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Je rejoins une nouvelle salle de classe pour un cours de Formation Humaine et Spirituelle (alias F.H.S.) qui ne se constitue que d'une vingtaine d'élèves car nous sommes répartis en plusieurs groupes, avec les autres premières.

Par chance, je me trouve dans le groupe de Leslie.

Le seul point négatif, c'est qu'elle est à l'autre bout de la salle. Mais bon, on ne peut pas tout avoir ! Mme Desvents, la "professeure", prend la parole.

"-Bonjour à tous ! Aujourd'hui, nous allons parler des relations garçons/filles."

Les meufs rougissent tandis que les mecs rient comme des puceaux.

"-Tout d'abord, je vais vous lire le Cantique des Cantiques."

Elle commence alors sa lecture.

"-Cantique des Cantiques, de Salomon.

Qu'il me baise des baisers de sa bouche! Car ton amour est meilleur que le vin;

tes parfums ont une odeur suave, ton nom est une huile épandue; c'est pourquoi les jeunes filles t'aiment.

Entraine-moi après toi; courons! Le roi m'a fait entrer dans ses appartements; nous tressaillirons, nous nous réjouirons en toi: nous célébrerons ton amour plus que le vin. Qu'on a raison de t'aimer! L'Epouse.

Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem , comme les tentes de Cédar, comme les pavillons de Salomon.

Ne prenez pas garde à mon teint noir, c'est le soleil qui m'a brûlée; les fils de ma mère se sont irrités contre moi; ils m'ont mise à garder des vignes; ma vigne, à moi, je ne l'ai pas gardée.?

Dis-moi, ô toi que mon coeur aime, où tu mènes paître tes brebis, où tu les fais reposer à midi, pour que je ne sois pas comme une égarée, autour des troupeaux de tes compagnons. Le Choeur.

Si tu ne le sais pas, ô la plus belle des femmes, sors sur les traces de ton troupeau, et mène paître tes chevreaux près des huttes des bergers.

A ma cavale, quand elle est attelée aux chars de Pharaon, je te compare, ô mon amie.

Tes joues sont belles au milieu des colliers, ton cou est beau au milieu des rangées de perles.

Nous te ferons des colliers d'or, pointillés d'argent. L'ÉPOUSE.

Tandis que le roi était à son divan, mon nard a donné son parfum.

Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe, qui repose entre mes seins.

Mon bien-aimé est pour moi une grappe de cypre, dans les vignes d'Engaddi: L'EPOUX.

Oui, tu es belle, mon amie; oui, tu es belle! Tes yeux sont des yeux de colombe. L'ÉPOUSE.

Oui, tu es beau, mon bien-aimé; oui, tu es charmant! Notre lit est un lit de verdure. L'ÉPOUX.

Les poutres de nos maisons sont des cèdres; nos lambris sont des cyprès."

Ok. C'est beau, mais ça ne vaut pas Di Caprio. Attendez quoi ?! Je parle comme un gay.

"-Mesdemoiselles, j'aimerais vous poser une question. Si un gars vous dit ça, vous lui dites oui ?"

Certaines deviennent littéralement cramoisies. Quelques unes osent lever leurs mains, mais pas Leslie. Mme Desvents en interroge une.

"-Oui ?

-Moi je lui dis oui direct !"

Sa voisine désapprouve.

"-Ah non ! C'est juste un beau-parleur !

-T'as raison, dit la prof, quand ils te complimentent trop, c'est qu'ils ont une idée par très catholique derrière la tête."

*sifflement* Quoi ? Pourquoi tout le monde se tourne vers moi tout d'un coup ?

"-A votre avis, qu'est ce qui vous attire le plus chez une personne ?"

Nous réfléchissons une minute. Qu'est ce qui m'attire chez Leslie ? Je la reluque sans gêne pour m'aider à réfléchir. Kyle ne le voit pas de cet oeil et m'adresse un magnifique doigt d'honneur, que je prends un malin plaisir à ignorer. Tords toi le, débile !

"-Vous messieurs, si vous aimiez réellement une femme, oseriez vous lui dire ça ?"

La plupart de la gente masculine rit, sauf moi. Je lève d'ailleurs la main.

"-Mr Matthews ? Quelle surprise ?

-Merci, mais moi, si j'aimais vraiment une fille, de tout mon coeur quoi, je n'hésiterais pas.

-Très intéressant. Mais, est ce qu'une fille serait prête à faire ça pour vous ?

-Vous savez, elles sont toutes à mes pieds."

Je me fais huer, mais au moins j'aurais été honnête. Je sens le regard triomphant de Super-Connard sur moi et celui rempli de déception de Leslie sur moi.

Le seul mot qui me brûle les lèvres c'est "Désolé", mais rien ne sort. Je me contente de la dévisager sans rien laisser paraître.

"-Nous sommes contents pour vous mais, je m'adresse à la classe car c'est justement le point suivant de mon cours, pensez vous qu'enchaîner les "conquêtes" soit une bonne idée ?"

Elle finit à peine sa phrase que Leslie lève sa main.

"-Mademoiselle Dupré ?

-Non. Ce n'est pas la meilleure solution."

Sa voisine de derrière exprime son désaccord.

"-Bien sûr que non ! Sinon personne ne saura comment s'y prendre avec son mari !

-Bah justement, déclare la copine de Kyle, après, à force d'aimer de détester puis de ré-aimer, on ne trouve plus la même sensation, le même sentiment et donc on n'aimera plus la personne comme l'on aurait du le faire."

La professeure acquiesce.

"-Je suis d'accord. Même ceux qui vendent leurs corps, ils doivent séparer leur corps de leur coeur et, j'en ai croisé qui ont très très mal vécu le moment où les deux se rassemblent. Et dans ces moments là ils se disent "Mais qu'est ce que j'ai fais". C'est comme l'alcool. On s'amuse dans une soirée en buvant et le lendemain, ou même le surlendemain ou bien un mois après, la personne regrette lorsque son corps et son coeur se sont finalement fusionnés."

Nous restons un long moment silencieux.

Elle a raison : à force de faire défiler les filles, je n'arrive pas à agir correctement avec Leslie et cela part toujours en cacahuète.

En parlant de conquêtes, est ce que j'en ai une actuellement ?

Oh et puis zut ! J'ai d'autres chats à fouetter, comme le concours de littérature par exemple. Je sais que si j'accepte, je perdrais ma dignité et Leslie, mais si j'accepte peut être que ma mère accepterait d'être fière de moi et d'arrêter de me dénigrer.

Leslie pourra comprendre, enfin j'espère.

Du moins, elle le devra, puisque dès que la cloche sonne je compte en parler à mes proches. Tant pis pour les autres, il est temps que je m'occupe de moi, de mon être, de mon corps et cesser de concentrer mon attention sur mon apparence et ma popularité.

Cette fille (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant