Chapitre 17 : Présents

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« Qu'est-ce que…

Stupéfaite, Erza laissa tomber son épée sur le sol en rentrant dans ses appartements. Ce qui n'arrivait jamais. L'arme rencontra le sol dans un bruit assourdissant, faisant sursauter la jeune femme et la sortant aussitôt de son état d'hébétude. Elle cligna plusieurs fois des yeux, afin de s'assurer qu'elle n'était pas sujette à une hallucination. Chose qui, à cet instant, ne lui semblait pas improbable. Or, elle eut beau papillonné des paupières, sa vision ne changea pas.

Quelqu'un c'était introduit chez elle. Cela en soit était déjà un fait qui pouvait déplaire à n'importe qui. Mais non seulement quelqu'un c'était introduit chez elle mais en plus avait touché à ses affaires. C'était encore plus grave. Pire, quelqu'un c'était introduit chez elle, avait touché à ses affaires, et avait totalement redécoré son appartement. Avec des fleurs ! Des tas de fleurs ! Alors même qu'elle était…

-Atchoum !

… allergique au pollen.

Elle détailla, horrifiée, les nombreux nouveaux vases posés ci et là dans son entré. Les lustres étaient recouverts de fleurs blanches et était rependu sur le sol des pétales multicolores qui avaient atténué le bruit de la chute de son épée. Il y avait plus de roses qu'autre chose. Son unique fenêtre était recouverte par une orchidée qu'Erza estimait géante. Il n'y avait aucun moyen de s'enfuir.

C'était horrible, simplement horrible. Erza ne voyait pas quel autre terme utiliser. Elle haïssait les fleurs et n'en apportait jamais. Elles lui rappelaient le parfum de sa mère. Sa si fade mère qui estimait qu'il n'y avait rien de plus beau que la nature. Erza n'aimait qu'une seule sorte de fleurs, celles au bout des épingles qu'elle pouvait accrocher à ses cheveux. Car c'était un cadeau de sa grand-mère. Ils avaient une valeur sentimentale.

Bien décidée à constater les dégâts, la jeune femme passa le seuil de la porte malgré l'odeur surchargée de l'air et le léger picotement de sa gorge. Quittant l'entré, elle s'aventura vers son salon –lui aussi plein- et découvrit en plus des bourgeons, quelques petits paquets posés sur sa table. Curieuse, Erza en ouvrit un. C'était des chocolats. Elle grimaça. Erza Knightwalker n'aimait pas cela. Quand elle était plus jeune, elle en avait mangé tellement qu'aujourd'hui la simple odeur du chocolat lui retournait l'estomac et lui coupait totalement l'appétit. Elle découvrit également une petite note, manuscrite, où était écrit : « Pour Erza. Jellal ».

Le commandant de la deuxième division renifla dédaigneusement. Comment le Roi pouvait-il imaginer que ravager sa chambre, la rendre invivable, et lui proposer quelque chose qu'elle n'aimait pas pourrait lui faire plaisir ? N'importe quoi. Réconfortée dans sa conviction que sa Majesté ne la connaissait pas suffisamment, et qu'elle ne tomberait jamais entre ses mains royales, elle retourna dans l'entré, récupéra son arme à terre, et traversa le château jusqu'au quartier royal.

Si les gardes furent surpris ou intrigué de la voir, ils ne dirent rien. Plus personne dans le palais ne discutait sa soi-disant « relation » avec le Roi en sa présence. Pas après qu'elle ait décidé de faire un exemple d'un soldat trop rieur à son goût qui n'était toujours pas revenu à l'entrainement. Certes, les ragots étaient toujours colportés, mais jamais face à elle. Et Erza en était très satisfaite.

Dépassant les deux gardes royaux attachés à la protection du souverain, poste dont elle avait elle-même choisi qui y serait, elle frappa au bureau royal où le Roi devait être. A moins qu'il se soit encore une fois « échappé ». Auquel cas, elle aurait deux fois sa peau. Heureusement pour l'homme au sang bleu, il était présent car il l'invita d'un « entrez ».

Jellal travaillait. Occultant tout le reste, il était penché sur ses papiers et écrivait de sa plus belle écriture. Il avait les sourcils légèrement froncés, son regard parcourait les lignes à un rythme continu, ses cheveux cachaient une partie de son visage. Erza devait bien l'admettre, le Roi était beau. Certainement l'un des plus bels hommes du royaume. Encore plus avec cette expression concentrée.

D'un geste rapide, il retira sa bague, la trempa dans la cire, et ferma la missive de son sceau royal, avant de lever les yeux vers elle. Son air grave disparu aussitôt qu'il la remarqua. Il lui offrit un sourire déconcertant.

-Ah ! Erza !

Il fallut quelques secondes à Erza pour sortir de l'effet hypnotique de son sourire.

-Mon Roi, le salua-t-elle.

Elle s'approcha du bureau et s'assis sur la chaise en face. Sa Majesté ne la quitta pas des yeux un seul instant, certainement ravi qu'elle vienne interrompre son travail. D'un coup d'œil rapide, elle constata que le nombre de documents habituels n'avait pas diminué. Comme elle en avait pris l'habitude, elle prit la première lettre, découvrit la requête –une banale histoire de recouvrement de dette- et la posa sur la pile « non important ». Le Roi pourrait se permettre de répondre à cette lettre plus tard.

-Qu'est-ce qui t'amènes ? demanda-t-il tout en commençant à répondre à un autre courrier.

Erza ne répondit pas tout de suite, occupé à ouvrir une deuxième lettre qu'elle plaça cette fois dans « important ».

-Je pensais que vous vouliez me conquérir, pas me rendre malade, finit-elle pas répondre en levant les yeux vers le puissant jeune homme.

Jellal lui jeta un regard surpris.

-Te rendre malade ? Qu'est-ce que tu racontes ?

Intérieurement ravie de son petit effet, le commandant de la deuxième division laissa en suspend la réponse, savourant l'air étonné du Roi. Il ne l'était pas souvent. Il connaissait mieux la vie de ses serviteurs qu'elle. Enfin, elle répondit.

-Vos présents.

D'un geste rapide, elle posa une feuille dans la pile « urgent » et en ouvrit une autre. Le Roi lui sourit.

-Ah ! Tu l'es a déjà reçu ! Qu'en penses-tu ?

Abandonnant sa lecture, Erza se concentra sur sa réponse.

-Je suis allergique aux fleurs. Et je ne supporte pas le chocolat. J'exige que vous fassiez retirer ces horreurs de mon appartement ! Je ne pourrais même pas y dormir !

Le Roi eut l'air quelques instants déconcerté. Elle en profita pour s'intéresser à ce qu'il écrivait –il répondait à une lettre d'Ultear remarqua-t-elle. Ce fut à son tour d'être surprise. Le Roi avait gardé contact avec elle ?

-Je peux toujours te prêter ma chambre si tu veux, finit par répondre Jellal en prenant un air malicieux. Elle le foudroya du regard

-Sans façon !

Il ricana de plus belle avant de se reconcentrer sur son travail. Ils restèrent ainsi près d'une heure. Erza triant l'importance du courrier royal, et Sa Majesté parant au plus urgent. Bientôt à eux deux, ils s'occupèrent de presque tous. Quand le commandant eut terminé de classer, elle entreprit de d'écrire elle-même quelques réponses de la moindre importance –telles que les lois applicables, ou le nom des administrations compétentes.

L'ambiance était méthodique, travailleuse, mais étrangement ne déplaisait pas à Erza. C'était une situation confortable, de confiance, qu'elle ne partageait qu'avec peu de personne et la calme monotonie ne la dérangeait pas.

Finalement, le Roi finit par couper le silence en lui demandant :

-Dis-moi Erza, qu'est ce qui te ferait plaisir ?

Il fallut quelques secondes à la guerrière pour se souvenir des fleurs dans son appartement. Il faudrait qu'elle dorme dans une chambre d'invité ce soir…

- A votre avis ? demanda-t-elle.

-Je te le demande, lui rétorqua-t-il.

Il avait l'air vraiment concerné. Alors Erza répondit, sincère.

-Si vous voulez vraiment me faire plaisir, souvenez-vous que je ne suis pas une de ces femmes stupides qui gémissent de bonheur pour des fleurs ou du chocolat. Je suis commandant de la deuxième division de votre armée, pas une ménagère !

Et sans attendre de réponse de la part du Roi, elle reprit sa rédaction.

Quelle ne fut pas sa surprise quand le lendemain, elle découvrit dans ses appartements la plus belle épée qu'elle n'ait jamais vue, et une part de gâteau à la fraise.

Jellal ne c'était pas trompé.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant