II. La potion Duauita

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Malgré la vie atroce que devait supporter chaque jour Severus Rogue, il n'en était pas moins un sorcier extraordinaire, dont la puissance égalait son savoir dans les potions. Ainsi, il était un occlumens et legilimens hors pair, peu de gens pouvaient se vanter de le battre en duel et il était tout à fait capable d'inventer lui-même des sortilèges, comme le Sectumsempra, ainsi que des potions.

Bien souvent, le Seigneur des Ténèbres n'hésitait pas à lui ordonner d'éliminer ses opposants, et ce de manière cruelle. Chaque fois, les poisons que Voldemort lui demandait de fabriquer étaient de plus en plus terrifiants, de manière à ce que la victime périsse lentement, dans les plus atroces souffrances. Mais Rogue n'obéissait pas. Très souvent, il truquait les potions qu'il donnait au Seigneur Noir, rendant celle-ci indolores mais laissant une crispation sur la visage de la victime, laissant croire à leur bourreau qu'elle souffrait beaucoup. En réalité, il n'en était rien, et elle partait sans douleur.

Cependant, cela ne suffisait pas du tout à Severus. Il ne voulait pas se contenter de les empêcher de souffrir, il voulait les empêcher de mourir. Mais il ne pouvait pas simplement refuser à Voldemort les potions demandées. Celui-ci s'arrangerait sans problème pour faire disparaître lui-même ses opposants, et en plus, Rogue ne pourrait plus sauver personne. Non, il fallait qu'il trouve autre chose. Alors, depuis des années, il travaillait sans cesse pour découvrir ce qu'il cherchait. Une potion qui pourrait, si elle était prise au bon moment, empêcher la victime de trépasser. Ou plutôt, qui lui offrirait une deuxième vie....

Et ce soir là, contrairement aux semblables soirées des jours précédents, il avait le sentiment que ça allait fonctionner. Oui, ça allait marcher. Il le sentait. Alors, il appela son hibou, qui se posa sur le perchoir à côté de lui.

- Bon écoute moi, Philibert. Tu sais parfaitement que je n'aurais pas testé la potion sur toi si je n'étais pas à peu près sûr qu'elle fonctionnerait....

Le hibou, interloqué, ouvrit grand ses yeux et le fixa avant de se décaler légèrement de l'autre côté, visiblement apeuré et fâché que son maître veuille tester une potion sur lui.

- Enfin Philibert! Ce n'est pas la première fois! Est-ce que je t'ai déjà fait boire une potion qui n'était pas au point?

Le hibou hulula en agitant les ailes, et Rogue leva les yeux au ciel, sans néanmoins pouvoir retenir un léger sourire. Il fallait dire que si ridicule cela puisse paraître, l'animal était son seul confident, et il espérait vraiment que la potion allait fonctionner. Il n'était pas certain qu'un autre hibou le supporterait:

- Ah non, cette fois-là, ça ne comptait pas! Allez viens ici, espèce de lâche! C'est pour la bonne cause, tu le sais bien!

Philibert fit une mine boudeuse et finit par s'approcher de son maître, ouvrant timidement le bec.

Rogue y glissa alors quelques gouttes de sa potion, et il profita de la distraction de l'oiseau pour lui retirer une plume. Le hibou lui lança un nouveau regard outré avant de se raidir et de tomber du perchoir.

Le Prince de Sang-Mêlé le rattrapa de justesse et le posa sur son plan de travail. Maintenant il fallait attendre. Attendre deux mois, vu la dose qu'il lui avait donnée....


§§§

Deux mois plus tard....

Rogue n'avait pas été aussi nerveux depuis bien longtemps. Le malheureux première année qui l'avait heurté dans un couloir en avait fait les frais. Mais à présent, il était temps de savoir. Réfugié dans son laboratoire, il s'approcha du hibou. L'animal empestait dans un coin de la pièce, comme s'il avait été réellement tué. Il fallait juste espérer que cela ne soit pas le cas.

Regardant sa montre toutes les trente secondes, le Maître des Potions finit par entendre un léger bruit et il crut voir l'oiseau tressaillir. Un souffle lumineux sortit soudain de la bouche du hibou et l'engloba en entier. Ébloui, Rogue ne put se résoudre à regarder ce qu'il se passa, mais lorsque la lumière redevint habituelle, il rouvrit les yeux pour tomber sur Philibert qui, visiblement, était en pleine forme! Se trémoussant sur lui-même, l'oiseau semblait même se porter mieux qu'avant. Il ne manquait plus d'une vérification....

Rogue ouvrit le tiroir dans lequel il avait déposé la plume qu'il avait arraché au hibou deux mois plus tôt.... et elle n s'y trouvait plus! Philibert était non seulement en vie et en forme, mais ses blessures du passé n'existaient plus. C'était ce qu'il voulait.

Ainsi, si un opposant de Voldemort buvait un poison qu'il avait lui-même concocté.... s'il y ajoutait quelques gouttes de cette potion miraculeuse, il en réchapperait, et sans les douleurs et plaies qui lui auraient été infligées avant! Il restait juste à bien calculer la dose pour ne pas que la personne reste "morte" trop peu ou trop longtemps, et surtout il fallait que ce liquide agisse avant le poison, sinon il serait trop tard....

Réjoui à l'idée d'avoir enfin la solution pour sauver discrètement des vies, Rogue prit son oiseau sur son bras et le serra contre lui dans une petite danse de la joie. Mais il s'arrêta vite, laissant le pauvre Philibert s'envoler plus loin. Il fallait dire que ce genre d'attitude de la part de son maître n'était pas des plus.... courantes! Combien de temps était-il resté inconscient?

Severus regarda alors autour de lui, voulant s'assurer que personne n'avait besoin d'un petit sortilège d'Oubliette après avoir vu ça, et il s'assit, s'appliquant pour écrire sur l'étiquette de la fiole qu'il avait concoctée:

Potion Duauita

Il venait d'inventer le nom, sans vraiment avoir dû beaucoup réfléchir. Cela signifiait simplement "Deux Vies" en latin, ce qui symbolisait bien l'utilité de la potion.

- Mon vieux Philibert, je te dois une fière chandelle! Lorsque Tu-Sais-Qui aura perdu, tu pourras te dire que tu y es pour quelque chose!

L'oiseau huhula en pointant son bec vers Rogue. Dans sa petite tête couverte de plume, il savait tout. Dans le monde sorcier, les oiseaux étaient habitués à comprendre ce que disaient leurs propriétaires. Lui était devenu un confident doué de compassion....

Pour la première fois depuis longtemps, l'homme avait le sentiment d'être quelqu'un de bien. Peut-être qu'il se détestait un peu plus que de raison, au fond?

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Coucou! J'ai pris du plaisir à écrire ce chapitre, j'espère que vous prendrez du plaisir à le lire! A bientôt pour la suite! <3


Qui Bene Amat.... [En Pause] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant