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Alors, je me précipite vers elle en courant comme jamais je n'avais couru de toute ma vie. Par miracle, j'arrive à empoigner sa taille avant qu'elle ne tombe. Nous haletons. Chacun prend son temps pour récupérer et respirer normalement. Je me fraye un passage à mes lèvres jusqu'à son oreille, où j'y murmure.

"-Je te jure que si tu meures, je te tue.

-Lâche-moi.

-Hors de question."

Sur mes mots, je la hisse par dessus la barrière et la serre contre moi.

"-Arrête j'étouffe !"

Je ne l'écoute pas et ressers encore plus ma prise. Je respire l'odeur de ses cheveux aussi longtemps qu'il le faudra pour que je le reconnaisse d'un seul reniflement, je pose mon nez dans son cou pour y incorporer sa douceur sans pareille, j'embrasse sa nuque pour ne pas oublier son goût sucré et boisé.

"-On ne devrait. . .

-Chut."

Elle se retourne et me fait face. Ses yeux sont désormais secs. Nous nous fixons quelques secondes. Soudain, elle se jette dans mes bras et m'étreint encore plus fort que je le faisais il y a quelques secondes.

"-Merci."

Je fronce les sourcils, étonné.

"-Pourquoi ?

-Merci de m'avoir retenue, merci de m'avoir consolée, merci d'être là pour moi, merci de me faire rire alors que j'étais inconsolable, merci de me regarder sans jugement, merci de ne pas me trouver grosse, merci d'avoir un humour de merde comme le mien, merci de rire à mes blagues même si elles sont foireuses, merci de regarder les films les plus romantiques du monde sans te plaindre, merci de me demander chaque semaine un livre à lire, merci de ne pas trahir la confiance que je te porte, merci de m'avoir demandée de te donner des cours particuliers, merci de rester alors que je te fous à la porte, merci d'être encore là à m'écouter plutôt qu'au Starbucks avec tes potes. Merci d'être entré dans ma vie."

J'en reste bouche bée. Comment peut-elle me remercier alors que c'est à moi de le faire ? Comment peut-elle me remercier d'avoir lu son journal et d'avoir profiter d'elle pour avoir des cours particuliers gratuits ? Comment peut-elle me remercier de ne pas toujours avoir été là pour elle ? Comment peut-elle me remercier de ne pas l'avoir défendue devant sa mère et Sam ?

Une boule se forme dans ma gorge tandis que je colle nos fronts. Je plante mes iris dans ses noisettes en lui ordonnant.

"-Ne me fais plus jamais peur comme ça ! J'ai cru que tu allais y passer. Si tu avais sauté, je t'aurais suivi sans hésiter.

-Mais. . .

-Toi qui aimes les films à l'eau de rose, rappelle-toi les paroles de Jack dans Titanic : Si vous sautez, je saute. Avec moi c'est exactement pareil. Ne me fais plus de telle frayeur ! Jamais, tu m'entends ?!"

Elle hoquette devant mon ton brusque. Aussitôt désemparé, je serre sa tête contre mon coeur en la suppliant.

"-Ne pleure pas, je suis désolé, je t'en supplie ne pleure plus. . .

-Alors ne me frappe plus et ne me crie plus dessus ! Tu me fais peur. Tout à l'heure, j'ai cru que j'allais y passer. . ."

Je prends son visage en coupe et plante une nouvelle fois nos regards.

"-Tu as vraiment cru que j'allais te violer ?"

Elle baisse le regard, honteuse.

"-Comprends-moi, l'homme que j'aime change tout d'un coup, passe d'un ange au diable. . ."

Cette fille (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant