ?!

-Euh...

Nous rions tous les deux de bon cur. Il reprend.

-Non en fait t'es en retard mec.

-En reta... Merde l'entraînement ! Je file à toute Seb.

-Tchao.

Je tasse à la va-vite mes affaires et cours jusqu'au lycée. Une fois là bas, je prends la direction du stade puis des vestiaires. Changé, je me précipite sur le terrain.

-Ah Matthews ! T'as besoin d'une montre pour ton anniversaire ou ça ira ? essaie de plaisanter l'entraîneur.

-Pourquoi pas.

-C'est bon pour cette fois, de toutes façons tu ne changeras jamais. Aller dix tours de terrain.

-Oh non, je vais avoir des crampes avant d'avoir réellement joué.

-Maintenant !

Je souffle avant de me mettre à trottiner alors que mes coéquipiers jouent déjà. En me voyant courir comme un chien, ils rigolent.

Ma fierté prend un grand coup en pleine face.

Cela ne m'empêche pas de bomber le torse et d'accélérer le rythme de ma course. Bon, ok, j'avoue, au bout de quelques minutes je ralentis la cadence, faute de fatigue et d'essoufflement. En passant devant Mr Martin, je lui lance.

-Dites, entraîneur, vous savez pourquoi j'ai rejoins l'équipe.

-Chai' plus mais t'y est allé les mains dans les poches.

-Vous êtes sûr que ce n'était pas un sosie ?

-Sûr !

-Bon bah je devais être bourré.

Il rit tandis que je m'éloigne. Il me crie alors.

-C'est bon tu peux arrêter.

Trop fatigué pour revenir vers lui en courant, je marche en balançant mes bras, les mains dans les poches, à la Danny Zuko.

Encore lui !

Je ferais peut être bien d'accrocher un poster de lui dans ma chambre histoire de me coiffer à côté le matin pour mieux lui ressembler.

Je n'irai pas jusqu'à l'imprimer sur un t-shirt mais bon c'est bientôt mon anniversaire, qui sait ?

-Grouille-toi !

Je secoue négativement la tête.

-Nan, c'est pas cool.

Cette référence à Grease fait rire mon entraîneur.

-Aller Zuko, va en attaquant !

-A v's ordres chef.

Je pars jouer avec mes potes. Nous sommes divisés en deux équipes, dossards jaunes et sans dossards.

-Hé Matthews, viens avec nous ! me lance Diego en me tendant un dossard.

-Euh non merci. Il est hors de question que je me foute ce truc plein de transpi' dessus !

Je rejoins donc l'équipe adverse, celle de Seb qui, je dis ça je dis rien, est en train de gagner 5-1.

-Hé l'autre hé !

Je ris en empoignant les épaules de mes coéquipiers pour commencer la mêlée.

Le jeu se passe bien, j'entends par là que nous gagnons, bien entendu.

Une fois l'heure et demi terminée, Mr Martin nous rassemble pour faire un débriefing.

-Les gars aujourd'hui c'était bien. Les attaquants étaient un peu mous.

Il me regarde. Les autres me chambrent tandis que je réplique.

-C'est les autres, ils n'avaient pas qu'à courir partout !

Ce qui me vaut un nouvel éclat de rire général.

Oui je fais le con, mais sans ça personne ne me remarque.

-Parce que tu n'as pas assez couru ? demande l'entraîneur. Tu veux faire des tours en plus ?

-Ah non merci, sans façon !

-Bon bah, ta bouche.

Je serre les lèvres en levant les bras, signe que je n'avais rien fait. Ne sachant que faire pendant le discours, ce n'est pas que je veuille être insolent ni rien hein, mais chaque semaine nous avons droit au même speech. Et bien sûr, comme par hasard, les attaquants sont toujours critiqués. Enfin bref, j'observe donc les gradins, où sont assises les pimbêches de l'établissement. Seulement les pimbêches ?

En plissant les yeux pour améliorer ma vue, je me rends compte que la brune de ce matin est là, au dernier rang. Assise, ses coudes sur ses genoux et son visage dans ses mains, elle me fixe. Lorsqu'elle s'aperçoit que je la reluque elle rougit et part en courant, plus vite que ce matin.

-Je dois y aller, dis-je simplement.

Sans prêter attention aux réflexions des autres je cours jusqu'à la sortie.

-Hé !

Elle jette un coup d'il derrière elle avant de redoubler son rythme. Le seul instant où elle s'arrête, c'est pour valider sa carte en rentrant dans le bus.

-Attends !

Elle m'accorde un dernier regard avant le départ du bus.

-Putain !

Je donne un coup de poing sur la vitre de l'arrêt avant de m'en aller. Même elle ne m'a pas respecté car elle n'a même pas laissé une fissure sous le choc violent de mon coup.

Lorsque je retourne dans les vestiaires pour me changer, je croise Mr Martin.

-C'était quoi ça encore Théo ?

Je tressaille. Lorsqu'il m'appelle par mon prénom, je sais que ce n'est pas bon signe. Je voulais inventer une excuse, mais je laisse tomber. Je porte mes couilles et dis.

-Rien.

-T'es plus avec ta blonde ?

-Laquelle ? Celle de la semaine dernière ?

-Pourquoi t'en as une chaque semaine ?!

-Non des fois elles ne restent que quelques jours.

Il me considère un instant avant de rire, je ne tarde pas à me joindre à lui. Quand nous retrouvons notre sérieux, il me dit.

-Non mais tu sais que ce n'est pas bien ?

-Mdr tu vas pas me faire la morale quand même ?!

-Non mais juste pense à elles deux secondes. T'aimerais que ta soeur veuille se foutre en l'air à cause d'un connard ?

-Emilie n'est pas comme ça !

-Tant mieux pour elle...

-Bon tu vas te décider à partir où tu préfères rester pour admirer mes belles fesses musclées.

Il fait claquer sa langue contre son palais en rétorquant.

-Je suis sûr que les miennes sont plus belles à voir...