Assis au bureau qui avait été attribué à Hermione, les deux sorciers travaillaient. La jeune "Sang-de-Bourbe" avait la curieuse impression de redevenir une élève, tant Rogue imposait une présence à la fois rassurante et impressionnante. Étonnamment, il ne lui faisait pas tant de reproches quant à ce qu'elle avait déjà écrit pour ses futurs cours. Au contraire, il était assez conciliant, mais il restait précis et logique.
Hermione travaillait sur le chapitre des patronus, qu'elle avait décidé d'apprendre au plus vite à ses élèves. L'expérience lui avait montré qu'il était possible d'en créer assez tôt dans sa scolarité, alors il n'y avait pas de raison de priver les jeunes sorciers de ce pouvoir incroyable.
- Ici, ce n'est pas tout à fait vrai. Vous ne pouvez pas dire que le patronus se crée lorsque l'on songe à son plus beau souvenir. En réalité, il peut s'agir d'une personne ou d'un sentiment. Il peut être difficile pour un élève de penser à un souvenir en particulier!
- Mais comment peuvent-ils s'assurer que ce à quoi ils pensent est assez puissant, professeur? Je comptais leur parler de "leur plus beau souvenir" pour les aider à faire le tri!
- Le patronus n'est pas un sort que l'on réussit d'un coup. Ils finiront par réussir grâce à de nombreux essais. Laissez-leur du temps, sinon ils ne réussiront jamais. Et cessez de m'appeler professeur! Nous sommes collègues, à présent!
Hermione regarda l'homme avec étonnement, avant de rétorquer:
- Je peux faire un effort là-dessus, mais si vous continuez de m'appeler "Miss Granger" ou à me traiter de "Je-Sais-Tout", ça va être difficile!
- Je ne vous traite pas de "Je-Sais-Tout". Vous êtes une "Je-Sais-Tout"!
Rogue s'attendit sincèrement à ce que la jeune femme prenne la remarque avec humour, car le ton de leur discussion depuis qu'ils étaient attablés au bureau était assez léger. Mais à la place, il vit une ombre passer dans le regard d'Hermione, avant que celle-ci ne détourne la tête.
Le Legilimens qu'il était ne put alors s'empêcher de voir ce qui l'attristait tant. Sans jeter de sort mais en se concentrant au mieux, il atterrit dans l'esprit d'Hermione....
Elle ne devait pas avoir beaucoup plus de dix ans. Assise au premier rang d'une classe moldue, elle levait désespérément la main pour attirer l'attention de sa maîtresse.
- Je t'ai vue, Hermione! Baisse ta main et laisse participer les autres!
Le regard de la petite fille marqua une profonde incompréhension. Elle avait appris qu'elle devait lever la main lorsqu'elle savait la réponse, ce qu'elle avait fait, sans un bruit. Et puis, personne d'autre ne manifestait une envie de répondre. Jamais elle n'avait voulu empêcher ses camarades de participer.
Mais à la question suivante de sa maîtresse, elle releva la main, pleine d'espoir, ne prêtant pas attention aux chuchotements des autres élèves. Et à chaque fois que la participation de la classe était sollicitée, le même manège se reproduisait. Et les regards noirs des autres élèves ainsi que l'indifférence de la maîtresse accablaient à chaque fois un peu plus Hermione.
Un nuage apparut, indiquant à Rogue que les pensées d'Hermione passaient à un autre souvenir:
Toujours assise à la même place dans la classe de primaire, Hermione regardait avec anxiété sa maîtresse distribuer les interrogations. Elle souffla à sa voisine qu'elle avait peur, ce qui était vrai. Elle pensait réellement avoir échoué.
Mais au grand désarroi de la petite sorcière, la professeur commentait tout haut chaque feuille qu'elle distribuait, et lorsque vint le tour d'Hermione, elle dit:
- Dix sur dix. Superbe, Hermione. Tes camarades devraient prendre exemple sur toi!
La fillette rougit et baissa les yeux. La cloche retentit et ils sortirent de la classe. Mais au moment d'arriver dehors, Hermione sentit qu'on la poussait. Elle se retrouva au sol, dans la boue, son livre entre les mains. Elle dégagea ses épais cheveux de son visage, avant de relever la tête vers celles qui l'avaient poussée. Le petit groupe de filles la regardait avec mépris, et elles commencèrent à l'imiter et à se moquer méchamment:
- Oh mon Dieu, j'ai tellement peur d'avoir une mauvaise note!
- Ce serait la fin de ma vie, si j'en recevais une!
- Oh, j'ai seulement neuf sur dix, que s'est-il passé?
- Tu n'es qu'une sale Je-Sais-Tout!
- Ouais! Hermione la chouchoute!
Hermione se releva et alla à l'autre coin de la cour pour éclater en sanglots. Ces pestes ne cessaient de l'ennuyer, mais jamais elles n'avaient été jusqu'à la pousser comme ça. Et pourtant, elle n'avait rien fait de mal....
Rogue sortit de l'esprit d'Hermione, très surpris parce qu'il venait de voir. Il se surprit même à éprouver de la compassion pour cette petite fille qui avait seulement voulu faire de son mieux, et du mépris pour ces petites pestes, et moldues par dessus le marché!
Puis, ce fut à lui qu'il se fit des reproches. Il n'aimait pas s'excuser, mais il en était capable. Alors, ce fut ce qu'il fit....
- Je.... Je ne voulais pas vous blesser. Ce n'était pas.... Enfin, c'était déplacé de ma part. Pardon Hermione.
La jeune femme sursauta. Venait-il de l'appeler Hermione? Était-ce possible? Et puis surtout, pourquoi était-il désolé? Elle avait simplement détourné la tête et....
Et merde. Il était Legilimens.
Hermione se retourna vers Rogue avec un regard apeuré:
- Vous avez tout vu? Il ne faut pas.... en tenir compte.
- Si j'avais su cela plus tôt, croyez-moi, je n'aurais pas passé votre scolarité à vous appeler comme ça.
- Vous auriez trouvé autre chose, non?
Demanda la jeune femme, un léger sourire aux lèvres.
- Je ne sais pas.... Mais je vais chercher à présent, quelque chose qui vous ira mieux que ça!
- Hermione. C'est déjà très bien.
Sourit-elle.
- Si vous consentez à m'appeler Severus. Vous êtes trop grande pour m'appeler "Professeur". Je me sens trop vieux quand vous faites ça!
Etait-ce un léger sourire qu'elle avait vu naître aux coins des lèvres de l'homme?
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J'ai adoré écrire ce chapitre! A très bientôt pour la suite!
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Qui Bene Amat.... [En Pause]
FanfictionEt la palme d'or de la vie la plus gâchée est attribuée à.... Severus Rogue! Le Prince de Sang-Mêlé, qui n'avait pas vécu un jour heureux durant sa misérable vie, avait pourtant bien plus de mérite que quiconque voulait bien le croire. Chaque fois q...