L'aube d'une nouvelle ère

Chapitre 22 : Tomber

Il y a des moments dans la vie où il faut faire un choix.

Le Roi Jellal le savait mieux que personne. Chaque jour, il devait prendre des décisions pour le bien de son pays, de sa population. Chaque jour pesait sur lui la responsabilité de millions de vies humaines. Un poids qui avait de quoi faire plier complétement n'importe qui. Pourtant il l'avait supporté. Alors même qu'il avait été forcé d'accepter ce rôle. De par sa naissance, mais aussi et surtout par ses actions.

Il était Roi. Il n'avait pas le droit de prendre de décisions égoïstes. Ce n'était pas à lui qu'il devait penser en premier, mais à ses sujets. Il le faisait depuis des années. Son bien être passait après les vies de ceux dont il était responsable.

Pourtant, hier matin, il avait pris la décision la plus individualiste qu'il n'avait jamais pris. Même avant de devenir Roi. Il avait choisi de risquer son pays, son royaume, sa vie, pour seulement une femme. Une femme qui était son meilleur avantage dans la guerre à venir. Une guerrière. Une armée à elle seule.

Mais aussi et surtout la femme qu'il aimait. Qu'il avait revendiqué. Qui troublait tout son être. Qui lui faisait perdre la raison. Qui venait juste de l'accepter et qui lui était désormais nécessaire, aussi surement que respirer.

Erza Knightwalker lui avait retourné le cerveau sans même s'en rendre compte. Avec son regard enchanteur, ses cheveux où il avait perdu ses mains, son souffle qui lui avait rafraichi la peau alors que tout le reste de son corps s'embrasait sous ses caresses, sous ses gémissements, sous ses tremblements. Alors que tout lui en brulait d'envie, de désir, de plus. Toujours plus d'elle, de sa voix, de sa fougue, de ses « Jellal » à moitié étranglés, de son regard fiévreux.

De sa perfection.

Oui, le Roi d'Edolas avait pris la décision la plus irrationnelle de sa vie hier matin. Il avait drogué son plus grand avantage. Car il ne pouvait pas risquer sa vie. Qu'importe son avenir à lui, tant que le sien était assuré. Elle était devenue sa priorité ultime, sa raison de se battre.

Sa frénésie, sa passion, n'avait fait qu'augmenter son amour pour elle de façon exponentielle. S'il avait cru l'aimer avant, il savait désormais que ce mot ne voulait rien dire. Il exprimait si mal ce qu'il ressentait. Chacun de ses sentiments n'avaient fait que grandir en rencontrant les siens. Il était devenu accro et était prêt à tout pour garder sa dose.

Il l'avait compris alors que, allongé dans ses bras après s'être donné l'un à l'autre, il avait regardé son visage endormi et calme. Ses doigts avaient doucement démêlés ses cheveux rouges tandis qu'elle s'était inconsciemment blottie davantage contre lui. Il n'avait pas dormi du reste de la nuit, fasciné par la fragilité de ce corps qu'il avait tant espéré. Qu'il avait gagné. Hypnotisé, il avait souhaité se réveiller chaque matin après d'elle. S'il survivait demain.

C'était alors qu'il avait constaté avec effroi la dure réalité. Il n'y aurait peut-être aucun nouveau matin pour eux deux. Il pouvait mourir mais pire, elle le pouvait aussi. Ce qui était hors de question. Doucement, il s'était détaché d'elle. S'il vivait et qu'elle n'était plus là, il deviendrait fou. Il le sentait au fond de lui-même : il avait trouvé sa moitié. Elle cimentait désormais son monde. La perdre, se serait perdre une part de lui. Cette part qui n'était pas seulement royale, mais humaine. Qui vibrait encore d'émotions. Qui faisait qu'il était un grand Roi. Sans Erza, elle serait détruite. Pulvérisée. Ensevelie sous une peine inconsolable. Il deviendrait comme son père, abattu par la mort de son épouse. Un père qui en avait négligé son fils.

Lui n'aurait même pas cette chance. Il n'avait pas d'enfant. Rien pour se raccrocher. Pas de petit morceau d'Erza qui perdurerait au travers d'une autre vie. S'il arrivait quelque chose au commandant demain, il la perdait totalement. Inéluctablement. C'était un risque qu'il ne pouvait pas prendre. Et qu'il ne prendrait pas.