Chapitre 9 : Menace

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C'était l'anniversaire du Roi aujourd'hui. C'était donc une journée de fête.

La ville basse accueillait plusieurs attractions et un grand bal était organisé au château dans la soirée. C'était l'occasion de s'amuser et surtout, pour Jellal, c'était l'occasion de sortir à la rencontre de son peuple. Et si le Roi était enthousiaste, son second n'était pas du tout dans le même état d'esprit. Inquiète, Erza avait passé les deux dernières semaines à vérifier le parcours qu'il emprunterait, à poster des gardes dans tous les coins, et à ne laisser aucunes failles mettre en danger sa vie. Elle avait été si hystérique, voir même carrément tellement névrosée, qu'elle avait menacé Jellal de lui trancher elle-même la tête si jamais il changeait ses plans à la dernière minute.

Vu le regard qu'elle lui avait lancé en disant ça, Jellal ne doutait pas de la véracité de ses paroles et n'était pas assez courageux pour tester sa dévotion au royaume. Il plaignait les hommes qui seraient sous la responsabilité du commandant de la deuxième division. Si elle-même était son subordonné, il avait parfois plus l'impression que c'était elle qui menait la danse.

Coco tendit au Roi une veste qu'il avait lui-même commandé pour la journée. Elle était bleu, brodée de fils argentés, élégante. Puis il quitta ses appartements pour rejoindre son escorte. C'était un groupe limité composé cinq hommes et –il n'y échappait pas- d'Erza. Cette dernière s'avança d'ailleurs en le voyant arriver :

« Mon Roi, le salua-t-elle.

L'anxiété la rendait courtoise, remarqua-t-il. Elle était fatiguée, il pouvait le voir facilement. Les préparations avaient dû lui demander beaucoup de son temps et Jellal s'en voulu de lui avoir donné tant de travail. D'un autre côté, elle aurait été vexée s'il avait confié sa sécurité à quelqu'un d'autre. Et Jellal ne voulait pas qu'elle se sente exclue. Surtout qu'il ne s'inquiétait pas si Hugues ou Sugarboy étaient épuisés.

-Commandant, répondit-il. Prête pour un bain de foule ?

Si l'ancienne tueuse de fées ne l'était pas, elle ne le montra pas. A la place, elle serra le manche de son épée et d'un coup de tête, ordonna à ses hommes de se positionner autour du Roi. Rapidement, le groupe sortit dehors et presque toute de suite, la foule scanda le nom de Jellal. Ce dernier se hâta d'aller saluer la population et d'écouter les remerciements et les plaintes qu'ils avaient.

-La guilde de Fairy Tail a reconstruit mon commerce en à peine quelques jours ! lui expliqua un commerçant, heureux. Le magasin est encore plus beau aujourd'hui qu'auparavant ! Les guildes sont une bénédiction, tout comme votre règne. Merci pour tout, Majesté !

Jellal sourit en lui serrant la main de l'homme. Il allait s'avancer vers un autre côté quand il entendit dire distinctement :

-Ce Roi est un idiot ! Le peuple serait mieux s'il était mort !

Le Roi savait qu'il ne pouvait pas plaire à tout le monde, et ne s'en offusqua pas. Cependant, il ne put maitriser la petite douleur qui traversa sa poitrine en entendant cela. Désireux de s'éloigner, le Roi allait faire un pas en avant quand d'un seul coup, aussi rapide qu'un éclair, une chevelure rouge passa devant lui et l'homme brun venant de l'insulter se trouva à terre, maitrisé par son second.

La foule fut instantanément silencieuse.

-Que viens-tu de dire, minable ?

L'homme, à terre, était horrifié. Malgré tout, plus courageux qu'on ne l'aurait pensé, il répondit :

-Je n'aurais jamais pensé voir ça de ma vie. La grande tueuse de fées, chien-chien d'un Roi de pacotille. Qu'est donc devenue l'intrépide commandant de la garde nationale qui voyait les intérêts d'Edolas en premier ?

Erza sembla surprise par ce commentaire et pendant quelques secondes Jellal remarqua dans ses yeux de la douleur. Celle-ci fut cependant rapidement remplacée par une rage pure et elle appuya d'avantage son épée contre le cou de l'homme.

-Tu peux m'insulter autant que tu le veux, pauvre type, mais je ne pardonne pas à ceux qui insultent notre Roi.

Une bouffée d'amour [remplit] aussitôt le cœur de Jellal à ses paroles. Il pouvait voir la sincérité de ses propos et le respect qu'éprouvait la jeune femme pour lui. Elle se battait pour l'honneur du souverain, méprisant au passage le sien.

-Commandant Knightwalker, revenez ici ! ordonna-t-il.

Mais la jeune femme n'en avait aucunement l'intention. Au contraire, elle s'approcha encore plus de sa victime et déclara :

-Manques encore une fois de respect à Sa majesté, et je te jure sur ma vie que tu ne verras pas un jour de plus se lever. Tu as compris ?

-Commandant Knightwalker ! répéta le Roi. Vous ne pouvez menacer quelqu'un pour dire ce qu'il pense. Que faites-vous de la liberté d'expression ?

Erza semblait porter autant d'intérêt à la liberté d'expression qu'à sa première chemise. Intrépide, elle insista :

-Tu as compris ?!

Et l'homme, apeuré, répondit :

-Ou... Oui !

Elle le foudroya du regard et ne retira pas son arme.

-Erza ! Reviens ici maintenant ! cria le Roi, sans même s'apercevoir qu'il la tutoyait en public.

Cette fois-ci, la jeune femme obéît à son supérieur, non sans menacer encore une fois l'homme du regard. A son passage, les gens s'écartèrent et murmurèrent. Elle n'y fit pas attention et théâtrale, s'inclina devant le Roi.

-Comme il vous siéra, Majesté »

Jellal la regarda reprendre sa place initiale, comme si rien ne s'était passé, avec la certitude absolue qu'il était en sécurité.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant