Chapitre 27 : Des lettres

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Erza comprenait enfin pourquoi la phobie la plus rependue parmi les hommes était celle des araignées, tandis qu'elle esquivait de justesse un coup de patte d'un arachnide géant. Maudissant les huit pattes de la bête, elle se précipita vers la droite avant de s'arrêter net. Mauvais choix, réalisa-t-elle trop tard en se retrouvant face à une toile géante, réputée incassable.

Si jamais elle devait mourir ici, ce serait vraiment la mort la plus ridicule que l'on pouvait imaginer. C'était intolérable. Que diraient Hughes et Sugar-Boy si elle finissait dans le fin fond d'une grotte humide, étendue dans une toile comme un insecte, dévorée par une bestiole ?! Elle imaginait déjà les rires des conteurs, racontant aux enfants : « Ainsi se terminera la légende d'Erza Knightwalker –la seule femme de l'armée d'Edolas, ex-commandant, à la force inégalée- dont l'unique acte de bonté lui fut fatal ».

Au moins elle serait morte en essayant de sauver la vie d'une personne, et non lors d'une guerre, en meurtrière. C'était presque une fin respectable, finalement. Le seul problème, c'était qu'elle ne tenait pas particulièrement à décéder aujourd'hui. Aussi s'écarta-t-elle du piège argenté, qui brillait dans l'obscurité comme s'il était composé de mille pierres précieuses.

« Tu sais que tu commences sérieusement à me gonfler, sale insecte ?! vociféra-t-elle en se calant contre la paroi de la grotte, évitant un coup de crocs.
Elle s'élança, furibonde et épée en main, vers la première patte venue qu'elle trancha sans aucun état d'âme. Le monstre hurla et s'écroula sur elle, cherchant à déchiqueter celle qui avait osé le blesser. Il fallut à Erza toute son habilité pour ne pas être ensevelie sous le corps de la tarentule. Malheureusement pour elle, elle glissa dans le sang –rose !- de la créature et se cogna la tête contre la pierre. Sonnée, le regard flou, elle ne remarqua pas tout de suite que l'arachnide s'était relevé sur ses sept autres pattes et dut se résigner à enfoncer son épée dans le flanc de son agresseur qui couina de nouveau. Son ennemie, d'un coup de patte puissant, l'envoya voler dans les airs et sous le choc, elle crut entendre une de ses côtes craquer

Projetée de l'autre côté de la grotte, elle sentit son épaule se déboiter en rencontrant le sol. Erza se mordit la lèvre inférieure jusqu'au sang pour ne pas crier. L'araignée était aveugle, et était trop occupée dans ses propres gémissements pour remarquer qu'Erza était encore en vie. Du coup, elle avait un avantage non négligeable qu'elle ne pouvait pas se permettre de perdre.

Cependant, avec une épaule déboitée, le combat devenait beaucoup plus difficile et dangereux. Elle avait besoin de tous ses membres pour pouvoir gagner contre la Tarentule. Or, il était simplement hors de question qu'elle abandonne. Elle retira donc son tee-shirt, le mit dans sa bouche pour étouffer ses plaintes, et tira d'un coup sec vers l'arrière son épaule déboitée. La douleur la submergea – mille fois pire qu'avant- et pendant quelques instants elle ne vit plus que du noir.

Dès que la douleur s'atténua un minimum, elle se redressa, l'épée en avant.
Le combat avait assez duré, il était temps que son ennemie s'écroule.
L'araignée, plus intelligente qu'on ne le supposait au premier regard, était en train de faire arrêter ses saignements en tissant une toile sur ses blessures. Il était presque regrettable de devoir achever une chose si déterminée à vivre. Mais Erza n'avait pas vraiment le choix et d'un geste rapide et précis, lui enfonça son épée directement au-dessus de ses crochets. L'arachnide gémit une dernière fois, son énorme corps secoué de spasmes, avant de s'immobiliser.

Définitivement morte.

Erza s'assis aussitôt à côté d'elle, exténuée. Avec la magie, ce combat n'aurait pas duré plus d'une minute. Sans magie, il en était tout autrement, et il n'était pas étonnant que la population de tarentules-géantes se développe aussi rapidement. Dans les années à venir, cela pourrait même s'avérer être un problème. Heureusement, ces bestioles n'aimaient que les endroits sombres et humides assez grands pour qu'elles puissent y faire éclore leurs œufs. Ce qui limitait leur dangerosité pour la population.
Après s'être reposée quelques instants, Erza se releva doucement –consciente que le coup qu'elle avait reçu à la figure pourrait lui causer du souci- et sorti prendre le seau qu'elle avait laissé à l'entrée de la grotte. Elle retourna ensuite auprès de la bête et lui arracha un premier croc. Un liquide doré se mit aussitôt à couler à flot. Elle fit de même avec le second croc, jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucune goutte de venin dans l'arachnide.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant